dimanche 3 juin 2012

La dictature financière avance ses pions

Grèce, orthodoxie libérale, pensée unique et censure : la dictature financière avance ses pions
(24 mai 2012, plumedepresse.net)


[...] j’en crois pas à mes yeux : le passage où je disais que l’aide accordée à la Grèce a été en réalité une aide aux créanciers du pays, et que les plans de sauvetage successifs ont été conçus pour protéger les créanciers d’un défaut éventuel de la Grèce, tout en plongeant le pays dans une récession de l’ordre de 20% et en le menant tout droit à la faillite, a tout simplement disparu !

Si vous regardez attentivement, vous constaterez les traces de coupure par des enchaînements assez abrupts et la non fluidité de la parole après la première intervention de Benjamin Coriat. De même est passé à la trappe, un passage vers la fin où j’avais évoqué une confrontation qui n’est pas de nature nationale entre Grecs et Allemands, mais bel et bien entre deux camps transnationaux, c’est-à-dire entre ceux qui, en marchant littéralement sur des cadavres, défendent les intérêts du secteur financier d’une part, et, d’autre part, ceux qui défendent les droits démocratiques et sociaux et en fin de compte le droit à une vie digne de ce nom.

[...] comment se fait-il que les deux coupes principales portent, comme par hasard, sur des propos concernant les vrais bénéficiaires de l’aide à la Grèce, c’est à dire les banques, ainsi que sur le caractère fallacieux de la supposée confrontation gréco-allemande ? Comme vous pouvez d’ailleurs sans doute le constater vous-même, mon temps de parole correspond à un tiers – peut-être même moins – de celui de Monsieur Prévelakis.

Celui-ci , avec sa proposition d’un médiateur, sous la tutelle duquel devrait se mettre la Grèce, proposait rien de moins que de suspendre les procédures démocratiques en Grèce et de placer Sarkozy (!) à la position d’un tuteur du peuple grec qui ne saurait être représenté par ses élus, surtout si ceux-là appartiennent par malheur au Syriza. J’ai bondi mais on ne m’a pas laissé le temps de réagir en coupant là l’émission. Conclure l’émission sur ce propos est absolument scandaleux.

[...] que penser de la proposition émise par Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), jamais élu par quiconque, qui formule lui aussi l’idée de Prévelakis de « suspendre les procédures démocratiques » ? « Jean-Claude Trichet a proposé jeudi que l’Union européenne soit habilitée à prendre en charge le budget d’un État membre s’il constate son incapacité à mettre de l’ordre dans ses finances, dans le cadre de mesures pour préserver l’euro des conséquences de la crise grecque.

L’ancien président de la BCE, dont le mandat s’est terminé en novembre, préconise, en l’absence d’une union fédérale politiquement difficile à appliquer, l’activation d’un mécanisme fédéral exceptionnel, quand la politique budgétaire d’un pays menace l’ensemble de l’union monétaire. (…) Jean-Claude Trichet a noté que les éléments de ce mécanisme étaient déjà en place, les pays membres ayant accepté, dans le pacte budgétaire européen, de surveiller leurs budgets respectifs et de sanctionner les déficits excessifs.

La prochaine étape, selon l’ex-patron de la BCE, serait de placer un pays sous administration européenne quand son gouvernement ou son parlement ne sont pas en mesure d’appliquer des politiques budgétaires approuvées par l’UE. » C’est loin d’être la première fois que nous parlons de dictature financière : qui peut désormais nier que c’est bien de cela qu’il s’agit ? [...]

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