lundi 15 février 2010

Désintox : la baisse des dépenses de l’Etat ?

Woerth et la baisse des dépenses de l’Etat
liberation.fr, le 13/02/2010
par Cédric Mathiot

[...] Dépenses mal maîtrisées, aggravation du déficit structurel, emballement de la dette… Le dernier rapport de la Cour des comptes a sévèrement épinglé la gestion des finances publiques.

Sur RTL vendredi, Eric Woerth, ministre du Budget, s’est défendu, dégainant au passage son slogan du moment : « La dépense de l’Etat a diminué entre 2008 et 2009. De mémoire de budgétaire, on n’a jamais vu ça. On maîtrise la dépense publique ». Un argument déjà entendu maintes fois, notamment le 20 janvier sur France 2 : « pour la première fois en 2009, l’Etat va dépenser moins qu’en 2008. Je sais pas si vous mesurez le changement de planète ! On a dépensé mois en 2009 qu’en 2008 ».


DESINTOX

[...] Factuellement, le ministre du budget n’a pas tort. Si l’on laisse de côté les dépenses de la sécurité sociale (en croissance de 3,4%, à 428 milliards d’euros) et celles des collectivités locales, et si l’on met entre parenthèses le plan de relance, les dépenses de l’Etat stricto sensu [...] une baisse en euros courants de 0,1% par rapport à 2008.

Mais le ministre se garde bien de donner l’explication de cette baisse «historique».

Doit-on y voir la marque de la très médiatisée Révision générale des politiques publiques (RGPP), et de son dogme de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite ? Marginalement, puisque cette mesure n’a qu’un faible impact sur les finances publiques : moins de 500 millions d’euros d’économies par an.

En fait, le principal responsable de cette baisse des dépenses, c’est la crise. Les taux d’intérêt historiquement bas, et l’inflation quasi nulle, ont eu pour effet d’alléger très significativement les intérêts de la dette, alors même que celle-ci a explosé [...]
cet élément ne doit rien au volontarisme d’Eric Woerth. Et il est surtout réversible. Etant donné le poids de la dette, la hausse de taux d’intérêt, quand viendra la reprise, se traduira inévitablement par un envol de la charge de la dette. Qui gonflera d’autant les dépenses de l’Etat.

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