jeudi 7 août 2008

Donnons une chance au socialisme !

Tribune publiée sur marianne2.fr (le site internet de l'hebdomadaire Marianne), le 28 Juillet 2008.

Donnons une chance au socialisme !

Par Philippe Baumel, vice-président PS du Conseil régional de Bourgogne, Mickaël Vallet, maire PS de Marennes (17), et Patrick Viverge, porte-parole du groupe PS au Conseil général du Jura, en réaction aux considérations «stratégiques» de certains de leurs camarades socialistes.

Il est loin le temps où le journal du Parti Socialiste s'appelait «l'Unité»… Les récents événements font sentir le besoin de retrouver une unité, qu'elle soit d'analyse ou de stratégie… Rien ne sert, nous le savons, de réagir à tous les coups médiatiques du pouvoir. La stratégie présidentielle d'agitation médiatique permanente fait de l'opposition un figurant de l'actualité. Si, dans le détail, tous les projets proposés par le pouvoir ne sont pas éminemment et totalement mauvais, la politique menée, le rapport au monde qui lui est propre, le degré de violence latente contenue dans cette politique impliquent de la part de tous les Républicains, des socialistes et de toute la gauche, la ferme volonté de battre la droite le plus tôt possible. A force de vouloir paraître «constructifs», à force de vouloir «donner des chances à la réforme» (mais laquelle ?!), c'est l'unité du Parti socialiste qu'on met à mal et, pire, c'est l'unité du socialisme qu'on s'apprête à briser… Il faut retrouver une unité entre socialistes pour engager le rassemblement de toutes les forces de progrès en France…

Il s'agit de bâtir un Parti Socialiste et une gauche française qui disposent des outils d'analyse communs et nécessaires à l'établissement d'un projet et d'une stratégie gagnante en 2012. L'année 2008 marque un tournant dans l'histoire mondiale : la crise des subprimes a révélé la fragilité du système financier mondial, la crise énergétique s'accroît, les idées progressistes s'enracinent au Sud et, au Nord, les bastions du néolibéralisme comme la Grande-Bretagne sont en proie au doute… C'est donc maintenant qu'il nous faut mieux comprendre le monde et faire émerger les pistes alternatives pour la France, l'Europe et le monde… Dans ce contexte mondial, l'actuel pouvoir n'a de cesse que de donner des gages à une administration américaine qui aura quitté la Maison Blanche dans six mois…

Ce n'est donc pas la gauche avec ses incertitudes, ses maladresses et ses hésitations qui est à contretemps mais l'actuel pouvoir qui ne perçoit pas le basculement historique qui est en train de s'opérer. Curieusement, la droite française succombe à un tropisme atlantiste, longtemps refoulé, à l'heure où les thèses néoconservatrices et néolibérales semblent plus mal en point que jamais… Ce contretemps d'une droite française désormais acquise aux intérêts des marchés financiers est la chance historique de la gauche française évidemment, mais sans doute également des gauches européennes… C'est maintenant qu'il nous faut savoir donner une chance au socialisme.

Pour réussir, notre opposition à l'actuel pouvoir doit être intransigeante mais républicaine. Légalement et légitimement élu, le pouvoir en place ne saurait pour autant bénéficier d'une quelconque myopie historique de notre part. Le Parti Socialiste et la gauche dans son ensemble doivent avoir le courage de faire éclater les contradictions du régime, de présenter un projet alternatif et de bâtir une stratégie commune à toutes les forces de progrès du pays. On le comprend, dans ce contexte l'heure n'est pas à transiger. Notre opposition ne peut être que totale et sans concession. Cela n'empêche aucunement la possibilité de juger les projets gouvernementaux dans leurs détails et d'en faire éclater les contradictions.

Évidemment, les embûches seront nombreuses sur le chemin des victoires à venir. Fanfaron, le pouvoir actuel favorise ouvertement l'émergence d'un «anticapitalisme» incantatoire chargé de priver l'opposition des ressorts de la victoire. Le PS aujourd'hui ressemble à la SFIO finissante, il ne se conçoit plus que comme une juxtaposition de pouvoirs locaux. L'étalement quotidien de ses querelles devant l'opinion publique, l'opprobre jeté sur les uns et les autres, l'abandon des idées et des références au socialisme, l'acceptation des idées libérales le conduisent inexorablement à l'éclatement.

Il lui faut donc lever ses propres contradictions et s'ouvrir à toutes les forces sociales et politiques qui, demain, permettront de créer une vaste alliance progressiste capable de battre l'UMP et de donner à notre pays le projet qui lui manque. Voilà pourquoi nous souhaitons un PS rénové, refondé et combatif. Oui, notre opposition est totale et radicale mais elle s'appuie sur l'exigence républicaine, l'analyse et la critique rationnelles et sur la volonté de construire un projet rassemblant un large front social dans le pays.

Co-signataires : Philippe Baumel, Mickaël Vallet et Patrick Viverge

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