dimanche 22 septembre 2013

Clinique / Hôpital : explications

Suite au conseil de surveillance du 11 septembre, celui-ci refuse la proposition de la Directrice de l’Agence Régionale de Santé de signer le protocole pour le rapprochement de la clinique et de l’hôpital. Pourquoi ?

Les ARGUMENTS  de la Directrice de l’ARS :
1/ Le temps jour contre nous.
2/ La démographie médicale se dégrade jusqu’en 2020 ce qui va poser des problèmes de recrutement des médecins.
3/ L’hôpital lui-même se dégrade, il a été construit en 1973 et nécessite de nombreux travaux.
4/ Actuellement, le Ministère  est dans de bonnes conditions pour soutenir pécuniairement le rapprochement de ces 2 entités.
Suite à la proposition de l’ARS de nombreuses  interrogations restent sans réponse. Pour l’ARS, il faut aller vite,signer le protocole et les différents problèmes posés seront réglés plus tard. Pour ma part, je pense qu’il est nécessaire d’avoir des réponses à nos questions et la signature du Protocole viendra ensuite.

Ma réponse :
Le temps joue contre nous. Certes, cela fait 15 ans qu’on parle de ce rapprochement mais très peu de temps que les médecins l’envisagent réellement et progressent dans leur « projet médical commun ».
Ce rapprochement, jusqu’à quelques mois, était soumis à l’acceptation d’un Groupement de Coopération Sanitaire proposé par l’ARS. Ce GCS était inacceptable et inenvisageable, puisqu’il obligeait le personnel de la clinique à devenir de statut public ou le personnel de l’hôpital à devenir de statut privé.Cette proposition de l’ARS qui  nous a fait perdre beaucoup de temps est aujourd’hui abandonnée. Une simple coopération est envisagée.
Le transfert de la chirurgie de l’hôpital à la clinique engendrerait des coûts énormes ; de plus il est nécessaire de faire des travaux de réfection importants à l’hôpital qui s’évalue en millions voir dizaines de millions d’€uros.  (50 à 60 pour le Président du Conseil De Surveillance)
Je pense que ce transfert serait sans retour.

Ma proposition  est de créer une structure neuve en partenariat avec la clinique, tel que ça été fait à Arcachon pour moins de 100 millions d’€uros pour un bassin de population de la moitié du bassin dolois ou pour 120 millions d’euros, à Annemasse (le Centre Hospitalier Alpes-Léman) pour un bassin de population très supérieur a celui du bassin dolois (Annemasse plus de 250 000 Habitants).
Un nouvel hôpital permettra de diminuer les coûts de fonctionnement, de rationaliser les espaces, d’offrir de meilleures conditions de travail au personnel ,d’augmenter l’activité, et d'être attractif pour les professionnels de santé

60 millions pour rafistoler un vieil hôpital, ou financer 120 millions, en faisant participer  la clinique, pour une structure neuve. C’est du bon sens, les financiers ne s’y tromperont pas.


samedi 21 septembre 2013

Cinquième traversée du grand Dole

Je suis très heureux de ma participation à la 5ème traversée du Grand Dole.
 Heureux car cela nécessite de s’entrainer, de courir parmi des gens sympathiques  et agréables ;  une équipe dynamique et une épreuve conviviale.
 Heureux également du soutien  à des association qui je connais bien.
L’association « Voir autrement » représentée par Stephanie BAZIN,  association  qui a besoin de fonds pour informer et permettre un diagnostic précoce pour des pathologies, telles que la dégénération maculaire, qui peut conduire à la cécité dans le cas d’un traitement trop tardif.
Egalement pour l’association AVC 39 représentée ici par Didier PETITJEAN que je salue et qui a besoin également de fonds pour pallier  cette fois à une urgence de traitement.
Mon expérience professionnelle m’a obligé à m’occuper des personnes ayant subi des accidents vasculaires et on sait qu’une récupération peut être totale ou au contraire laisser des graves troubles neurologiques et moteurs si le traitement est intervenu trop tardivement.
Aujourd’hui, en participant à cette 5ème Traversée du Grand Dole, nous avons tous apporté  une petite contribution   à ces associations qui le méritent, participations  même minimes à 2 grandes causes.
Cela me fait pensera une légende : la forêt brûle et les animaux fuient, seul un colibri  verse un peu d'eau avec   son bec  sur les flammes. Un animal s’arrête et lui dit : colibri tu es fou, ce que tu fais est totalement dérisoire par rapport à l‘importance de l’incendie qui ravage notre forêt. Je le sais dit le Colibri, mais moi je fais ma part.

Je pense qu' aujourd’hui, tous nous pouvons dire, moi j' ai fait  ma part et cela grâce à l’organisateur de cette manifestation, Patrick Le Bail, et à tous les bénévoles qui ont œuvré avec lui.

vendredi 20 septembre 2013

Le feu couve à Champvans

Monsieur l'Inspecteur,

Je me permets, au nom de l'ensemble des Parents d'élèves de Champvans, de vous adresser ces quelques photographies prises ce matin, alors que nous vous attendions pour le comptage des élèves.
Ne vous ayant pas vu, nous nous sommes permis de compter pour vous.
Les enfants sont 165 sur la totalité de l'école, dont 65 en maternelle, comme vous pourrez le constater sur ces clichés. Ne sont pas compter dans ces effectifs les 13 enfants de 2 ans, présents, eux, ce matin.
Nous sommes étonnés que le comptage n'était pas une priorité pour vous ce matin.
Nous osons toutefois espérer que vous saurez apprécier les conditions déplorables dans lesquelles nos enfants devront acquérir les compétences imposées par les programmes d'enseignement.
Nous apporterons, nous, parents, tout notre soutien et notre mobilisation aux enseignants et personnel, sachez-le.
Vous remerciant de nous avoir accorder ces quelques minutes de lecture, nous vous prions d'agréer, Monsieur l'Inspecteur, l'assurance de notre considération respectueuse.

Pour les parents d'élèves,



Stéphanie CHAMPENOIS

Monsieur l'Inspecteur,

Je me permets de vous écrire à nouveau au nom de l'ensemble des Parents d'élèves de Champvans.

Malgré notre mail du 3 septembre, notre courrier et notre rassemblement de la semaine dernière (voir documents ci-joints), vous ne semblez pas porter beaucoup d'intérêt au problème d'effectifs des 2 classes de maternelle, puisque nous n'avons pas de réponse de votre part...

Comme vous le savez, les conditions d'enseignement sont déplorables autant pour les enfants que les enseignants.

Puisque les courriers ne suffisent pas, nous sommes prêts à nous mobiliser, afin de briser votre silence et surtout que vous nous apportiez une solution à une situation insupportable. 

Dans l'attente de vous lire, nous vous prions d'agréer, Monsieur l'Inspecteur, l'assurance de nos salutations distinguées.



Pour les Parents d'élèves

S. Maire
Réponse de l'inspecteur

Madame Maire,


 Je suis tout à fait disposé à vous rencontrer pour évoquer avec vous la situation de l'école de Champvans et vous 

engage à prendre rendez-vous avec mon secrétariat à cet effet.

 ;Je vous prie d'agréer, Madame, l'expression de mes salutations distinguées.


Jean-Pierre BLANC, IEN de Dole 3
03.84.72.83.62

dimanche 15 septembre 2013

Patrick Viverge est favorable « à la construction d’un nouvel hôpital public »


12/09/2013
http://www.leprogres.fr/jura/2013/09/12/patrick-viverge-est-favorable-a-la-construction-d-un-nouvel-hopitalpublic
Comme prévu, le conseil de surveillance de l’hôpital Pasteur a exprimé mercredi soir un avis négatif sur le projet « d’accord cadre de partenariat relatif à l’organisation de la chirurgie sur le bassin dolois » (voir notre édition de mercredi). Le président du conseil de surveillance, Jean-Claude Wambst, a voté contre, tout comme le président du Grand Dole Claude Chalon et le conseiller général de Dole Nord-Est Patrick Viverge.
Rappelons que l’hôpital prévoit de déménager pour quelques années son plateau technique (bloc opératoire) sur la polyclinique, le temps de construire un nouveau plateau commun sur le site de l’hôpital. Ce qui aux yeux de nombreux observateurs ressemble à une véritable usine à gaz. Comme tous les élus, Patrick Viverge « n’est pas contre un rapprochement hôpital clinique », mais pas n’importe comment. « Sur l’aspect juridique, j’étais déjà opposé à la mise en place d’un groupement de coopération sanitaire, car selon qu’il sera de droit public ou de droit privé, l’une des parties sera contre. Mais ce GCS a été abandonné et on parle désormais de « coopération » constate le vice-président du conseil général, qui lui non plus ne croît pas au retour du bloc à l’hôpital, si celui-ci devait déménager sur la clinique. « Ce qui nécessiterait par ailleurs plusieurs millions d’euros d’investissement ! ». Patrick Viverge serait pour la construction d’un nouvel hôpital ; « Si l’on veut vraiment un hôpital public, que l’on fasse un hôpital neuf avec une coopération hôpital clinique. C’est possible à moins de 100 millions d’euros, comme cela s’est fait à Arcachon par exemple ».
Le conseil de surveillance a voté un amendement demandant un délai de réflexion de six mois sur le volet bloc opératoire.
Serge Dumont
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samedi 7 septembre 2013

Des Socialistes se rebiffent ! Appel de socialistes pour les retraites

Il y a 30 ans avec toute la gauche, c’est nous qui instaurions le droit à la retraite à 60 ans.

En 1993, 1995, 2003, 2007, 2010, la droite n’a cessé de remettre en cause le droit à la retraite et a sévèrement baissé le niveau de nos retraites. La retraite médiane nette (une fois payée la CSG et la CRDS) est, aujourd’hui, égale à 993 euros par mois.

En mai et juin 2012 la gauche a été élue pour défendre nos droits à retraite, pas pour les remettre en cause.

C’est à nous, la gauche, de défendre le droit au bonheur après 40 années de labeur. Les meilleures années de la retraite c’est entre 60 et 65 ans. Les plus dures années au travail, c’est entre 60 et 65 ans. Si on vit plus longtemps, c’est en partie grâce à la retraite à 60 ans. Si on vit plus longtemps ce doit être pour en profiter plus longtemps.

Depuis 1994, l’espérance de vie à 60 ans a gagné un peu plus de 2,5 ans en moyenne. Or il faut maintenant cotiser 4 ans de plus qu’à l’époque pour une retraite à taux plein. Nous perdons donc plus d’une année de retraite en bonne santé. C’est inacceptable !

L’espérance de vie augmente… donc nous devrions travailler plus longtemps ? Faux : chaque actif produit aujourd’hui 5 fois plus qu’en 1949. En dépit de toutes les exigences de la Commission européenne, rien n’oblige à reculer l’âge de départ, rien n’oblige à augmenter les annuités, rien n’oblige à baisser le niveau des pensions.

La droite, les libéraux, l’UE, la BCE, le FMI, le Medef, tous veulent baisser le montant des retraites, aligner tous les régimes vers le bas, porter l’âge du départ à la retraite à 65 et 70 ans et les annuités cotisées à 45 ans ! La vraie raison n’est pas de sauver le système par répartition mais, au contraire, d’obliger ceux qui peuvent, à souscrire à des assurances privées.

Les prévisions de « déficits structurels » se sont révélées fausses :

l’espérance de vie ne s’allonge pas autant qu’annoncé et l’espérance de vie en bonne santé, autour de 62 ans selon l’INSEE, se réduit depuis 2008 ;
la natalité de notre pays connaît un « boom » depuis 2000, avec 850 000 naissances par an, le double de ce qui était prévu. Il y aura assez de jeunes pour cotiser pour les retraites… si on crée de l’emploi !
Quant aux « déficits conjoncturels » ils sont limités, dus au chômage de masse et au blocage des salaires et des cotisations sociales.

La France n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal redistribuées.

En 1982, les dividendes percevaient 3,2 % du produit intérieur brut. En 2011, ils se partageaient 9,3 % du PIB. C’est 180 milliards d’euros par an, versés aux actionnaires, après que les entreprises ont effectué leurs investissements productifs. 180 milliards dont la plus grande partie ira gonfler de nouvelles bulles spéculatives plutôt que de financer nos retraites et augmenter les salaires.

Il n’y a pas d’urgence à une nouvelle réforme des retraites.

Il y a urgence, du fait de la récession, à relancer l’emploi, la consommation populaire et l’investissement public.

Ceci suppose une meilleure répartition des richesses, donc un meilleur partage du travail et un partage des revenus plus favorable à ceux du travail.

Accepter l’allongement du nombre d’annuités, aujourd’hui ou demain, aggraverait la situation.

Prétendre, comme l’affirme le Medef, que nous aurions le libre choix de continuer à travailler ou de prendre notre retraite est un mensonge. Dans le secteur privé, 60 % de ceux qui prennent leur retraite ne sont plus au travail, ils sont au chômage, en maladie ou en invalidité. 40 % des salariés du public et du privé n’ont pas le nombre d’années suffisant pour bénéficier d’une retraite à taux plein et subissent une décote, surtout les femmes.

Obliger les salariés âgés à travailler plus longtemps, est une aberration alors que des centaines de milliers de jeunes sont à la recherche d’un emploi.

Depuis 2010, le Parti socialiste a élaboré de solides propositions :

« l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans »;
« la possibilité pour les salariés ayant occupé des emplois pénibles de bénéficier d’une retraite anticipée » ;
« un niveau de pension permettant aux retraités de vivre correctement » ;
« l’introduction de nouvelles ressources dans le système en mettant à contribution les revenus du capital à hauteur de 19 milliards d’euros » ;
« la sauvegarde du système de répartition ».
La gauche élue doit aussi, pour rétablir la confiance en notre système de retraites par répartition :

prendre en compte les années d’études, de formation, de stage, d’apprentissage, notamment pour les jeunes ;
combler la différence du montant des retraites entre les hommes et les femmes qui perçoivent, en moyenne, 40 % de moins;
garantir un taux de remplacement à 75 % du revenu d’activité, revaloriser les retraites inférieures au Smic, refuser toute désindexation des retraites et refuser qu’il puisse y avoir des retraités vivant sous le seuil de pauvreté.
Nous autres, socialistes, le disons avec force :
Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins !

socialistes de Saint-Denis (93) sur le projet de loi du gouvernement portant sur les retraites


vendredi 6 septembre 2013

La canicule, dix ans après Par Patrick Pelloux

Comme l’été se termine et que je fête mes dix ans de mariage avec le soleil dans le cadre de son activité caniculaire, je me devais de vous écrire ce qui à mon sens a changé après cette période.

Allô, Pelloux?Ce qui frappe après ces dix ans, c’est la pauvreté intellectuelle et politique de l’analyse sur les nécessaires évolutions médico-psycho-sociales de la civilisation française et, surtout, européenne. La canicule a tué 20000 personnes en France, et entre 70000 et 80000 en Europe. Le soleil tue et le réchauffement climatique est là. Le politique est responsable! Même s’il ne fait pas la pluie ni le beau temps, il dirige le pays et, donc, les crises. En 2003, le gouvernement et la technostructure se sont discrédités, car ils ont été dans le mensonge et la contemplation d’une catastrophe.

Un bel exemple: tous les responsables de santé publique ont continué de belles carrières, comme si aucune faute n’avait été commise. Le Pr Mattei, alors ministre de la Santé, fut nommé à la tête de l’École nationale de santé publique, puis a dirigé la Croix-Rouge française jusqu’en juin dernier. Les membres de son cabinet ont eu de belles promotions, comme le Dr Cédric Grouchka, qui s’était copieusement trompé, mais a continué dans tous les ministères avant de devenir un des responsables de la Haute Autorité de santé (HAS), organisme chargé de la qualité de la santé en France. Ou encore le Pr Abenhaïm, responsable en 2003 de la direction générale de la santé, qui a démissionné mais a poursuivi sa carrière en tant qu’expert en épidémiologie et catastrophes à l’OMS. Etc.

Chirac, alors président de la République, rentra d’on ne sait où et fit un discours bâclé et confus où il annonça un «plan urgences» totalement irréaliste et qui n’avait d’urgent que l’intitulé. Dix ans après: échec total. D’abord, aucune faute n’avait été commise par la médecine libérale, puisque c’était bien Mattei qui avait supprimé l’obligation de participer aux gardes de ville en 2002. Ensuite, en dix ans, toute la logique politique visant à faire de la santé une marchandise a été mise en place, car il ne fallait surtout pas arrêter le plan Hôpital 2007, dit «hôpital entreprise».

LE LUNDI AU SOLEIL…

Rien n’a changé dans la politique hospitalière, malgré le manque criant de moyens pour les hôpitaux publics. Le problème de l’aval des urgences est devenu chronique, méprisant pour les malades, calomnieux pour les personnels des urgences. Le plan «urgences» Chirac, ce furent 489 millions d’euros qui ont fondu comme neige au soleil de 2004 à 2007, pour ne rien changer. Aucune création d’emplois, et les prétendues créations de lits de soins de suite et de rééducation n’ont pas compensé les fermetures. Pire: la gabegie de l’informatique dans les hôpitaux, un véritable scandale où des millions d’euros ont été balancés dans des systèmes incompatibles les uns avec les autres, des grands machins dont les licences sont des rentes en or pour des multinationales d’informatique, des ordinateurs partout et le regard des soignants qui a quitté celui des malades pour tenter de faire fonctionner des appareils déjà obsolètes dès leur installation…

De toute façon, il ne fallait pas que la canicule détruise ce mensonge politique racoleur voulu par la droite néolibérale: «les hôpitaux ne fonctionnent pas à cause des 35 heures» ou encore «c’est à cause des 35 heures qu’il y a eu
la canicule». Mensonge! Les 35 heures n’ont jamais pu être effectives parce que les 48000 emplois qui auraient dû être créés en 2002 ont été annulés dès l’arrivée de Mattei. Pire: la loi «Hôpital, patients, santé et territoires» (HPST), nventée par Bachelot et voulue par Sarkozy, fut la suite de l’hôpital entreprise de Chirac. Bachelot avait lancé la tarification à l’activité, arme de destruction massive des hôpitaux grâce à deux éléments: la concurrence entre les hôpitaux et entre les médecins et la règle du déficit zéro.

Les leçons politiques de la canicule ont été nulles, et le peuple méprisé. En dix ans, le pays ne sait toujours pas se préparer en cas de grande calamité et les hôpitaux manquent de moyens. Ou alors on crée des scandales à près d’un milliard d’euros, comme avec les vaccins Bachelot pour éviter une épidémie qui n’a pas existé. Mais il fallait faire peur: bonne vieille recette pour diriger un pays. Il y a aussi un élément stratégique important: pour un grand nombre de professeurs, les drames d’un pays seraient dus aux épidémies ou aux médicaments. Mais il y a aussi les calamités écologiques: c’est pour cela que j’ai été fier d’être un lanceur d’alerte. Il ne faudrait pas dire la canicule, mais les canicules, tellement
elles peuvent prendre des formes différentes. Celle de 2006 a été longue et moins forte qu’en 2003, mais a fait environ 7000 morts.

Mamie et la canicule, par Charb

Soulignons les mobilisations des collectivités territoriales pour lutter contre l’isolement des plus âgés. Mais le retard considérable de la mobilisation en cas de chaleur du monde du travail n’empêche pas les ouvriers de cuire dans le béton ou
sur les routes aux heures les plus chaudes. L’Europe aurait dû lancer des normes rigoureuses d’isolement des habitats, protéger les travailleurs, renforcer la lutte contre le réchauffement… À côté de ça, le « tout-climatiseur » est arrivé, grand consommateur d’énergie (mais aussi grand porteur de germes, car ces appareils sont rarement entretenus), et donc favorisant le réchauffement climatique.

Le plan canicule de Marisol Touraine, par CharbSur le terrain de la santé, alors qu’il fallait créer des postes de médecins, d’infirmières, de soignants, du lien entre la ville et l’hôpital, ce fut une pluie d’orage technocratique qui s’est abattue sur le système pour le noyer dans des agences de santé, des observatoires, des instituts de surveillance, des doublons ministériels pour contempler des courbes et, surtout, valider la casse des hôpitaux publics. Le philosophe Ivan Illich, dans Libérer l’avenir (1971) et La Convivialité
(1973), l’écrivait avec précision : l’empilement des appareils et technostructures engendre inexorablement les défaillances du système lui-même. Le drame des hôpitaux publics et du système de santé en est un bon exemple. …

LE DIMANCHE AU CIMETIÈRE

Tous les rapports sur la canicule de 2003 sont restés dans les placards, dont celui de Claude Évin, qui fut très aimable avec le gouvernement. C’était quatre ans avant sa nomination par Sarkozy à la tête de l’agence régionale de santé d’Île-de-France. En dix ans, les urgences ont débordé, de 13 millions de passages en 2003 à 17 millions en 2012. Avec des moyens de plus en plus faibles et des fermetures de lits permanentes.

Mais, surtout, la canicule a failli enterrer, avec ses victimes, la Sécurité sociale et la solidarité. En juillet 2011, Sarkozy et Bachelot ont lancé l’idée d’une assurance privée obligatoire passé la cinquantaine pour payer la dépendance, tuant ainsi la Sécurité sociale. La canicule a révélé à la France son vieillissement, un choc de civilisation où toute la morale, les habitudes familiales sont bousculées. Elle devenait donc un argument choc pour faire peur et casser le modèle social français. En dix ans, les politiques n’ont pas compris qu’il faut changer de société. Pour que tout le monde ait une place au soleil et pas seulement au cimetière.


Par : Patrick Pelloux Facebook Twitter Mail