vendredi 26 février 2010

Etrangers irréguliers : l'acharnement

alternatives-economiques.fr, 25 février 2010

Les renvois de sans-papiers entraînent de plus en plus de drames. Nous dévoilons ici un rapport officiel qui donne des éléments chiffrés sur les (coûteux) moyens mis en oeuvre pour atteindre les quotas d'expulsions. [...] Une politique extrêmement coûteuse, surtout si l'on ajoute l'ensemble des dépenses des services de l'Etat, du commissariat à l'administration centrale en passant par la justice. [...]

Le plus grave, c'est que, de plus en plus, il faut reconduire à la frontière des personnes qui disposent d'attaches de longue date sur le sol français. Les drames humains se multiplient. [...]

Le paradoxe apparent de cette politique, c'est que tout en expulsant, on régularise aussi beaucoup [...] la traque des sans-papiers révèle de très nombreux cas de personnes qui ne sont pas ou difficilement expulsables - des familles avec des enfants nés en France ou établies de très longue date ... ou des étrangers qui travaillent au service de personnalités de la majorité.

On comprend que le ministère n'ait pas réellement intérêt à la diffusion de ces données, qui tranchent avec son discours de fermeté. [...] Officiellement, le gouvernement refuse bec et ongles la régularisation de masse, mais il régularise davantage qu'hier.

[...] la violence et les moyens utilisés sont totalement disproportionnés par rapport au phénomène. Comme pour le débat sur l'identité nationale ou sur le port de la burqa, à l'évidence la politique mise en œuvre vise pour l'essentiel à permettre un affichage récurrent de fermeté vis-à-vis des étrangers dans un objectif électoraliste.

Une telle politique peut-elle avoir des limites ? Du point de vue des valeurs, la responsabilité de ceux qui en sont les artisans est de plus en plus grande : renvoyer un être humain vers un pays en guerre ou un enfant vers la pauvreté n'est pas un acte administratif anodin.
Le ministre de l'Immigration Eric Besson ou le président de la République Nicolas Sarkozy sont en première ligne, mais chacun des membres de l'exécutif partage personnellement cette responsabilité.
Cette politique d'expulsion restera d'ailleurs très probablement dans l'histoire de notre pays comme l'un des éléments marquants de ce début de siècle. Les voix gagnées aujourd'hui risquent d'être chèrement payées demain.

Rapportée à l'ampleur des drames vécus, la mobilisation pour s'opposer à cette politique n'est pas à la hauteur d'autres revendications comme la défense des services publics ou des retraites. Le Réseau éducation sans frontière (RESF) a évité le pire pour les enfants en s'opposant vigoureusement aux renvois prévus en 2006 et de nombreuses associations font des efforts conséquents pour éviter le pire. Mais il s'agit le plus souvent du dévouement d'une poignée de bénévoles. Malheureusement, le seul espoir qui semble rester aujourd'hui est que l'accumulation des drames finisse par devenir coûteux dans les urnes ...

1 commentaire:

Reynald a dit…

Je comprends le désir de quitter un pays dans le quel les dirigeants sont fous ou pourris jusqu'à la moelle, je serais peut être le premier à le faire, mais il faut penser aussi ,dans un cadre de mondialisation, à l'équilibre de notre société, je pense que nous avons le droit de décider qui ont veut accueillir et qui on ne veut pas accueillir .
Le gouvernement fait ce qui aurait du être fait depuis 30 ans.Il régularise sans en faire de publicité pour éviter un grand nombre de bévues, il est donc "humain" mais, en même temps envoie un message médiatique fort aux éventuels candidats à l'immigration clandestine , même si la méthode est parfois caricaturale et dure.
Ce qui me choque moi, c'est le laisser aller dans ce domaine depuis 30 ans, il faut bien prendre le taureau par les cornes un jour, et ce n'est jamais populaire.