lundi 30 avril 2012

La légitimité des pollutions

Aux racines de l’inconscience écologique  
(28 avril 2012, Jade Lindgaard, mediapart.fr)
 

Ruse de l’histoire ou hasard du calendrier : alors que l’écologie politique française perd en influence et en poids électoral, paraissent ces temps-ci d’importants livres pour qui s’intéresse aux liens entre environnement, économie et démocratie [...] effets du pétrole sur la démocratie moderne [...] utopies technicistes du climat [...] guerre des climato-sceptiques contre l’intervention de l’Etat [...] ou encore le récent livre d’un historien français de l’environnement, Jean-Baptiste Fressoz : L’Apocalypse joyeuse.

[...] La thèse de l’auteur est que, contrairement aux idées reçues, nos récents ancêtres n’étaient pas d’invétérés progressistes aveugles aux dommages écologiques de leurs inventions industrielles. Mais que, bien au contraire, l’innovation technologique s’est constamment heurtée à des résistances sociales (critiques scientifiques, méfiance des médias, réactions citoyennes…), elles-mêmes mues par le souci de l’air, de la nature ou de la protection des citadins contre les risques d’accident. 

Or ces oppositions au progrès des techniques ont été systématiquement balayées par de savants dispositifs administratifs, savants et industriels qui ont autorisé et, au fond, rendu légitimes des pollutions et des activités à risque pour leur environnement. Ainsi, « l’histoire du risque technologique (…) n’est pas l’histoire d’une prise de conscience, mais l’histoire de la production scientifique et politique d’une certaine inconscience modernisatrice ».

[...] il y a eu inversion du rapport de force entre la règle commune censée protéger tout un chacun et les besoins de l’industrie, parce qu’elle incarnait à la fois le progrès civilisationnel et la promesse d’un enrichissement pour l’élite. C’est déjà en soi une forme d’injustice, ou du moins, une sérieuse entaille dans la glorieuse histoire de la technologie.

[...] au fil des ans, les réglementations environnementales nous ont rassurés, malgré toutes leurs limites. La modernité a ainsi fabriqué en nous de l’inconscience, voire de l’ignorance, et nous a rendus vulnérables. C’est ainsi que nous avons laissé le monde s’ajuster à l’impératif technologique, tout en nous imaginant l’inverse. D’où ce beau titre d’« apocalypse joyeuse », oxymore (selon le sens commun du terme) qui veut décrire notre situation actuelle de pollueurs heureux, plus ou moins ignorants.

[...] Ce piège anxiolytique de la modernité continue de nous étreindre aujourd’hui, pointe Jean-Baptiste Fressoz. On le retrouve notamment dans l’éternel reproche adressé aux écologistes de vouloir en revenir « à la bougie », qui rejoue la même rengaine, opposant les tenants d’une industrialisation raisonnable et donc inévitable à leurs opposants, caricaturés en réactionnaires trop émotifs.

[...] Il esquisse aussi une théorie plus générale du gouvernement indirect par le risque. Autrement dit, le souci du risque technologique – avec tous ses angles morts et ses contradictions, une nouvelle fois – ne fonderait pas seulement une régulation publique mais aussi une manière d’exercer le pouvoir. Ce régime indirect passerait en partie par l’intériorisation, par les citoyens, des nouvelles normes créées par la poussée de la technique. 

[...] l’argument du risque accompagne la pénétration de la raison néo-libérale, puisque les deux registres partagent l’insistance sur la responsabilité de l’individu face à l’insécurité provoquée par l’innovation.

[...] la balle est désormais dans le camp des écologistes. Car si l’histoire de la prévention des risques environnementaux montre que la norme s’est soumise aux impératifs technologiques, c’est toute une philosophie de la précaution qu’il faut revisiter. Peut-on faire autrement ? Cela dépend-il des rapports de force ? De luttes sociales ? D’un meilleur partage du savoir ? D’une plus grande participation des profanes aux débats techniques ? La logique de la démocratie participative est-elle suffisante ? C’est le passionnant apport du livre de Fressoz.

Et là encore, on peut s’en servir pour revisiter l’histoire immédiate. Si le Grenelle de l’environnement a autant déçu, ce n’est donc pas seulement à cause de l’instrumentalisation politicienne dont il a fait l'objet et des fluctuations opportunistes de Nicolas Sarkozy. Les tendances sont plus profondes [...]

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Deux nouvelles études mettent en cause les néonicotinoïdes
(29 mars 2012, lafranceagricole.fr)

Le site Science Express a publié, le 29 mars 2012, deux articles issus de travaux sur les effets des insecticides de la famille des néonicotinoïdes sur les abeilles et les bourdons [...]

adressée aux actionnaires de Bayer
Nous vous appelons à voter immédiatement l'arrêt de la production et de la vente de pesticides néonicotinoïdes jusqu'à ce que de nouvelles études scientifiques indépendantes prouvent leur innocuité. Le déclin catastrophique des populations d'abeilles pourrait mettre toute notre chaîne alimentaire en danger. Si vous agissez dès maintenant et avec précaution, nous pourrons empêcher l'extinction des abeilles.

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