mardi 23 février 2010

L'administration publique

« Défiance et ressentiment : sombre bilan du médiateur de la République »
lemonde.fr, 23.02.10

Sentiment d'injustice, défiance et suspicion, jungle administrative et parcours du combattant pour une carte d'identité ... le médiateur de la République brosse dans son rapport annuel un tableau très sombre de la société et de ses relations avec l'administration.

"Notre société (...) a plus que jamais besoin de lieux d'écoute et de décompression", écrit le médiateur, Jean-Paul Delevoye, en déplorant "une banalisation de la violence", à l'école ou à l'hôpital, et une judiciarisation excessive des conflits, preuves selon lui du manque de dialogue.

[...] Selon le médiateur, les citoyens se sentent par ailleurs "ballottés" par "d'incessants changements censés l'avantager" (comme l'ouverture à la concurrence d'EDF-GDF, parfois "source de préjudice"), et désorientés par un "vertigineux empilement de lois et de règlements". [...]

Au total, 76.286 affaires ont été transmises en 2009 aux services du médiateur de la République, soit une augmentation de 16% par rapport à 2008. [...]

**********

«
Réformes administratives : les vraies leçons des comparaisons internationales »
22/02/2010, acteurspublics.com

[...] La France, un pays irréformable, alourdi d’une administration omnipotente entravant les initiatives privées ? Certains responsables politiques nourrissent l’idée et de nombreuses unes de journaux l’accréditent. “Trop de fonctionnaires” – avec ou sans point d’interrogation – demeure le titre le plus répandu lorsque la presse hebdomadaire s’empare du thème de la fonction publique.

Malgré les efforts des agents, l’administration traîne encore et toujours une réputation de bureaucratie … Tandis que les dépenses publiques sont largement considérées comme un handicap pour les entreprises et les ménages au travers des prélèvements obligatoires, plutôt que comme un moyen d’améliorer la compétitivité du pays.

À y regarder de près pourtant, le surpoids du secteur public français par rapport à ses homologues étrangers est loin d’être évident. C’est du moins ce que révèle une étude d’envergure menée par le Centre d’analyse stratégique, l’ex-Commissariat au Plan. [...]

“En redressant les données, on se rend compte que la France se place dans une moyenne haute en matière d’emploi public mais pas au rang des pays sur-administrés, décrit Olivier Passet, qui a coordonné les travaux. [...]

il n’est pas rare qu’un pays ayant supprimé des postes dans la fonction publique à une période donnée soit contraint de recruter ou de faire davantage appel à la sous-traitance quelques années plus tard. De même, une contraction importante des effectifs des administrations de l’État a parfois pour effet d’augmenter le personnel des collectivités territoriales à la manière de vases communicants. Deux tendances qui expliquent qu’en matière de finances publiques, certaines réformes spectaculaires ont eu peu d’impact sur le long terme.

L’exemple du Canada est particulièrement emblématique. Loué pour sa fameuse revue des programmes – dont la RGPP française s’est largement inspirée – opérée en 1994, ce pays compte davantage de fonctionnaires par habitant aujourd’hui qu’il n’en avait à l’époque [...]

Le Canada n’est pas isolé. D’après le Centre d’analyse stratégique, “à l’exception de l’Allemagne et de l’Italie, tous les pays étudiés ont réembauché dans les services généraux d’administration” après avoir taillé dans les effectifs. [...]

à l’heure où l’endettement public devient un sujet brûlant, ce n’est certainement pas via la seule réforme de l’État que le gouvernement résoudra sa délicate équation budgétaire. Les études comparatives démontrent que les plus importantes économies ne se réalisent pas sur les dépenses de fonctionnement. [...] rares sont les pays où la contraction de l’emploi public a généré des économies substantielles.

“Entre 1980 et 2006, l’essentiel de la baisse des dépenses publiques est dû à une baisse relative des dépenses de transfert ou des intérêts de la dette”, relève le Centre d’analyse stratégique. Bref, pour équilibrer les comptes, les suppressions de postes de fonctionnaires ne suffiront pas. Un choix politique devra être fait, entre une réduction des prestations sociales ou une augmentation des prélèvements obligatoires. [...]

Nantis, les fonctionnaires français ? Pas exactement. Selon les calculs du CAS, le niveau des émoluments par tête se situe sensiblement en dessous de la moyenne de l’OCDE. La France aurait fait le choix, depuis 1991, d’avoir plus de fonctionnaires moins bien payés. [...]

En Suède, il y a…
150 fonctionnaires pour 1 000 habitants
31 % de l’emploi total sont des emplois publics
25 % de la richesse nationale est consacrée aux dépenses de rémunérations et de sous-traitance des administrations publiques
19,2 % de la richesse nationale est consacrée aux prestations sociales et transferts sociaux en nature

En France, il y a…
89,5 fonctionnaires pour 1 000 habitants
22,5 % de l’emploi total sont des emplois publics
18,1 % de la richesse nationale est consacrée aux dépenses de rémunérations et de sous-traitance des administrations publiques
23,2 % de la richesse nationale est consacrée aux prestations sociales et transferts sociaux en nature


Au Royaume-Uni, il y a…
90 fonctionnaires pour 1 000 habitants
18,5 % des emplois au total sont des emplois publics
23,2 % de la richesse nationale est consacrée aux dépenses de rémunérations et de sous-traitance des administrations publiques
12,8 % de la richesse nationale est consacrée aux prestations sociales et transferts sociaux en nature

1 commentaire:

Reynald a dit…

Le modèle suédois n'est pas au mieux de sa forme, il ne marche qu'en période de vaches grasses et de nombreuses réformes sont en cours chez eux en ce moment car ils ont du mal, depuis fin 2008, à financer les longues études de leurs têtes blondes.