L'échantillon
était représentatif : professions libérales, enseignants, beurs,
conseillers municipaux...
Les
uns s'occupaient à refaire le monde ou à lire le Progrès devant un petit noir,
un blanc ou un rosé. A la porte du bar d'autres imprégnaient leurs poumons de
nicotine. Les retraités déambulaient paisiblement ou se regroupaient sur les
larges trottoirs de notre avenue républicaine. Quant aux élus, ployant sur le
poids de leurs responsabilités, mais ne rompant point, ils gravissaient,
sereins et alertes, les marches du palais communal.
Les
plus nombreux venaient de voter à droite aux municipales. Certains
s'appretaient à rejoindre le camp bleu marine à l'occasion des européennes. Il
y avait même un ou deux électeurs de gauche.
Mais
presque tous partageaient la même intime conviction.
A
la question que je posai à 20 d'entre eux, 19 firent la même réponse.
Voici
la question : « le nucléaire produit-il plus ou moins de 50 de
l'énergie consommée en France ? ». 19 ont répondu : plus bien
sûr ! Et un seul : moins... peut-être.
La
majorité n'a pas toujours raison, même en démocratie. Quand j'annonçai que nos
prestigieuses centrales où fissionne l'atome d'uranium nigérien satisfont 17%
de nos besoins (un petit 3% au niveau mondial), je les sentis incrédules.
Pour
dissiper leur scepticisme poli, je dus préciser que le nucléaire produit 75% de
notre électricité, c'est-à-dire 23 de l'énergie finale consommée (donc 75% de
25% =17%).
C'est
en partie sur cette confusion entre électricité et énergie totale que se fonde
l'idée fort répandue : on ne peut se passer de nos réacteurs.
Mais
cette base fragile du mythe nucléaire ne résiste pas à une information simple
et objective.
Pourquoi
est-il si difficile de communiquer sur la réelle contribution de l'industrie de
l'atome, sachant que celle-ci verrait son niveau baisser si était réellement
prise en compte la considérable consommation d'énergie du cycle entier de
l'uranium, de l'extraction du minerai au retraitement des déchets, en passant
par l'enrichissement, la construction des centrales, dont l'âge avancé
n'améliore pas le rendement.
Vous
chercherez en vain technique de production d'énergie à la fois plus gratifiante
pour le physicien nucléaire et plus énergivore.
N'avons-nous
pas droit à une comparaison objective entre le nucléaire et les énergies
renouvelables, concernant le coût, l'impact sur l'environnement, la santé,
l'économie et l'emploi.
On
peut s'étonner que nos décideurs n'exigent pas cette transparence de
l'information avant de prendre leurs décisions.
Non,
blottis dans les confortables poches de ces lobbys qui gèrent notre énergie
tout come notre eau et notre commerce, ils prennent garde de ne pas risquer le
bout de leurs nez à l'extérieur.
Ne
pourraient-ils pas recevoir quelques gouttes de pluie, ressentir le vent et le
soleil ? Et tout cela gratis ! Vite ils apprendraient que le coût de
l'énergie issue de ces sources indéfiniment renouvelées ne cesse de décroître.
Alors
ils se mettraient à … penser. Et les français à les prendre enfin au sérieux.
Oui
il est des évidences que même un politicien, fut-il énarque, ministre ou maire
d'un modeste bourg, peut comprendre.
Alors
ce sondage, pertinent ou impertinent ?
Michel
Moreau, 1er juin 2014
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