mardi 15 novembre 2011

Sortie du nucléaire

Sortie du nucléaire
Quid d'un débat au Conseil Général ?

Tchernobyl puis Fukushima
ont montré deux grandes nations technologiquement avancées complètement prises au dépourvu lorsque des réacteurs nucléaires échappèrent à tout contrôle, accidents qui ont et auront des conséquences très lourdes pour la santé de millions de personnes sur des générations. Koffi Anam ne parlait-il pas en 2000 de 7 millions de personnes touchées dans leur corps par Tchernobyl.

Aux USA, où l'on pensa en premier à utiliser l'atome à des fins pacifiques, en 1964 l'AEC (le CEA états-unien) demande à un laboratoire une étude sur les conséquences d'un accident majeur. Résultat : la superficie concernée serait supérieure à la moitié du territoire français. Les décès sont évalués à 45000. Ces résultats furent tenus secrets jusqu'à ce que la loi sur la liberté de l'information oblige à les rendre publics en 1973.

En 1972 l'AEC demande une autre étude au MIT. Le nouveau rapport est plus rassurant : la probabilité d'un accident majeur est estimée à 1 milliard par année-réacteur. C'est ce Rapport Rasmussen qui fut utilisé pour l'information d'EDF. Celle-ci annonçait en 1972 : « les conséquences et la probabilité d'un accident de réacteur sont plus faibles que celles d'un accident non nucléaire. Enfin le fait le plus important est que la fusion du cœur d'un réacteur n'est pas de proportion apocalytique. Les conséquences ne comporteraient ni décès, ni blessures dans la population avoisinante ».
Par charité nous ne ferons pas de commentaires.

Dans l'industrie de l'atome nous sommes les meilleurs. Le très cher EPR nous assure un avenir sans danger. L'Etat français est prêt à répondre à un accident majeur. Ainsi, nous jurassiens serons protégés contre les conséquences d'un éventuel pépin à Bugey ou à Fessenheim, au cas où les vents viendraient à souffler dans la mauvaise direction. Un plan est prévu pour parer à cette éventualité. Son nom : « ORSEC-RAD ». « N'importe-t-il pas qu'il soit connu, que les populations soient informées préventivement des mesures qui seraient prises. Les responsables et les acteurs de la protection civile le connaissent-ils bien ? Sont-ils prêts à le mettre en œuvre ?

Maintenir le secret sur le plan ORSEC-RAD ne laisse-t-il pas penser que porter à la connaissance du public les mesures qu'il comporte serait si anxiogène que nos compatriotes risqueraient de rejoindre en masse le nombre croissant de ceux qui pensent que la sortie du nucléaire par la maîtrise de l'énergie et le développement des énergies renouvelables serait bon à la fois pour la santé de la population et pour l'économie française.

Les problèmes posés par la sûreté du nucléaire sont impossibles à résoudre totalement. On ne pourra pas prétendre qu'ils le seront en montrant tous les efforts qui sont faits pour y parvenir. Inspirons-nous de cette réflexion de J.K Galbraith : « Notre sécurité réside et réside exclusivement en ne prenant que des décisions soumises à un débat public. Ce qui ne peut pas résister à un débat public ne doit pas être réalisé ». La mise en œuvre du programme nucléaire français n'a fait l'objet d'aucun débat public.

Notons toutefois qu'il a été revu drastiquement à la baisse. Le plan PEON (Programme d'Energie d'Origine Nucléaire) en 1972 prévoyait la construction de 200 réacteurs de 1000MW à l'horizon 2000. Aujourd'hui 53 réacteurs fonctionnent.

Le débat public ne peut plus être repoussé. Il doit être suivi d'un référendum.

Le Jura a été un des départements les plus touchés par les retombées de Tchernobyl. Le Conseil Général du Jura peut jouer un rôle moteur et déterminant dans la réflexion sur ce problème fondamental.
1 - En demandant au Préfet du Jura de rendre accessibles au public les mesures prévues par le plan ORSEC-RAD.
2 - En organisant dans son enceinte un débat sur la sortie du nucléaire. Il s'agirait d'une première à laquelle nous sommes prêts à participer.

Michel Moreau, Président de Citoyens Ecologistes Solidaires, Président Fondateur de l'AJENA, ex-Administrateur de l'ADEME.

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