lundi 23 novembre 2009

CO2 et LGV

L'information, sur le site du Progrès (22/11/2009) : « Vers un « portage de conviction » autour de la LGV branche Sud »

« Une association est née à Dole hier avec l'ambition de « faire avancer le projet de LGV par une réalisation prioritaire de la branche sud ». [...] Leur volonté : [...] peser de tout leur poids pour que les TGV reliant demain (ou plutôt à l'horizon 2020 peut-être) Francfort à Barcelone s'arrêtent en gare de Besançon, de Dole, de Lons, de Bourg. Notamment.
Quant aux réticences exprimées par les écologistes avec lesquels plusieurs élus partagent l'exécutif, Jean-Louis Fousseret les balaie d'un revers de manche. [...] »

***

Une réaction de
Michel Moreau

« C'est une dynamique qui intéresse tous nos territoires. » « C 'est un projet vital pour la Franche-Comté .» « La branche Sud c'est la sève. »
Ces formules incantatoires des élus pro-LGV pourraient entraîner l'adhésion s'ils leur donnaient un contenu. Ce dont ils se dispensent, leur conviction de décideurs valant argument... à leurs yeux.
Attachés à une notion figée du progrès, pour eux toute réflexion critique n'est-elle pas à-priori infondée, à balayer d'un revers de main ?

Ainsi le maire de Besançon, qui sur ce thème fait programme commun avec ceux de Lons, Dole et Belfort pour que le TGV desserve Baurepaire-en-Bresse, Auxon-Dessus et Meroux-Moval, assène ce truisme : entre TGV et voiture « le bilan carbone n'est pas comparable. »
Mais au fait, le choix est-il entre un projet d'autoroute et celui d'une LGV ? Non, le coût énergétique de la réalisation de l'autoroute, très lourd, a déjà été assumé.

Jean-Louis Fousseret, pour inciter l'allemand du nord à délaisser sa BMW sur la route de la Costa del Sol, veut-il supprimer les autoroutes ? Soyons logique : c'est sur l'A39 qu'il faut installer la LGV branche sud. La gare lédonienne existe déjà : l'Aire du Jura.
Bien évidemment notre famille allemande émettra moins de CO2 sur LGV que sur autoroute. Mais n'en émettrait-elle pas encore moins à bord d'un de ces pendulaires qu'Alstom fabrique pour l'étranger et vend fort bien, qui circulerait entre 200 et 270 km/h, vitesse commerciale annoncée dans la pub de la firme de Belfort, entre Lyon et Strasbourg. Notons aussi que cette ligne est plus directe. Elle dessert Lyon, Besançon, Lyon et Belfort.

Ne convient-il pas surtout de comparer le bilan carbone de l'allemand candidat au bronzage ou l'homme d'affaires optant pour le TGV à celui de tous les franc-comtois auxquels le cadencement des TER, inspiré de ce qui se fait en Suisse, permettrait d'abandonner la voiture sur le trajet domicile-travail, de Champagnole à Morez par exemple, ce qui aujourd'hui est impensable.

C'est bien entre le bilan carbone d'une LGV Sud, qui n'est pas, et celui du réseau existant enfin adapté aux besoins réels de notre population, que comparaison il doit y avoir. Et le résultat n'est pas douteux.
Pensons aussi que sur nos lignes non électrifiées, dès demain, des motrices mues par des piles à combustible pourront, sans caténaire, remplacer nos gourmandes et polluantes diesel. Le progrès n'est-il pas la ?

On peut aujourd'hui, avec la technologie pendulaire d'ALSTOM, rallier Lyon à Strasbourg par la ligne classique dans un temps proche de celui qu'il faudrait à un TGV serpentant au long de l'A39 puis bifurquant ensuite sur la LGV Est. Peut-on raisonnablement alourdir le bilan carbone du trafic ferroviaire par le coût énergétique d'un nouveau chantier de 170 kms ? Sans compter que la capacité de centaines d'hectares de cultures et de forêts à stocker du CO2 sera irréversiblement anihilée.

Cette réflexion que je propose à Marie-Guite Dufay et Jean Louis Fousseret, pour lesquels j'ai de l'estime, est axée sur le bilan CO2.

Bien d'autres conséquences de ce projet le discréditent.
La stérilisation de terres agricoles quand il importe de les sanctuariser.
La destruction de forêts, de zones humides, dont les fonctions vitales sont bien connues.
Le déplorable rapport entre le capital investi et l'emploi créé dans les travaux publics si on le compare à l'investissement dans d'autres domaines: maîtrise de l'énergie et énergies renouvelables par exemple, dont l'impact sur l'environnement, l'économie et le social est incontestablement positif.
Et plus simplement la recherche de la vitesse pour quelques uns à tout prix, à l'heure où l'information circule dans l'instant, relève d'une obsession archaïque.

« Les temps changent», chantait Bob Dylan. Les LGV sont des projets du siècle dernier. Le dernier contrat TGV d'ALSTOM à l'étranger, en Corée, date de 1994.
Point de nouveau mode de développement sans de nouveaux modèles de pensée. A vous, Marie-Guite Dufay et Jean Louis Fousseret entre autres de les faire vôtres. Ne ratez pas le train.

Michel Moreau

Aucun commentaire: