jeudi 8 octobre 2009

L'enfant handicapé en milieu scolaire

1) Albert Jacquard, lors de la conférence au Grand Kursaal à Besançon, le 1er octobre 2009 :
« Quelle vie sociale notre époque réserve-t-elle à la personne handicapée ? »


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2) Article du Progrès, le 7 octobre 2009 :
«
FCPE : ces AVS qui manquent ... »

Sur la situation des auxiliaires de vie scolaire et de leurs collègues employés de vie scolaire, les parents d'élèves estiment qu'il y a beaucoup à dire.
Et particulièrement dans le Jura « qui semble être un département sinistré » estime Yannick Daubigney, coordinateur handicap pour la FCPE qui pointe une inéquité de traitement entre les départements. « Dans le Jura, nous avons 50 enfants handicapés qui ne bénéficient pas d'AVS » rappelle Yves Lazzarini, président de la fédération. D'après leurs informations, il manquerait à ce jour en Franche-Comté 17 postes d'AVS et 23 d'EVS.

Ces derniers, employés par le Conseil général théoriquement pour des tâches administratives se retrouvent régulièrement sollicités pour accompagner des élèves au quotidien. « Sans bénéficier de la formation adéquate » regrette Patrick Viverge.
Le conseiller général qui préside la commission départementale d'aide aux personnes handicapées (CDAPH) dénonce une organisation qu'il juge « irrespectueuse ». Car elle exige d'une personne en souffrance du fait de la précarité de son emploi (des contrats de 8 mois à temps partiel) de s'occuper d'enfants en souffrance également.
« C'est un métier et nous devons le considérer comme tel » insiste l'élu. Comme les parents d'élèves, il estime que « la loi de 2005 sur le handicap était prometteuse mais que les moyens n'ont pas été mis en face ».

K.J.

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3) Questions / réponses à Patrick Viverge, conseiller Général de Dole-nord-est et président de la CDAPH du Jura (Commission des Droits et de l'Autonomie)

La CDAPH du jura semble en peine par rapport aux chiffres annoncés par le président de la CDAPH du Doubs. Comment expliquer que dans le Doubs ils ont pu assurer touts les personnels validés par la CDAPH-25 et accorder deux AVS priorité en septembre alors que dans le jura nous avons près d’une cinquantaine d’enfants en mal de personnel accompagnant à la rentrée ?

Je suis Président de la CDAPH. Suite à une étude des services de la MDPH concernant les Aide de Vie Scolaire, une proposition est faite à la commission. Jusqu’à présent, les réponses ont été conformes aux demandes et à l’esprit de la loi. C’est à l’Education Nationale, c’est-à-dire à l’Etat de mettre en application ces décisions. Je ne suis pas en mesure de juger des disparités dans l’application de ces décisions entre le Jura et le Doubs.

Nous nous posions la question de l’équité des décisions concernant les fermetures de classes sur le Département, qu'en est-elle sur le rectorat de Besançon et donc sur la Région ?

L’application de l’équité est mon souci quotidien, mais en tant que Conseiller Général du Jura, je ne peux avoir d’action que sur le Jura.

Monsieur le Conseiller Général, en tant qu’élu territorial et homme politique impliqué très fortement dans le social et le domaine du handicap, trouvez-vous normal que des personnels accompagnant des enfants handicapés soit si peu formés pour intervenir et accompagner et faire le lien entre l’enfant, l’équipe éducative et sa famille ? Comment expliquer leur motivation à travailler alors qu’ils sont en situation précaire et ont une situation professionnelle non pérenne ? Aucun d’entre eux, si ce n’est les étudiants qui veulent être enseignants, ne pourront continuer à travailler auprès des élèves.

Je me suis déjà exprimé publiquement sur la nécessité de former ces personnes dont la bonne volonté ne suffit pas, de plus la précarité dans laquelle ces personnes se trouvent est une situation scandaleuse imposée par l’Etat.

Ne pensez vous pas que former des personnels sur le terrain et les garder quelque mois seulement relève du gâchis sous prétexte de créer des emplois aidés qui ne sont plus financés par l’éducation nationale ? Seul bon côté pour les derniers arrivants : 60 heures de formation spécifique alors que les enseignants et anciens AVS ont été mis devant l’enfant handicapé sans préparation.

Effectivement les EVS ASH Employés Vie Scolaire – Aide à la Scolarisation des Handicapés auront une formation de 60 heures. Cela est très peu, mais mieux que rien. Ces personnes seront payées par le Conseil Général, mais avec un emploi précaire, un an renouvelable, ce qui ne favorise pas la motivation pour un emploi qui nécessite compétence, écoute et disponibilité.

Si les personnes les plus motivées finissaient par rester (mères de familles, proches s’approchant de la retraite, anciens enseignants …) sans être mis au placard sans pouvoir poursuivre la profession, si un statut spécifique « style validation des acquis » permettait à ces personnes de poursuivre leur carrière tant qu’ils le souhaitent, ne pensez-vous pas que nous éviterions les problèmes de rentrée comme cette année dans le Jura ?

Je suis effectivement très favorable à la professionnalisation de ces emplois. S’occuper d’enfants dans une situation de handicap ne s’improvise pas. Cela doit être une véritable profession avec une formation solide, un diplôme, de réelles compétences validées, des exigences et une sécurité de l’emploi. On ne peut pas traiter ces personnes avec autant de mépris en leur demandant beaucoup et en leur offrant si peu. On ne peut pas traiter les personnes en situation de handicap avec autant de légèreté, ce n’est pas dans l’esprit de la loi de 2005.

Enfin, dernière question Monsieur Viverge, trouvez-vous normal que l’éducation nationale décide des poste disponibles alors que tout repose sur les épaules des collectivités territoriales ? Comment expliquer alors la différence entre la situation du Doubs et du Jura, départements dépendant tous deux de la région Franche-Comté et du rectorat de Besançon ? Ne pensez-vous pas qu’il serait logique dans ce cas que la MDPH décide et gère les moyens en personnel (en disposant des fond nécessaires) ?

Je pense que c’est effectivement à la CDAPH de décider. D’ailleurs dans cette commission siège le représentant de l’Education Nationale. Le problème dans la gestion du personnel est que le législateur a souhaité que le personnel dépende parfois des collectivités territoriales, parfois de l’Etat, ce qui impose des statuts différents avec des avantages, des salaires différents. L’Etat, en finançant de moins en moins d‘AVS (à la charge de l’Etat) demande aux départements de financer des EVSASH (à la charge du département), mais les départements sont étranglés financièrement, certains vont être mis sous tutelle du fait de nombreux transferts de charges que l’Etat payait et qui doivent être financés désormais par les départements sans avoir les financements qui correspondent.

Je pense qu’il faut considérer avec respect les personnes handicapées dans toute leur diversité. Cela nécessite écoute, réflexion et actions, cela est dans l’esprit de la loi de 2005 qui a été une réelle avancée, il faut le reconnaître, et nécessite « des accompagnateurs » compétents.
Mais il faut également considérer les travailleurs avec beaucoup de respect et là, l’Etat s’est complètement fourvoyé. Le mépris affiché pour ces personnes dans l’angoisse de l’avenir et dans l’attente d’être traitée avec dignité est intolérable. Il faut offrir une formation diplômante et une rémunération décente aux professionnels qui s’occupe d’enfants en situation de handicap, ces professionnels le méritent et les enfants aussi.
C’est une voie élégante vers l’intégration et l’autonomie pour les uns comme pour les autres.

Je m’engage à organiser une réflexion dépassionnée au sein du Conseil Général autour de cette question de fond qui dépasse les distorsions politiques.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le handicap à l'école c'est bien beau, mais mon fils est à l'école avec un handicapé qui n'est pas accompagné. Il amuse la galerie et l'instit est au bord de la crise de nerf... C'est ça l'intégration ?
1 enfant handicapé à l'école = 24 élèves et 1 enseignante en situation de handicap...
Bravo !!!

Patrick Viverge a dit…

Vous avez tout à fait raison, le problème de l’intégration, c’est l’accompagnement de ces enfants
Un enfant handicapé dans un milieu scolaire normal peut progresser et apporter à l’ ensemble de la classe s’il est accompagné efficacement, cette situation peut générer de l’angoisse et du stress à tous, dans le cas contraire.
Le sujet est véritablement l’accompagnement de cet enfant.
Les postes d’ Aide de Vie Scolaire sont financés par l’Education Nationale qui n’a plus les budgets pour les assurer , c’est la mon inquiétude et mon combat.
Cordialement