mardi 9 février 2010

A-t-on encore le droit de manifester dans ce pays ?

Vendredi 5 février, Me Bachelot venait à Lons-Le-Saunier inaugurer le nouveau bâtiment des Urgences (39) qui était le point final d’un début de restructuration des hôpitaux du Jura Sud, à la veille d’une mise en place de la 1ère Communauté Hospitalière de Territoire (CHT) entre les hôpitaux de Lons, Champagnole, St Claude, Morez, Salins et quelques hôpitaux locaux…Le préalable à tout cela, c’était le déclassement du Centre Hospitalier de Champagnole par la fermeture de sa chirurgie, bientôt de ses Urgences, après celles de Morez (station des Rousses) et Salins-Les-Bains…
Dans ce contexte, l’Union Santé CGT appelait à manifester, soutenue par l’UD CGT 39 et l’UL CGT de Lons-Le-Saunier pour affirmer bien fort les revendications des personnels hospitaliers : Rendez-nous nos postes,
Rendez nous les services fermés (maternité, chirurgie, lits de Médecine),
Rendez nous nos Hôpitaux Locaux (transformés en EHPAD),
Stagiairisation et titularisation de tous les contractuels,
Un CDI pour tous les précaires,
Non à la collaboration, fusion Public/Privé à Lons et à Dole…
Dans sa grande mansuétude, Me Bachelot avait demandé à Me le Préfet de nous proposer une rencontre avec ses services. Les syndicalistes que nous sommes ont accepté aussitôt puisque c’est notre rôle de porter les revendications et de négocier.
Mais celle-ci nous indiqua aussitôt qu’il fallait choisir entre manifester et être reçus.
Nous avons bien évidemment refusé car le droit de manifester ne peut être restreint, ni celui de négocier.
Alors les Renseignements Généraux nous indiqueront qu’au vu de notre entêtement, les autres organisations syndicales seraient reçues mais pas nous. Sans doute avaient-elles accepté de ne pas manifester puisqu’elles ne le feront pas. Pourtant, nous avions réussi à réaliser l’unité contre la loi HPST.
Mais nous n’avons pas cédé et nous avons continué à demander l’heure et le lieu du rdv avec Me Bachelot.
Nous avons fini par être reçus par Me le Préfet, qui recula, en nous disant : « si vous manifestez, il ne faut pas qu’il y ait de banderoles, pas de mots d’ordre, une manifestation silencieuse, gentille, je serai là-bas en uniforme, vous pourrez me reconnaître, et je ne veux pas entendre –Bachelot Démission -».
La délégation a feint d’accepter tout en protestant. Le rdv est fixé à 15h avec le Chef de Cabinet du Préfet et celui de Me Bachelot, en Préfecture.
On croit rêver ! Un préfet dicte aux organisations syndicales ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire ; les lois de la République sont bafouées, les droits constitutionnels et législatifs sont directement remis en cause par l’Exécutif.
Finalement, nous sommes allés manifester avec nos pancartes et nos mots d’ordre criés de vive voix (nos banderoles en drap ne supportant pas la pluie qui tombait drue).
Nombreux étaient les drapeaux rouges syndicaux…Là, nous apprenons juste avant de nous rendre au rassemblement, qu’il fallait être à 14h30 à la Préfecture. C’est là, que se situe l’ultime manœuvre.
Regroupés devant la Mairie, lieu d’arrivée de Me Bachelot, nous vîmes arriver le chef des RG qui s’adressant au responsable départemental CGT : Si vous ne supprimez pas vos pancartes et vos mots d’ordre, la délégation ne sera pas reçue.
Nous quittons la manifestation pour 14h30, afin de nous rendre en Préfecture.
Pendant que nous attendons notre tour d’être reçus, Me Bachelot arrive directement aux Urgences, les hospitaliers coupés de leurs dirigeants syndicaux…l’accueil sera de fait très silencieux !
Nous sommes reçus par un jeune cadre dynamique du Ministère, la nouvelle directrice de l’ARS qui nous donne 15 minutes pour exposer nos revendications pour les 10 hôpitaux du Jura (les autres organisations ayant bénéficié chacune de 30 minutes).
En outre, nous insistons sur l’augmentation des contractuels et des précaires, et notre demande de titularisation en nous appuyant sur les dernières déclarations de Mr SARKOZY à la télévision. Réponse des deux : « Il n’avait pas la bonne fiche ! » - rires intérieurs !-
Sur notre demande de comblement des déficits budgétaires, nous faisons allusion aux 4 à 5 milliards dépensés pour les vaccins, et qui auraient largement comblé tous les déficits créés par la T2A et la nouvelle Gouvernance ; réponse du représentant ministériel : « Je vous interdit de dire cela, vous seriez le premier personnellement à déposer une plainte contre le Ministre, si vous aviez un enfant mort des conséquences du manque de vaccins ! ».
Nous répondons : « notre organisation syndicale n’a pas pour’habitude de déposer des plaintes contre les Ministres, et nous ne croyons pas que le cas ai pu se présenter depuis l’avènement du Service Public et de la Sécurité Sociale ».
Il réplique : « Mais vous personnellement ».
Nous répondons : « Ici, nous parlons au nom de notre organisation syndicale ».
C’est là-dessus, que se termina le bref échange.
De retour à la Mairie, où se tient le rassemblement, Me Bachelot sort avec le Préfet, sous les huées et les quolibets des manifestants, le service d’ordre montre quelque impatience.
Le droit de manifester a été préservé, le droit des organisations syndicales malmené, mais nous avons tenu malgré les manœuvres.
Qu’est-ce qu’elle aura été brève la visite du ministre Me Bachelot !
Le soir à FR3, le commentateur dira : « Me Bachelot a ignoré la manifestation des syndicalistes. »
Pas vu, pas pris.

Correspondant : Jacques Berthault.

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