vendredi 27 mars 2009

« Agir à Gauche » : intervention au Conseil Général

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Nous nous retrouvons pour une séance trimestrielle réglementaire du Conseil Général.

Cette séance n’est pas liée à un vote du budget primitif ou d’un budget supplémentaire, bien que les décisions adoptées auront un impact sur les finances du département.
Cette session se situe à deux mois de la DM1 2009 où le CG devra nécessairement prendre des mesures modifiant les données budgétaires du B.P. dans un pourcentage probablement mesuré.

Malgré tout, nous allons aborder des dossiers extrêmement importants et attendus.

1. Les contrats communautaires : nous parlerons de territoires, de péréquation et de développement. Notre collègue Thierry Faivre-Pierret a énormément travaillé le sujet pour faire des propositions novatrices au Président de la commission.
« Le territoire, c’est une richesse à partager ! »

2. Le Fond Départemental de Péréquation de la Taxe professionnelle, question récurrente de la répartition de la Taxe Professionnelle.
La Gauche, par la voix de notre collègue André Vauchez, avait remis le 31 mai 2007 à Gérard Bailly, alors Président du Conseil Général, des propositions nouvelles afin que les crédits soient répartis de façon plus rapide et plus équitable.

3. La sollicitation du Conseil Général pour un accord de principe sur sa participation à la création de la Maison Départementale de l’Adolescent, en direction d’une jeunesse en souffrance.

4. La proposition volontariste d’engagement du département aux côtés de l’Agence Régionale d’Hospitalisation, de l’Etat, des collectivités, pour continuer à activer le projet de reconstruction de l’hôpital de Nozeroy.
A ce sujet, une synergie exemplaire, sous l’impulsion d’André Vauchez, s’est opérée au sein de l’exécutif du Conseil Général.

5. La politique agricole du Département.
Monsieur le président, vous nous avez conviés à la visite, effectuée avec la chambre d’agriculture, d’un établissement converti à l’agriculture biologique, question chère à notre collègue Esio Perati qui n’a cessé, durant ses neufs mois de Président de la commission agriculture, de nous sensibiliser et de sensibiliser le monde agricole à ce projet.

Notre session de ce jour doit nous permettre de nous mobiliser face à une situation jurassienne extrêmement préoccupante, où la crise mondiale se conjugue aux effets de la politique nationale. Je veux parler, bien entendu, de la crise du capitalisme mondial à laquelle se surajoute la crise politique et sociale nationale dont l’onde de choc est perçue par les jurassiens dans leur quotidien.

Sur ce point, nous ne ferons pas un débat de politique nationale mais nous nous devons de constater que les forces politiques de gauche se sont exprimées sur certaines lois, telle que celle du « paquet fiscal ». Il faut se rappeler que cette loi comporte divers volets dont :
· l’exonération des droits de succession,
· l’aberration de la défiscalisation et de la suppression des cotisations sociales sur les heures supplémentaires, ce qui représente un effet d’aubaine au détriment des personnes sans emploi,
· le bouclier fiscal qui plafonne l’impôt des plus riches, y compris ceux qui touchent des stocks-options, et les exonère de participer fiscalement aux recettes destinées à financer le RSA, question dont nous aurons à débattre l’application dans le Jura.

Soulignons que dans le Jura, les indicateurs économiques et sociaux clignotent et passent au rouge dans certains secteurs. Nous constatons hélas :
· l’augmentation du chômage partiel qui touche 3900 salariés dans le Jura,
· la suppression de la quasi totalité des emplois intérimaires,
· les offres d’emploi au plus bas niveau,
· les sollicitations du fond de solidarité logement, ainsi que les demandes d’aide d’urgence reçues au département, qui ne cessent d’augmenter.

Je tiens d’ailleurs à remercier les services sociaux qui font un travail particulièrement difficile, et nous ne sommes qu’au début d'un processus dont l’amplification va avoir des effets dévastateurs. Il ne s’agit pas d’alarmer nos concitoyens, mais c’est hélas la réalité de tous les jours à laquelle nous sommes tous confrontés, nous, élus, sur nos territoires, dans notre quotidien.

Je marchais dans la rue lors de la manifestation du 19 mars. Il y avait beaucoup de monde, plusieurs milliers de personnes. Une femme d’un certain âge m’a pris par le bras. C’était une de mes anciennes patientes. Je me souviens qu’elle travaillait à l’hôpital. Elle m’a parlé, gentiment, comme à un fils : « Monsieur Viverge, je suis en retraite maintenant. Vous savez, mon fils a de gros problèmes de santé. Il est à la maison, chez moi. J'ai beaucoup de difficultés, c’est très dur. Parfois, je saute un repas, parce que je n’ai plus les moyens, vous comprenez ? Vous devez pouvoir faire quelque chose, j’ai confiance en vous …
».

Je suis certain que nous avons tous, ici, vécu des moments similaires.

C’est pour cela, mes chers collègues, que j’ ai envie de me battre, c’est pour cela que nous avons créé un groupe « Agir à gauche », pour écouter, travailler, proposer et agir. C’est à nous, élus du Conseil Général, de faire tout ce qui est dans nos moyens, et même plus encore, pour relever ce terrible défi et limiter les conséquences sociales pour nos concitoyens.

Nous sommes d’accord pour que le département aide les acteurs de notre économie dans les secteurs défaillants en lien avec les moyens attendus de l’état et de la région. Mais ne croyez-vous pas, Monsieur le Président, que la demande que nous faisons depuis des années, à savoir, d’attribuer des aides aux entreprises sous conditions liées au maintien ou à la création d’emplois, hormis évidemment les aides à l’innovation, à la recherche et à la reconversion, pourrait être aujourd’hui validée ?

Dès maintenant, nous vous proposons de porter le débat et les efforts du Conseil Général au niveau que la situation exige. Aujourd’hui et dans le temps qui nous sépare de la DM1, nous demandons qu’il soit prévu un volet spécifique. Nous proposons un plan départemental de résistance, à notre échelle de responsabilité et dans le cadre de nos moyens, qui pourrait s’intituler « le Jura face à la crise ». Nous devons tout mettre en œuvre pour aider, pour soutenir les personnes les plus vulnérables.

Monsieur le Président, nous vous demandons la création du bouclier social dans le Jura. Plusieurs axes sont possibles.

1. En direction des parents d’enfants scolarisés.
Notre collègue Michel Balland a réorienté les bourses scolaires vers l’ensemble des familles du département, que l’enfant soit demi-pensionnaire ou interne. Si pour déterminer ces droits, nous appliquons à la famille la règle de calcul à l’année moins un, nous allons placer toutes les familles au chômage depuis peu, en chômage partiel ou en situation de cessation du travail en intérim, dans une situation très difficile pour assurer la scolarité de leur enfant.
Nous proposons que le conseil Général se détermine sur les revenus récents, comme le premier trimestre 2009, ou utilise un autre critère d’attribution, pour répondre de façon rapide à une situation exceptionnelle.

2. En direction des personnes qui sont accompagnées par les services sociaux du Département, dont la situation nécessite le versement de l’aide d’urgence.
Il faut organiser une synergie, un lien efficace et concerté avec les différents partenaires comme les CCAS afin d’apporter une réponse plus rapide, donc une plus grande efficacité. Une concertation avec l’Association des Maires du Jura nous paraît incontournable.

3. Au regard de la situation des fonds sociaux, comme le Fond de Solidarité pour le Logement, ainsi que les crédits pour l’aide d’urgence, nous demandons un examen attentif de la situation actuelle pour qu’une rallonge de crédit, sans doute nécessaire, soit examinée en DM1.

4. Dans le cadre de l’APA, la proposition faite par la Gauche de revaloriser la prestation horaire d’aide à domicile nous paraît judicieuse, d’autant plus qu’elle n’a pas changé depuis 2005.

Le Département ne va pas pallier à lui seul à l’insuffisance des mesures gouvernementales, mais il doit assurer, au mieux, ce qui est sa compétence principale, c’est à dire la cohésion sociale, l’aide aux personnes les plus défavorisées, l’aide aux personnes que la crise à percutées de plein fouet afin de ne laisser personne au bord du chemin.

C’est ensemble que nous devons agir pour relever le défi.


Je vous remercie.

Patrick Viverge

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo Monsieur Viverge pour votre prise de position. Je suis désolé de vous apprendre que je visite votre blog pour la première fois. Au vu des articles dans les journaux vous concernant, j'ai voulu en savoir plus et fait des recherches sur internet. Voilà l'explication de la découverte de votre espace d'expression. Je le trouve par ailleurs très attractif et vivant.
Ancien millitant socialiste, je suis néanmoins un partisan convaincu. Les choses n'ont semble-t-il pas évoluées au sein de la première puissance de gauche. Certaines personnes en quête de pouvoir comme Monsieur Perny, se démarquent dans l'opposition dure, mais que propose t-il ? Quelles sont leurs projets pour les Jurassiens ?
J'ai le plaisir de me reconnaitre dans vos propos et vous encourage à poursuivre dans ce sens.
Je conclurai en vous souhaitant bon vent Monsieur le Conseiller Général, ne changez rien. Nombreux Jurassiens se reconnaîtrons au travers vous et "Agir à gauche".

Anonyme a dit…

bravo !!