samedi 22 octobre 2011

Débat d'Orientation Budgétaire Coonseil Général

Chères et chers collègues,


Nous voici rassemblés pour la première fois de l’histoire Jurassienne autour d’un exécutif de gauche au moment d’entamer notre Débat d’ Orientations Budgétaires.
Il va de soi que nous allons évaluer ensemble la situation des finances du Département, que nous allons faire des choix concernant l’utilisation de l’argent public dont nous disposerons, et mettre l’accent sur une série de projets que nous nous attacherons à réaliser pour le bien commun des Jurassiens.
Nous sommes là dans le concret et si l’on veut transformer les lignes comptables en réalité pour des Jurassiens qui souffrent chaque jour davantage du marasme économique, il faut que nos diagnostics de départ collent à la réalité des choses.
C’est dans cette perspective que la nouvelle majorité départementale a invité le cabinet KLOEPFER à intervenir pour la seconde fois.


DIAGNOSTIC ET ORIENTATIONS BUDGETAIRES


Concernant les orientations budgétaires, quoique nous héritons d’une situation très dégradée, j’avoue au nom de mon groupe être largement satisfait.

Pour les plus âgés, le schéma gérontologique - que nous avions fait acter lors de la précédente mandature – deviendra, grâce au travail des services et à la volonté du Vice-président, Thierry Faivre-Pierret, le schéma de la dépendance tout au long de la vie.
Pour les plus précaires, le micro-crédit que nous avons initié sur le Département, se développe pour pallier le transfert chaque jour plus lourd de l’endettement de l’Etat sur les ménages, appauvrissement qui risque de s’aggraver avec les politiques d’austérité voulues par l’Union Européenne et par les gouvernements qui ne savent pas lui résister.
Pour les jeunes en souffrance, la Maison de l’Adolescent sera inaugurée au printemps et ce sera l’aboutissement d’une action que nous avons toujours considérée comme prioritaire.

L’aéroport Dole-Tavaux - que nous avions défendu sous conditions - semble pouvoir être relancé en dépit d’une DSP mal ficelée, legs malheureux de la Droite dont nous avons hérité à notre corps défendant.
Notre mission ne s’arrête pas là.
Il nous reste :
- A interdire la circulation des Poids Lourds sur nos routes comme nous l’avons exigé activement il y a un an afin de pallier l’invalidation de nos arrêtés départementaux.
- A transformer les subventions sans contrepartie aux entreprises en avances remboursables.

Nous aurons alors tenu parole et personne ne pourra nous reprocher d’avoir soutenu des programmes électoraux sans réalité ni lendemains.


OU EST PASSEE MA CASSETTE ?


Cela étant posé, il faut en revenir au sujet qui fâche, celui des cordons de la bourse.
Tout d’abord, nous rappellerons à l’aimable assemblée que si notre Groupe avait voté contre le dernier BP proposé par la Droite, c’était bien à cause de l’emprunt trop important qu’elle avait contracté (47 millions d’€) ; et parce que son exécutif s’était refusé à réclamer à l’Etat les sommes que celui-ci nous devait : bagatelle chiffrée par le cabinet KLOEPFER à près de 75 millions d’euros !


Je répète pour que les oreilles les moins sensibles en soient pénétrées : 75 millions d’euros !
Oui, 75 millons d’euros de manque à percevoir et vous l’auriez oublié, M. le Chef de File du Groupe Minoritaire ?
Et vous nous demandez à présent où est passé l’argent ?

Mais de quel argent parlez-vous, MM. Sermier ?


Celui que vous n’avez pas souhaité percevoir en gelant le montant des impôts en 2011 ?
Belle manœuvre. D’une redoutable efficacité électorale comme nous avons pu le constater au mois de mars 2011.
0% pour cent d’augmentation des impôts en 2011, c’était le slogan de l’ex-majorité, c’est ça ?
Mais alors, comment avez-vous pu gérer le département ? Comment avez-vous pu faire face aux dépenses croissantes ?
Je vais vous le dire ici-même et maintenant pour que les Jurassiens comprennent vos grosses ficelles et vos façons de faire….
C’est tout simple, vous avez minoré les dépenses !
Attention, pas sur n’importe quel budget !
Pas sur les travaux routiers ou sur les giratoires, pas sur les aides sans contrepartie aux entreprises…
En matière sociale, qui est le plus gros poste de dépenses de notre collectivité !
Avec 4 ou 5 millions d’€ de dépenses masquées mais obligatoires, cela devient plus facile de « faire » un budget présentable, n’est-ce pas ?
Le problème pour vous, c’est que ces dépenses occultées, reportées, déplacées, délayées, nous les avons retrouvées en 2011 et que nous avons dû rectifier en DM 1 vos errements dans la préparation du Budget 2011 !
Deuxième interprétation de l’argent qui manque
Arrivé à ce point, je me dis :
Et si ce n’était pas cet argent-là auquel pense M. le Chef de File du Groupe Minoritaire au Conseil Général ?
Et s’il s’agissait plutôt de l’argent que sa propre majorité a emprunté massivement en 2008 et en 2011, dette qui plombe durablement notre actuelle capacité d’investissement ?
Ne vous agitez pas, Messieurs, faites-nous l’économie de vos fausses indignations. On se met à votre place. Quand on n’a pas le courage de ses ambitions et qu’on se refuse à percevoir l’impôt pour des raisons idéologiques, il n’y a plus qu’une seule solution : on emprunte jusqu’à 47 millions d’euros pour l’exercice 2011 !
La ficelle est une corde à nœuds et la musique connue.
On encourage les collectivités, comme les Etats, à emprunter sur le marché privé. Submergées par le coût grandissant de leur dette, les voilà pieds et poings livrés à leurs créanciers, spéculateurs et banksters mondialisés. Dans la foulée, elles font faillite et sont mises sous tutelle, non sans avoir financé à crédit quelques infrastructures situées dans des cantons savamment choisis, et aider quelques entreprises amies à s’y installer sans contrepartie, ce qui permettra aux conseillers généraux ad hoc d’assurer leur avenir politique.

TOUT CELA EST FINI


Mes chères et chers collègues, l’exécutif en place n’endettera pas davantage le Département et, contrairement à ce que vous faites au plan national, ne reportera pas le passif de la dette sur les défavorisés, les précaires et les populations en difficultés.
C’est clair et net. L’exécutif de gauche, avec toutes ces composantes, a décidé de ne pas dépasser les 32 millions d’euros d’emprunt prévus afin d’assurer la part essentielle de sa mission qui est à son avis d’ordre social.
Car, Mesdames et Messieurs, dans une situation nationale aussi douloureuse, il est indispensable de financer le social et d’assurer la survie des populations les plus fragiles. Le social n’est pas un luxe, c’est une mission essentielle, une exigence et un honneur ! Un ensemble de mesures solidaires et républicaines qui font en outre partie du pouvoir d’achat et du niveau de vie.
Dans ce contexte, vos effets de manche dans la presse ne nous surprennent pas. Vous êtes aux abois et c’est naturel.


Ce que vous êtes incapables de faire au niveau national –autrement dit augmenter les dépenses sociales tout en réduisant la dette - nous sommes en train de le réaliser au niveau du Département, comme nous le ferons au plan national dès 2012.

Troisième interprétation de l’argent qui manque

Revenons-en à la question initiale, ce terrible « Où est passé l’argent ? » qui me fait penser à une pièce fameuse de Jean Baptiste Poquelin dit Molière. « Où courir ? Où ne pas courir ? (…) Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin…(il se prend lui-même le bras.) Ah ! C’est moi. »Pardonnez-moi cette digression, un souvenir de l’école publique gratuite et obligatoire que vous malmenez tant…
Et si l’argent auquel vous faites allusion, Monsieur le Chef de File du Groupe Minoritaire, était celui que l’Etat doit aux Collectivités dans le cadre des politiques de solidarité nationales ?
Si c’est bien le fond de votre pensée, pourquoi nous poser la question, puisque c’est vous et vos amis, Députés au Parlement, qui les avez voulues ces lois, ces dispositifs, ces décrets qui ont endetté l’Etat et précipité un grand nombre de collectivités territoriales dans les mains de Dexia et consorts !

Quatrième interprétation de l’argent qui manque


Reste la question des 20 embauches qui pour vous grèvent le budget.
C’est de cet argent-là que vous parlez, n’est-ce pas, de l’argent que cette majorité de gauche a mis en moyens humains aux Services des Solidarités Départementales ?
Et bien… je tiens à vous le dire, nous en sommes particulièrement fiers !
Et les équipes que nous visitons chaque jour ne s’en plaignent pas, pas plus d’ailleurs que les personnes dont elles ont la charge.
Ce n’est qu’un début, d’ailleurs.
Tout n’est pas réglé tant il existe, en matière de Solidarités (Demandez à Saint-Claude !) une pénurie de moyens que votre majorité n’a jamais voulu traiter, tant l’humain est à des années-lumières de vos priorités, tant il vous est difficile, ici comme à Paris, de penser l’angoisse et la misère des gens du commun.
Au contraire, il suffit qu’une agence américaine sous la coupe des marchés agite le foulard de la dégradation de la note pour que vous prétendiez baisser la dette dont vous êtes les responsables en divisant par deux le nombre des fonctionnaires, en diminuant les retraites et en précarisant les classes moyennes. Pendant ce temps les créanciers privés, les actionnaires et les puissants font péter les bouchons de champagne en ricanant.

Pour conclure, c’est à mon tour de vous poser la question de l’argent et des moyens ?
Vous croyez, vraiment chers collègues de la droite , que les Français vont continuer à travailler sans fin pour renflouer les Caisses d’un Etat qui joue au Casino avec le patrimoine français pour le compte de Banques spéculatives mondiales ?
Au sujet de l’argent, eux aussi, ils se posent des questions.
Où sont passés les milliards qui permettraient d’éradiquer la misère qui a gagné les 9 millions de Français vivant sous le seuil de la pauvreté, alors que la France est la sixième puissance économique mondiale et le pays où il y a le plus gros pourcentage de millionnaires en euros ?
Où sont les moyens qui permettraient de maintenir, puis d’améliorer un système de santé qui nous fait de plus en plus défaut ?

Comment, avec votre fameuse Règle d’Or, pourra-t-on relancer une éducation nationale qui dépérit, notre système de justice qui étouffe, et des services publics mis en concurrence avec le privé, et en voie d’extinction comme les ours blanc au Pôle Nord !
Chers collègues, j’en suis navré. Les Français vous ont confié les clés de leur maison commune lors du scrutin présidentiel de 2007 ; en 2012, ils la retrouveront démantelée, saccagée, exsangue, au nom du seul profit dont vous êtes les serviteurs indirects mais fidèles.
Inutile de préciser que je ne partage pas vos valeurs.
Si bien que lorsque vous demandez au Conseil Général du Jura, (que les Jurassiens viennent de confier à la gauche ):
“Où est passé l’argent ?”, je ne puis m’empêcher de sourire , en considérant que l’année 2012 nous fera faire un pas décisif vers un monde où le Politique aura repris la main sur la Finance, et le bien commun sur un mercantilisme qui dévaste l’homme, les peuples et leur planète.
L’Humain d’abord, mesdames et messieurs, l’humain et vos petits calculs après.

Patrick VIVERGE,
Président de Groupe



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