mardi 20 juillet 2010

Retraites : notre avenir





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Retraites : il en va de notre avenir
(Guillaume Duval, 24 juin 2010, alternatives-economiques.fr)

[...] Rappellons les mesures clefs proposées par le gouvernement :
- l'âge minimal de départ devrait être porté à 62 ans en 2018 ;
- l'âge auquel on a droit à une retraite à taux plein même sans avoir cotisé suffisamment serait porté, lui, à 67 ans ;
- enfin, la durée minimale de cotisation serait prolongée à 41,5 ans en 2020.

Ces mesures posent de nombreux problèmes.

Repousser l'âge minimal de départ touche tout d'abord au premier chef les personnes qui ont commencé à travailler très tôt. Or, celles-ci connaissent souvent des conditions de travail difficiles et ont une espérance de vie inférieure à la moyenne. Certes, un dispositif devrait permettre à ceux qui ont commencé à travailler à 16 ans de partir à 60 ans, mais cela leur impose quand même une durée de cotisation de 44 ans, très supérieure aux autres.
Quant au report à 67 ans de l'âge donnant accès au taux plein, cette mesure touche surtout les femmes qui ont fréquemment des carrières à trous.

La priorité donnée au recul rapide de l'âge de départ en retraite est de toute façon très problématique au moment où le chômage atteint de nouveau des sommets, avec 4,5 millions de personnes inscrites à Pôle emploi en avril dernier, soit un million de plus qu'en 2008. En effet, ces mesures pèseront négativement sur un marché du travail très déprimé.

[...] En préservant un système complexe et illisible, en prévoyant des mesures injustes, et en ne recherchant pas un large consensus, cette réforme est loin de pouvoir rassurer les Français sur l'avenir à moyen terme des retraites par répartition…

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Sarkozy: Opération enfumage sur la retraite
(Jack Dion, Marianne, 13 Juillet 2010)

En réduisant l'affaire des retraites à un problème démographique et en bottant joyeusement en touche sur les questions qui fâchent, Nicolas Sarkozy peut marteler à son aise que le projet de réforme des retraites est « juste ». Mais il ne s'agit là que d'une vaste campagne d'enfumage.

[...] A l’heure actuelle, 61% des personnes de 55 à 64 ans sont sans emploi. Que va-t-il se passer si on leur impose de partir plus tard à la retraite ? Les personnes concernées n’ayant guère de chance de retrouver un emploi, elles resteront plus longtemps aux Assedic. Ensuite, elles auront une pension de retraite amputée, ce qui se traduira mécaniquement par une baisse par une baisse du pouvoir d’achat qui pèsera forcément sur la croissance (et donc sur les rentrées budgétaires).

[...] ce qui plombe les caisses de retraite, c’est d’abord et avant tout le chômage, le sous emploi, la précarité. Il faut savoir qu’un million d’emplois représente 5 milliards de cotisations dans les caisses de retraite. Or le gouvernement se refuse à évoquer cette question. Il préfère ne parler que de l’espérance de vie, en oubliant au passage les paramètres sociaux qui font que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.

Depuis que l'âge légal de la retraite a été fixé à 60 ans (en 1981), nous dit-on, l'espérance moyenne de vie a progressé de six ans. Certes. Mais entre temps l'écart d'espérance de vie entre un ouvrier et un cadre supérieur s'est encore accru, pour s'élever à sept ans.

[...] l’espérance de vie « en bonne santé » n'est que de 63 ans pour les hommes et 64 pour les femmes, avec toujours un écart de sept ans entre un ouvrier et un cadre. Face à de tels écarts et de telles injustices, il faut s’appeler Laurence Parisot, patronne du Medef, pour claironner : « On vit cent ans ; on ne peut s'arrêter de travailler à 60 ». Tout le monde n’a pas l’existence harassante de Liliane Bettencourt. Nombre de ceux qui devraient, dans le futur, partir plus tard, risqueraient de ne plus partir du tout, sauf pour aller au cimetière.

Ajoutons que le gouvernement entend agir sur deux leviers à la fois : le droit au départ à la retraite (qui passerait de 60 à 62 ans) et l’âge du départ à la retraite à taux plein, sans décote en raison d’un manque de trimestres cotisés (qui passerait de 65 à 67 ans). Or cette dernière mesure est le summum de l’injustice. En effet, elle frapperait les plus pauvres, ceux qui ont des « trous » de cotisation, à commencer par les femmes.

Actuellement, près de 18% des Français ne peuvent partir en retraite qu’à 65 ans, et la moitié sont des Françaises, pénalisées par les carrières « fragmentées », comme on dit. Avec la réforme Woerth, de nombreuses femmes devraient ainsi choisir entre la peste et le choléra : travailler jusqu’à 67 ans ou partir en retraite avec des pensions amputées.
Comme réforme « juste », il y a mieux.

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