mardi 26 janvier 2010

09h15 le neuf-quinze AH, SI LE PANEL AVAIT PRIS LE POUVOIR !

C'est un rêve absurde, comme bien des rêves. Mais on aurait rêvé qu'à un moment, tous les onze, ils sortent Pernaut. On aurait rêvé qu'ils se lèvent, le syndicaliste CGT, la productrice de lait (les deux fortes têtes du panel), qu'ils entrainent les autres, et qu'ils le reconduisent, gentiment mais fermement, à la frontière, enfin, à la porte du studio de TF1 avec son maudit minutage, ses "au suivant", ses transitions à la noix, sa liste de courses. Bref, qu'ils démontent tranquillement le dispositif.
Et là, ils se le seraient pris entre vingt quatre'z'yeux, le Sarkozy, et les choses auraient vraiment commencé. Et là, on serait sorti des onze numéros successifs de bachotage. Et là, ils auraient bien eu le temps de les relever, tous les jolis mensonges : ah oui, toutes les voitures vendues en France vont être fabriquées en France ? Alors expliquez-nous comment vous allez faire. On serait peut-être même allés plus loin. L'étudiante aurait peut-être dérivé sur les retraites, la productrice de lait exprimé une opinion inattendue sur la taxe pro, l'artisan menuisier en retraite aurait peut-être témoigné sur l'hôpital, la dame employée d'un hyper aurait parlé d'hygiène alimentaire. Il aurait eu en face de lui, non pas onze cas, le Sarkozy. Mais le peuple assemblé. Et on aurait bien vu, alors, ce qu'il avait dans le ventre.
En tout cas -et c'est mieux que rien- pour une fois, on aura exploré, à une heure de grande écoute, la réalité sociale muette, sur TF1, y compris dans ses recoins les plus obscurs : par exemple le sort des fameuses "classes moyennes", habituellement invisibles à l'écran. Deux heures d'émission garanties sans burqa, sans identité nationale (ou presque), sans Besson. Ce qui ne fait que davantage ressortir la servile soumission à l'agenda élyséen de la chaine publique France 2 qui, depuis octobre, a farci de burqas, de simili burqas et de protoburqas, six de ses neuf émissions politiques de soirée, ainsi que le montre notre comptage.
Daniel Schneidermann

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