vendredi 16 octobre 2009

Les bénéficiaires du RSA

Article du Progrès, publié le 15 octobre 2009

RSA : mais où se cachent les bénéficiaires du département ?

Une étude avait pronostiqué de 8 000 à 12 000 bénéficiaires du RSA. Au premier versement, ils n'étaient que 3 584 à être payés. Mise en place laborieuse, complexité des dossiers, manque d'information ? Un peu de tout ça.

« Nous sommes surpris que les chiffres de demande de dossiers de RSA soient si bas ». André Vauchez, vice-président du Conseil général, tout comme Jean-Michel Ballard, directeur adjoint de la CAF (Caisse d'allocations familiales) du Jura, s'attendaient à un afflux de dossiers. Mais en juillet, pour le premier versement, les droits payables se sont révélés bien moins nombreux que les études réalisées en amont, ne le laissaient envisager.
De 8 000 à 12 000 dossiers pronostiqués, la réalité fait état de 3 584 dossiers réalisés. Si les chiffres préalables étaient certes un peu gonflés, « pour anticiper une montée en puissance », il n'en reste pas moins que la différence est assez surprenante.

Alors que se passe-t-il dans le Jura ? Où se cachent les bénéficiaires ? Que font-ils avec leurs dossiers ? Constituent-t-ils ces dossiers ? Si oui, sont-ils traités en temps et en heure ?
Autant de question auxquelles « il semble difficile de répondre » constate André Vauchez. Mais sur lesquelles il est cependant urgent de mettre l'accent.

« Pour cela, tous les partenaires du RSA que sont le Département, la Caisse d'Allocations Familiales, la MSA, Pôle Emploi et les services sociaux, devront absolument se réunir cet automne ». Non pas pour trouver le ou les responsables, mais « pour mieux informer les Jurassiens sur leurs droits, et la démarche à suivre » explique le vice-président. « Il ne faut pas que le RSA devienne une inquiétude supplémentaire pour les gens qui sont déjà dans une situation (financière) compliquée ».

Il faut cependant l'avouer, le dispositif est un peu lourd. Le test d'égibilité, réalisable sur internet, ou dans les antennes de la CAF du Jura, n'est pas à la portée de tous. Outre le fait de maîtriser ou non l'outil informatique, il faut également maîtriser la langue française, et avoir sur soi les papiers administratifs nécessaires.

Si la CAF avait anticipé, en embauchant sept nouveaux collaborateurs, en CDD, aujourd'hui, ils ne sont plus là. Les agents n'hésitent pas à renseigner les usagers, mais sont-ils nombreux à oser demander de l'aide ? Les Centres Communaux d'Actions sociales et les assistantes sociales restent les interlocuteurs privilégiés pour le montage du dossier mais s'adressent plus particulièrement au public le plus défavorisé.

« Ce sont les potentiels bénéficiaires du RSA, en complément d'activité, ou les indépendants paysans, qui sont jusque-là les moins demandeurs ». Les moins connus aussi des services de la CAF et de la MSA. Ils risquent pourtant bien de faire leur apparition, lorsque les effets de la crise seront effectifs et que pour certains les droits au chômage n'auront plus cours.

Christelle Lalanne

« RMI ou RSA, cela n'a rien changé, c'est toujours la même précarité »

Cécile Mélinand habite Saint-Claude depuis le mois de mai. Âgée de 37 ans et maman d'une fillette de 9 ans, elle bénéficiait du RMI depuis deux ans.

C'est donc naturellement, et sans qu'elle ait à prendre rendez-vous avec un quelconque organisme, ni remplir de dossier, que la bascule au RSA s'est effectuée. « Tout s'est fait tout seul et dans les temps. Beaucoup plus rapide que lorsque j'ai effectué ma première demande de RMI et qu'il m'a fallu attendre 3 mois avant le 1er versement » se souvient la jeune femme.

Rapide donc… c'est une bonne nouvelle, mais un peu moins conséquent, et cela, c'est une surprise. « Avec le RMI, je touchais 620 euros + 50 euros de pension alimentaire. Aujourd'hui je touche 522 euros de RSA + 100 d'aide au logement. Disparus les 50 euros de pension alimentaire. »

À ce jour, les explications données par un agent de la Caisse d'Allocations Familiales n'ont que moyennement satisfaite Cécile Mélinand. Fataliste, elle déclare « de toute façon difficile de correspondre à toutes les cases de l'administration. RMI ou RSA, c'est toujours la même précarité ».

« L'accompagnement droit et devoir », inhérent au RSA, lui a valu une lettre de Pôle Emploi. « On me proposait une formation dans le secteur de l'aide à la personne. Mais c'était mon ancien travail, cela n'a rien d'une réorientation ». Aujourd'hui, la jeune femme cherche, avec une assistance sociale, une formation dans l'ébénisterie.

Christelle Lalanne

Les autres volets du Revenu de Solidarité active

Si le volet financier du RSA est fondamental, celui de la lutte contre l'exclusion, la réinsertion et l'encouragement à l'activité professionnelle le sont tout autant. Mais pour l'heure, l'histoire est identique à celle des dossiers des demandeurs. « Ils ne sont pas optimums ou optima » constate Jean-Michel Ballard, directeur adjoint de la CAF du Jura.

Le référent unique, censé suivre l'ensemble d'un dossier, d'accompagner dans une recherche d'emploi et d'informer sur les aides pouvant faciliter une reprise d'activité, n'est pas encore réellement activé. Celui géré par Pôle Emploi, soit l'accompagnement professionnel, en direction de ceux qui sont « tenus » de rechercher un emploi, d'entreprendre les démarches nécessaires à la création de leur propre activité ou d'entreprendre les actions nécessaires à une meilleure insertion sociale ou professionnelle, se confond pour l'instant avec les devoirs inhérents au chômage. « Pour ce volet aussi, il nous faudra se revoir et débattre » précise André Vauchez.

Enfin, qu'en sera-t-il si la proposition faite en faveur des moins de 25 ans par Martin Hirsch, haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, est adoptée ? Si tous s'accordent à dire « qu'il faut faire quelque chose pour les jeunes », le nombre de nouveaux dossiers pourrait, là aussi, se mettre à flamber.

Christelle Lalanne

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il y en a t-il seulement? NON , Les PAUVRES N'ONT PLUS BESOIN D'ARGENT ...
Ma réponse est volontairement provocatrice , mais je constate que :
1) la prime de 500€ : 2162 personnes l'avaient touché sur 234000 concernées ! A fin juillet 2009 ...
2) la prime de 200 € :sur 4 millions concernées : combien l'ont eue ? En plus d'être un véritable casse-tete , tout le monde se demande qui la touche ...
Dans mon agence de pole emploi : une affiche : QUI a touché ? Et Comment ?
Et c'est POLE emploi qui doit la donner ???
Maintenant en tant que conseiller général , savez- vous combien de bénéficiaires du RSA ont été considérés OBLIGATOIREMENT comme fraudeurs ( ex: système RMI ...)et ont dû rembourser un trop-perçu ou un indû, car avec le nombre de pages à remplir, le ( "" bénéficiaire"" ??? ) est obligatoirement un gros fraudeur en puissance ...
LES PRECAIRES S'ENFONCENT DANS LA PRECARITE...