lundi 14 décembre 2009

Conclusion et vote, budget 2010

Monsieur le Président, chers collègues,

En temps que porte-parole de groupe, je voudrais
remercier mes collègues du groupe Agir à Gauche qui ont passé cette année à se battre pieds à pieds pour convaincre, pour démontrer, sans concession mais avec respect, le bien-fondé de nos revendications.

Nous sommes, mes chers collègues, face à
une crise totale sans précédent dans sa globalité dont la gravité signe la fin d’un système économique néo-libéral qui nous mène dans le mur et n’apporte que des inégalités en détruisant la solidarité et le service public.

Le résultat des dernières élections exigeait de nous, élus du Conseil Général du Jura, une capacité exceptionnelle à nous élever au-dessus des habituelles et caricaturales chicaneries entre une majorité et son opposition. L’époque de la cogestion, morte et enterrée l’année dernière, ne nous a pas fait tourner le dos à nos responsabilités. C’est pourquoi, dans notre groupe Agir à Gauche, nous nous sommes battus sans relâche pour un budget qui réponde le mieux possible aux demandes de services des jurassiens et impulse une dynamique en matière économique, dans l’agriculture et respectueuse des deniers publics.
S’opposer sans proposer c’est de l’agitation stérile, de la complicité passive.
L’heure du bilan est maintenant venue.

A la création du groupe Agir à gauche, alors que la «crise» faisait rage et que le président Sarkozy maintenait son bouclier fiscal, ce scandaleux cadeau aux plus riches, nous nous étions engagés à nous battre pour la création d’un «
bouclier social » qui puisse, dans notre département, limiter la dureté du choc pour les couches populaires, celles qui souffrent encore plus aujourd’hui qu’hier. Nous n’avons pas tout obtenu de l’exécutif, mais nous avons réussi à lui arracher des mesures importantes alors même que nos marges de manœuvre budgétaires étaient limitées.

1. Nous avons décidé du lancement de l’étude du nouveau plan gérontologique en lien avec le CODERPA (le COmité DEpartemental des Retraités et Personnes Agées), présidé par André Vauchez, qui est un lieu de dialogue, de réflexion et de propositions au sein duquel les représentants des retraités et des personnes âgées participent à l’élaboration et à l’applications des mesures départementales les concernant. Ce plan gérontologique prévoit le nombre de lits nécessaire dans les années à venir au sein des EPHAD et dans les Maisons d’accueil rurales pour personnes âgées. Cela est une avancée extraordinaire pour nos ainés.

2. Nous allons poser la première pierre de la maison de l’adolescent indispensable pour faire de la prévention auprès de tous les adolescents du département grâce à son réseau avec l’éducation nationale, la justice, les différentes associations jurassiennes, les parents, les services sociaux du département. C’est une véritable action de proximité au service de la prévention de la souffrance des adolescents.

3. Le conseil Général à accepté le principe du microcrédit qui va permettre à de nombreux Jurassiens de ne pas sombrer dans l’endettement, ce piège tendu aux plus fragilisés par des sociétés de «crédit revolving» sans scrupule, toléré par un gouvernement qui n’épargne vraiment pas les plus fragilisés et les fait glisser sur la pente inexorable de l’exclusion citoyenne.

Je suis fier de cette gauche qui se bat et qui arrive à imposer ses idées.
Il y a donc des manques, certes, mais je n’accepte pas que certains de mes collègues mentent sur la réalité de nos avancées en matière sociale et parlent de « mesurettes » ou de « miettes » acquises par notre groupe pour masquer leur manque total de réalisme. Cela est tout simplement honteux .
Je les invite à venir avec moi rencontrer des parents d’enfants anorexiques. Je les invite à rencontrer des personnes surendettées qui n’ont plus d’issue que le désespoir. Je les invite à rencontrer des personnes âgées abandonnées, confinées dans la pauvreté et la solitude et leur expliquer que ces mesures ne sont que des « miettes ».

La lutte pour faire reculer l’iniquité et la souffrance passe par des actions concrètes et impose de la modestie, bien loin des amphigouris pompeux et stériles.

Je n’accepte pas non plus cette droite qui nous déverse à torrent son soi-disant humanisme dans le Jura et qui vote à Paris les lois creusant les inégalités sociales.
Dans une véritable République, il ne devrait pas être tolérable de confiner ainsi le peuple au rôle de téléspectateur-voyeur des débauches et des errances de la Cour !
Ici et maintenant, dans notre Jura, nous ne pouvons accepter que des millions d’euros soient versés à l’immobilier d’entreprise sans aucune contrepartie d’emplois.
Donner 800 000 euros à une société de crédit bail pour financer des investissements pour le compte d’une entreprise est totalement indécent !
Nous ne pouvons accepter de nous retrouver dans cette situation financière proche de la mise sous tutelle alors que c’est l’Etat qui nous impose ses règles qui visent à nous étouffer, à asphyxier notre autonomie financière du Département et à nous empêcher d’exercer notre mission sociale au service des personnes les plus démunies ainsi que des petites entreprises.

Alors comment allons-nous voter ?

Depuis un an, nous avons fait le choix de l’influence et de la cohérence
. Nous pensons que la gauche jurassienne a besoin de gagner en crédibilité : aussi nous n’avons pas déserté, nous avons tenu face aux procès politiciens qui nous ont été faits. Nous avons exercé notre devoir d’élu responsable dans une situation politique qui demande tact et intelligence.
En vertu de cette cohérence,
je souhaiterais qu’André Vauchez continue à assurer sa tache de vice-président aux affaires sociales qui représente 40% du budget. Ce poste a d’ailleurs augmenté de plus de 11% avec des mesures concrètes et efficaces en réduisant sur d’autres dépenses. Cette part du budget est la nôtre.

Au passage, j’appelle d’ailleurs chacun ici à agir en toute cohérence :
on ne peut pas rester à certaines responsabilités exécutives et refuser en bloc le budget, c’est déjuger son propre travail ou le faire passer après de petites indemnités … comme au SDIS ou le budget du Département est directement engagé …

Monsieur le Président, mes chers collègues, nous avons étudié 125 dossiers : il y a eu des votes contre 10 dossiers. Donc 92% des dossiers n’ont pas eu de vote contre.

Et pourtant, ce budget est bien en deçà du nécessaire
, surtout sur les questions économiques. Mais nous avons trop œuvré cette année afin d’obtenir de nombreuses inflexions sociales pour rejeter ce budget et vous laisser le bénéfice de mesures sociales qui sont en réalité les nôtres.


Les immenses inconnues induites par la réforme des collectivités territoriales et des finances publiques nous conduisent, en toute conscience, à nous abstenir sur ce budget.

Je vous remercie.
Patrick Viverge

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Voici la fin de ta carrière politque... j'espère que tu le sais..

Patrick Viverge a dit…

Quand les personnes qui me font des menaces ont le courage de rester anonyme, je n'ai aucune inquiétude