mercredi 10 septembre 2008

Bintge ou Claudia? Pour une gestion moderne des déchets organiques


Bintge ou Claudia, patate à frites ou à purée, tu as déjà parcouru un long périple jusqu'au rayon légumes du supermarché à St Claude, puis dans une cocotte à la Pesse. Mais la balade n'est pas finie. Du moins pour ta peau.
La voilà épluchure, dans son sac en polyéthylène, côtoyant fanes de carottes, os de poulets, barquettes de polystyrène, pots de yaourts et autres piles égarées, promue ordure ménagère, promise à valorisation énergétique dans l'usine d'incinération que la grande société a installée dans la capitale du Jura.
Mais là on réalise que notre épluchure c'est au moins 80% d'eau. Et H2O, en terme de pouvoir calorifique, c'est pas le top. Cela aurait même tendance à faire baisser la température de combustion, boostant ainsi - prétendent quelques scientifiques mal intentionnés - la formation de cette dioxine dont se passeraient volontiers les riverains de l'usine (voir les travaux du Professeur Viel de Besançon).
Alors si elle a la chance de passer entre les mailles du trommel, gros tambour qui tourne, notre épluchure retrouvera ses consoeurs venues de Dole, Salins, ou Lemuy, et d'autres éléments fins, et échappera à l'épreuve du feu.
Ces « fines de tri », que l'on va à nouveau transporter dans des camions mus par des moteurs à combustion interne nourris au gazole, ne sont pas constituées que de matières organiques.
Ainsi le compost produit n'a rien de biologique. Son utilisation est même interdite par le cahier des charges du Comté.
Et ce qui n'est pas bon pour le lait de notre AOC l'est-il pour celui de notre yaourt, le blé de notre pain, le colza de notre huile, l'eau de nos nappes et sources, la patate de notre purée?
Le Tribunal Administratif a sagement stoppé l'activité de la compostière de Lemuy. Le SIDOM cherche donc d'autres sites, mieux adaptés. Mais n'est-ce pas là une démarche anachronique?

En effet, depuis bien des années, comme le demandait Jura-Ecologie il y a plus de 20 ans, nos voisins collectent à part les déchets organiques et les traitent localement, évitant tout transport inutile et produisant un compostde qualité.
N'allez pas dire aux allemands, aux suisses, ni même aux belges comment vous baladez notre petite épluchure. Ils nous trouveraient bien ringards.

Le Développement Durable, certains en parlent, d'autres le pratiquent.


Michel Moreau

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