Leader d'opposition assumé,
l'ancien conseiller général de l'ex-canton de Dole Nord-est envisage de revenir
jouer les trouble-fête aux élections sénatoriales de septembre prochain. Mais
pas seulement...
Patrick Viverge, vous avez
choisi d'annoncer, en avant-première dans nos colonnes, votre candidature aux
élections sénatoriales de septembre prochain. Pourquoi avez-vous entrepris
d'accomplir cette démarche ? L'offre à gauche n'était-elle selon vous pas suffisante
entre la candidature de Jean-Claude Wambst, investi par le Parti Socialiste, et
celle de la France insoumise ?
Trouble-fête non mais
promoteur de débat oui.
Le Sénat est perçu par
les Français comme inutile, onéreux et retardant souvent les travaux de
l’Assemblée Nationale n’ayant pour vocation que de recycler les élus
rêvant des ors du palais du Luxembourg.
Le
Sénat, qui devrait représenter l’ensemble des communes, n’est
plus en phase avec elles.
Il doit donc se
réformer ou disparaître.
La décentralisation a
créé des communautés de communes et d’agglomérations qui permettent de faire
ensemble ce que l’on ne peut faire seul mais elles sont devenues des trous
noirs démocratiques avec des dirigeants que l’on n’élit pas et un programme
qu’on ne peut choisir.
Ces dirigeants des villes centre ont créé une rupture
avec les Maires des petites communes et les citoyens en confisquant le pouvoir.
Les nouveaux électeurs sont mieux
informés et sont en capacité de contester les décisions politiques, mais ils
font confiance aux Maires pour qui ils se déplacent pour voter. Il faut donc
leur redonner du pouvoir en les consultant.
Je crois qu’il est temps
de faire du Sénat un vrai
espace démocratique représentatif de notre territoire et qui redonne du souffle
à la démocratie locale.
Cette question nous concerne tous, de droite comme de
gauche.
Votre
dernière campagne date de 2015, lors des dernières élections départementales.
Depuis, un nouveau paysage politique s'est dessiné sur l'Hexagone. Même si nous
ne possédons pas encore le recul nécessaire afin de dégager un premier bilan
des résultats que cela laisse augurer, quel constat tirez-vous de cette
nouvelle donne ?
Tout cela ressemble
plutôt à la conclusion des 30 dernières années. Les lignes se sont brouillées entre
une droite flirtant parfois avec les extrêmes et une gauche déchirée entre
l’affirmation de positions sociales et
écologistes lorsqu’elle est dans l’opposition et une soumission aux politiques
néolibérales une fois au pouvoir. Le résultat ce sont les plus hauts taux d’abstention jamais
atteints.
J’espère que cela permettra enfin la clarification nécessaire
qu’attendent les Français et permettra de recréer la confiance.
Aujourd'hui, le Parti Socialiste
est en pleine implosion, pris entre les deux feux de la France insoumise et de
la majorité présidentielle. Et vous dans tout cela, où vous situez-vous sur ce
nouvel échiquier politique ? Comment envisagez-vous de rassembler largement ces
différents camps, afin votre candidature puisse l'emporter ?
Je me considère de
gauche, progressiste sur les questions sociétales et plutôt régulateur sur les
questions économiques face aux dérives des marchés financiers.
Je ne suis pas dogmatique, je recherche
d’abord le bien commun.
La gauche représente pour moi des valeurs, une histoire, des racines. Cet enracinement
me permet de ne pas craindre le débat et de respecter, comme je l’ai toujours
fait, mes adversaires politiques.
J’ai
souvent réussi à faire avancer des dossiers en associant élus de droite et de
gauche. C’était mon engagement pour notre département.
Vice-président du Service Départemental
d’incendie et de Secours, je ne me suis
pas soucié de la couleur politique des élus municipaux pour décider de la construction ou
de la rénovation de centres de secours.
La réalisation de La maison des adolescents du Jura, dont je suis très
fier, a pour vocation d’accueillir les
adolescents du Jura quelles
que soient leurs opinions, confessions, leurs sensibilités politiques ou
celles de leurs parents.
Je n’ai jamais
appartenu ni à une meute ni à un troupeau.
Ma candidature se fait autour d’une idée
forte de ce que devrait être notre démocratie. Cette idée est portée par une
proposition de loi que je compte faire passer et que j’exposerai publiquement
début septembre. Elle a pour objectif de redonner du pouvoir aux
élus locaux et aux citoyens.
Une véritable rupture avec ce qui se pratique aujourd’hui.
Vous êtes un spécialiste des
questions de santé. Quel est votre avis sur l'évolution de l'offre de soin du
territoire ?
Si on veut réduire les déserts médicaux,
il faut un bon diagnostic pour proposer un traitement efficace.
Quelques chiffres
• 25% de Médecins diplômés en France n'exercent finalement pas la Médecine ! Ils ont une autre activité (journalisme, administration, ou rien).
(Données 2015)
•
Le travail administratif d'un médecin
généraliste représente 30% de son temps. (Ordre national de médecins.)
• Avec
281 087 médecins inscrits au tableau de l’Ordre en 2014, la France n’a jamais
compté autant de médecins et le nombre de médecins actifs a doublé en 35 ans.
Les médecins ne
veulent plus travailler comme leurs aînés mais en groupe et se libérer du temps pour leurs loisirs et
leurs familles ce qui est légitime. La féminisation de la profession accentue
cette tendance : elles sont 58% inscrits à l’ordre chez
les moins de 45 ans.
Les maisons de santé
ou les maisons médicales, l’idée semble faire l’unanimité. Pourtant ce n’est pas la réponse aux déserts
médicaux si elles ne sont pas initiées par les praticiens de santé eux
même. Il ne suffit pas de créer une
maison de santé pour que des médecins s'y installent. Il faut les penser avec les praticiens eux-mêmes
et les accompagner. Par exemple,
aider les Municipalités à financer un
poste de secrétaire, ou de comptable
pour libérer les praticiens des tâches administratives.
Toujours localement, quel est
votre avis sur les dossiers du Center Parc de Poligny, ou de l'aéroport de
Dole-Tavaux ? Comment envisagez-vous de voir appliquer dans le Jura une
politique plus écologique ?
Il faut écouter ce que
disent les citoyens. Nombreux sont ceux qui s’opposent au Center parc. Leur avis est
important. Pour ma part je n’y suis pas favorable et je n’ai jamais voté dans
le sens de sa réalisation. L’impact environnemental me semble trop important
pour un bénéfice hypothétique en terme d’emplois. Le Jura est un département
magnifique et s’il veut attirer des touristes et créer des emplois, il a
d’autres atouts. Ecoutons les associations et les collectifs, ils ne manquent pas d’imagination et de créativité.
L’aéroport, le
Département en a hérité. En novembre 2011 j’ai organisé avec les jeunes
écologistes un débat public sur le
sujet. La donne a changé, il faut réitérer ces débats contradictoires. Je ne suis pas pour la multiplication des
aéroports et autres projets inutiles. Mais j’ai toujours défendu l’intérêt que représentait celui-ci à
condition que ce soit l’aéroport unique de Bourgogne Franche Comté. L’aéroport ne doit pas se contenter de transporter des touristes en vacances mais
d’en amener. Notre belle grande région en vaut
la peine. Il doit être un pôle de développement
économique. L’aéroport de Dijon représente un coût important en
fonctionnement et un intérêt mineur depuis le départ de l’armée.
Les élus bourguignons
doivent accepter sa fermeture.
Nous
nous sommes laissé dire que les prochaines élections municipales (doloises),
pourraient aussi faire partie de vos futures ambitions... Vous confirmez ?
Je n’ai pas vocation à
être candidat à tout. Mais oui, je suis attaché à Dole. Je fais donc attention à ce qui s’y passe.
Mon ambition c’est de servir, je l’ai fait pendant 11 ans au Conseil général en
y consacrant tout mon temps sans jamais cumuler de mandat avec toute mon énergie mon enthousiasme
et ma passion. Je le fais aujourd’hui, plus
discrètement et avec beaucoup de satisfaction dans une association caritative
et humanitaire.
Demain une autre page
s’ouvrira, rien n’est écrit mais je suis convaincu que beaucoup de Dolois ont
le talent et la compétence pour remettre
de la vie dans cette superbe ville. Je serais heureux de les aider.
En 2010 avec André
Vauchez, nous avons fait venir, René
Dosiere à Villette les Dole pour nous parler de la moralisation de la vie
politique. Beaucoup en parle, moi je l’applique. Je n’ai jamais cumulé de
mandat. « Les affaires » ont discrédité les élus pourtant n’oublions pas le
travail fait, souvent dans l’anonymat le plus complet, par les édiles des communes rurales.
Ce sont
des personnes normales qui s’engagent pour les autres avec respect et
dévouement.
Pour moi, c’est ça être un élu.
Je serai Sénateur à 100 % ! Bel été à tous.
Hebdo 39 le 24 juillet 2017
Hebdo 39 le 24 juillet 2017