mardi 17 avril 2012

Les médias en campagne électorale

« DSK, Hollande, etc. » (les médias en campagne électorale)

[...] Depuis plusieurs mois que la campagne présidentielle bat son plein. François Hollande et Nicolas Sarkozy occupent à eux seuls 60% à 70% de l’espace médiatique. Comme DSK avant sa chute, François Hollande a été imposé par les médias comme le représentant de la gauche à cette élection. Et cette gauche PS, présentée comme la seule alternative crédible à la droite. Le débat habituel se rejoue, où les analystes confortés par leurs sondages matraqués en permanence ont déjà décidé du résultat du premier tour de l’élection présidentielle.



A contre-courant, Aurore Van Opstal, Julien Brygo et Pierre Carles ont mené une grande enquête qui explique comment la presse présélectionne les candidats à une élection au mépris des règles démocratiques. Le fait est classique, mais jamais analysé ni reconnu au sein des grands médias qui se cachent derrière le voile de l’opinion publique qu’ils ont eux-mêmes tissé. Le film est la digne suite du documentaire Juppé, forcément…, qui déjà en 1995 remarquait, avec l’humour acide propre à Pierre Carles, comment le journal régional Sud Ouest et France 3 Région ont d’eux-mêmes imposé Juppé comme meilleur candidat à la mairie de Bordeaux.

« DSK, Hollande, etc. » c’est LA critique qu’on ne trouve pas ailleurs, et qui s’attaque avec délectation à ce que le défunt journal Le Plan B appelait le Parti de la Presse et de l’Argent (PPA), celui-là même qui prétend décider de l’issue des élections – ou du moins d’une issue acceptable à ses yeux – à la place des électeurs.

Ce film fait suite au travail mené depuis une quinzaine d’années par Pierre Carles et ses acolytes, qui consiste a essayer de fabriquer des objets audiovisuels, des reportages, des documentaires, des longs-métrages qui cherchent à faire entendre un autre son de cloche que celui matraqué par la télévision. Des films comme Pas vu pas pris, La sociologie est un sport de combat, ou Attention danger travail en témoignent.

Le documentaire ne se cantonne pas à venir analyser a posteriori ce qui s’est joué sur notre nez, il déconstruit la réalité et donne des armes pour agir sur celle-ci !



Un film libre d’accès ? Oui entièrement libre et gratuit sur Internet, à diffuser à tous et toutes, au plus vite, pas seulement via mails et réseaux sociaux, mais aussi en organisant des projections un peu partout, pour en débattre et réfléchir ensemble. Pour comprendre comment les sondages servent à justifier les idées préconçues des pontes médiatiques, pour avoir des arguments contre le chantage au vote utile, et pour voter en toute connaissance de cause.

Oui mais pas un film gratuit. Dans la production comme ailleurs, les moyens sont le nerf de la guerre. Le premier, c’est d’être plusieurs pour mettre en commun les efforts et les connaissances. Le second, c’est d’assurer l’autonomie financière du projet et des gens qui le portent, pour que les idées et les volontés ne s’érodent pas et que personne ne s’épuise. Car pour s’attaquer au PPA il faut de la force, un ventre plein et des idées claires !

Les financements ont toujours été rares dans le créneau du documentaire. Encore plus quand on fait des films qui mordent la main de la télévision qui vous nourrit ! Le financement participatif – ou crowdfunding, financement par la foule – c’est une perspective qui se développe pour le cinéma indépendant. C’est faire appel à tous ceux qui trouvent que le film mérite de voir le jour. C’est une façon de s’unir pour lutter contre les monopoles, et d’utiliser Internet comme une source d’indépendance supplémentaire.

Comment participer ? Si on considère que ce projet doit exister, si on veut aussi s’attaquer au PPA mais qu’on a ni arme ni caméra, on peut donner ce qu’on veut, ce qu’on peut, et ainsi devenir coproducteur du film. On peut aussi bien sûr organiser une projection payante, ou encore (pré)acheter le DVD du film. Tout est décrit en cliquant ici. C’est reparti ! Après l’exemple de Pas Vu Pas Pris qui, en 1998, a vu le jour au cinéma grâce à la mobilisation de presque 4000 souscripteurs, c’est le moment de continuer le travail collectif commencé par quelques-uns, travail d’information capitale en ces temps de mensonge général. Allons-y pour cette fois, et bien d’autres suivront…

À suivre... d’autres projets de Pierre Carles en cours : 5 ou 6 façon de filmer l’ennemi : une compilation de courts à caractère pamphlétaire dans lesquels le système capitaliste, la société de consommation et la gauche bien-pensante en prennent pour leur grade. Guerilla Française, GARI, etc…


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