samedi 30 juin 2012

Europe : urgence d'un référendum

Vers une ratification « rapide » du Pacte budgétaire par la France : François Hollande renie sa parole, les électeurs doivent être consultés (30 juin 2012, france.attac.org)

Á l'issue du sommet européen des 28 et 29 juin, le président de la République vient d'annoncer qu'il va demander au Parlement une ratification « rapide » du Pacte budgétaire. Il renie ainsi l'une de ses principales promesses électorales, celle de renégocier ce traité.  

Les décisions du sommet européen ne comportent en effet aucune mesure de nature à stopper la plongée aujourd'hui engagée de la zone euro dans un gouffre économique, social et démocratique. La ratification du Pacte budgétaire et les politiques d'hyperaustérité qu'il commande vont au contraire accélérer cette plongée. 

Pour Attac, la seule manière d'éviter ce désastre est que les citoyens s'emparent du débat et exigent d'être consultés par un référendum

Durant la campagne électorale, François Hollande avait affirmé de façon répétée que la France ne ratifierait pas le Pacte budgétaire sans l'avoir renégocié de façon substantielle. Il avait précisé lui-même les trois points clés de cette renégociation: la possibilité pour la Banque centrale européenne de financer directement les États, la mise en place d'euro-obligations pour que les pays de la zone euro puissent emprunter solidairement, et des mesures de relance de la croissance en Europe. Sur ces trois points, et malgré l'enthousiasme habituel, après chaque « sommet de la dernière chance », des éditorialistes et des marchés financiers devant  « des mesures enfin courageuses et décisives », l'échec est total :

1) non seulement la BCE ne financera pas directement les États, mais elle n'aura plus besoin, après le sommet du 28-29 juin, d'acheter des obligations des pays attaqués par les marchés financiers, comme elle avait du le faire à son corps défendant – en 2011. Désormais, c'est le Fonds européen de stabilité financière (puis le Mécanisme européen de stabilité qui va lui succéder) qui interviendra pour réduire la pression sur les États attaqués. Même le FESF (puis le MES) ne pourront pas être financés directement par la BCE : ils devront se financer eux-mêmes sur les marchés. En outre les pays recourant à l'aide du FESF-MES – comme l'Espagne et l'Italie très prochainement - devront signer un mémorandum les soumettant à la Troïka (Commission, BCE, FMI) ;

2) la perspective des euro-obligations est remise aux calendes grecques, et même pas évoquée dans les conclusions du sommet ;

3) quant au « pacte pour la croissance » de 120 milliards d'euros, c'est une opération de communication politique sans grande signification économique. 60 milliards proviennent de fonds structurels « redéployés »: des sommes déjà votées et programmées pour 2012-2013. C'est comme remettre un cadeau dans son emballage pour l'offrir à nouveau... L'autre moitié sont des prêts hypothétiques de la Banque européenne d'investissement pour des « grands projets » d'investissements privés dont on ne connaît encore rien. 

Ce sommet européen marque une étape supplémentaire dans la décomposition des solidarités et de la démocratie en Europe. Même si les trois promesses de François Hollande étaient pour nous très insuffisantes pour remédier à la crise, leur abandon signifie un renoncement à tout espoir d'enrayer la catastrophe qui s'annonce

En France et en Europe, il appartient aux mouvements sociaux et citoyens de s'opposer à cette démission des dirigeants européens. La pétition initiée par Attac et La Fondation Copernic peut être un outil en ce sens.

La troisième économie

Le modèle "collaboratif" va détruire des emplois
(19/06/2012, Dominique Turcq, lecercle.lesechos.fr)

[...] La collaboration est désormais la nouvelle norme de nos sociétés et de nos entreprises. Le processus est en cours d’affinement, mais il est amené à se poursuivre. De plus en plus de gens en perçoivent les bénéfices évidents : il est tout simplement plus facile de collaborer et de coopérer – souvent de façon virtuelle – que d’être enfermé dans des systèmes et hiérarchies. Collaboration, intelligence collective et les concepts qui y sont liés, aident à gagner du temps, à mieux résoudre les problèmes, à raccourcir l’accès à des experts ou à des solutions.

En bref, cela nous permet d’obtenir de réels gains de productivité [...] 

Les activités reposant sur l’arbitrage des imperfections du marché vont se réduire. En effet, beaucoup de professions qui trouvaient leur justification en palliant les imperfections de l’information disponible sur le marché disparaissent lorsque celle-ci devient facilement accessible et fiable [...]

Une partie des postes de cadres moyens vont disparaître. Parmi les activités des cadres moyens, celles qui consistaient à être des courroies de transmission pour aider les individus et les équipes à entrer en relation ou à se connecter à des connaissances ou des outils [...] vont disparaître avec le développement d’une culture collaborative, des annuaires "intelligents", des réseaux sociaux internes et externes [...]

Des emplois rémunérés seront remplacés par des travaux d’amateur disponibles gratuitement ou par des emplois faiblement rémunérés. Certains emplois dont la rémunération était justifiée par une valeur ajoutée difficile d’accès commencent à être remplacés par des services internet qui apportent "apparemment" une valeur similaire [...]

En d’autres termes, une troisième économie est née, non pas souterraine et invisible, mais partout où des emplois peuvent disparaître en raison de l’explosion des usages liés aux technologies collaboratives.

[...] Brian Arthur, l’auteur de l’article de McKinsey sur la "seconde économie", écrit : "Je soutiens qu’il se passe quelque chose de fondamental avec l’avènement de la technologie de l’information, quelque chose qui va bien au-delà de l’utilisation des ordinateurs, des médias sociaux et du e-commerce. Des relations qui passaient autrefois par des transactions "humaines" sont maintenant traitées électroniquement. Elles se déroulent dans un environnement invisible, strictement digital. En apparence, ce mouvement ne semble pas porter à conséquence – c’est presque quelque chose que nous tenons pour acquis […] il cause une révolution qui n’est ni moins importante, ni moins spectaculaire que l’arrivée des chemins de fer. Ce mouvement n’a aucune limite supérieure, pas de stade final […] il serait facile de sous-estimer à quel degré ceci va modifier les choses"

En bref, l’approche de la seconde économie soutient que les gains de productivité [...] et l’intégration de plusieurs technologies numériques ont entrainé la disparition d’emplois au profit d’une économie comme en second plan, souterraine, entièrement automatisée. La troisième économie aura les mêmes effets sauf que la force de déplacement des emplois est les hommes eux-mêmes et non des systèmes automatisés.

Les gains de productivité économique et sociale réalisés ne sont pas un facteur négatif, bien au contraire. La plupart des progrès économiques sont le résultat de gains de productivité puisque celle-ci permet de "libérer" des ressources pour des usages plus productifs. Ce précepte économique fondamental soulève cependant une interrogation importante quant à son hypothèse de base : que se passe-t-il s’il n’y a pas de tâches auxquelles allouer ces ressources disponibles ? Le chômage s’accroît. Selon les travaux mentionnés ci-dessus, nous sommes rentrés dans une ère où les destructions d’emplois pourraient bien être durablement supérieures aux créations.

"La seconde économie", par les technologies digitales, et "la troisième économie", par les technologies sociales de collaboration, peuvent potentiellement augmenter le chômage si la destruction des emplois est supérieure à la capacité de création d’emplois de notre écosystème.

[...] L’avènement d’une culture collaborative est une bonne nouvelle pour la productivité, mais elle peut être une mauvaise nouvelle notamment pour les cadres moyens à deux titres : premièrement, leurs effectifs peuvent décroître en proportion des tâches disparues, deuxièmement, ils doivent monter en compétence pour aider les autres à collaborer et à se développer grâce notamment… à la collaboration. Beaucoup de cadres moyens ne sont tout simplement pas prêts.

[...] Les opportunités sont au moins de deux ordres. Premièrement, les progrès combinés des économies seconde et troisième créeront des possibilités d’innovation et des nouvelles zones de croissance. Deuxièmement, sur un plan philosophique, ces deux nouveaux pans de l’économie pourraient nous aider à comprendre que la technologie est là pour nous aider à ce que plus de personnes travaillent et que chacun travaille moins (quitte à gagner moins), à libérer notre créativité et à profiter de la vie et de nos familles. Évidemment, d’un point de vue politique, la question de la répartition du travail et des revenus se pose, mais c’est un autre débat.

jeudi 28 juin 2012

Logique comptable

Budget : un milliard et demi d’euros en moins pour les Agences de l’eau
(Marc Laimé, 27 juin 2012, eauxglacees.com)

Le gouvernement Ayrault va priver les Agences de l’eau d’un milliard et demi d’euros sur les 13,8 milliards d’euros qu’elles avaient prévu de prélever dans le cadre de leur Xème programme, de 2013 à 2018. Soit un « manque à gagner » de près de 300 millions d’euros annuels qui va durement pénaliser les programmes d’investissement des Agences, les projets des collectivités locales, et va surtout mettre en péril les objectifs de reconquête de la qualité des eaux que nous contraint pourtant de respecter la Directive-cadre européenne sur l’eau…

Avant même l’ouverture du séminaire gouvernemental dédié aux finances publiques qui s’est tenu le 25 juin 2012 à Matignon, les premiers commentaires de presse évoquaient déjà « des coupes drastiques prévues dans les ministères ».,

A l’issue dudit séminaire les choses étaient claires. Les dépenses de l’état vont être « stabilisées en valeur absolue », (hors charge de la dette et des pensions), en 2013 et les années suivantes. Ce qui signifie qu’elles n’augmenteront pas, et ce, en dépit de l’inflation. Le gel affectera également les dotations aux collectivités locales, ainsi que les 560 « opérateurs de l’Etat », parmi lesquels Météo-France, l’Ademe ou le CNRS…

Noter que ces décisions vont au-delà de ce qu’avait annoncé le candidat Hollande, qui s’était borné à dire durant la campagne présidentielle que les dépenses publiques (Etat, sécurité sociale, collectivités locales) ne progresseraient pas plus vite que 1% en volume (en plus de l’inflation), sans préciser le sort réservé aux dépenses de l’état.

Dès lors ici la logique comptable imbécile triomphe [...]

mardi 26 juin 2012

Le paradis (fiscal)


 

Ces banques qui vous ouvrent les portes du paradis (fiscal)
(16 Juin 2012, Guy Baudon, blogs.mediapart.fr)

Le 14 juin à 8h30, les collectifs « Sauvons les riches » et « Roosevelt 2012 » nous ont donné un rendez-vous fort instructif au Métro Richelieu Drouot, là où siège une banque qui nous offre ses services d’évasion fiscale. Pardon : d’ « optimisation fiscale » [...]

jeudi 21 juin 2012

Une nouvelle nuit du 4 Août

Inégalités de patrimoine : pour une nouvelle nuit du 4 Août
(20 juin 2012, Laurent Mauduit, mediapart.fr)

Les inégalités de patrimoine alimentent de si fréquentes controverses qu’on pourrait être enclin à ne pas s’attarder sur la dernière étude que publie ce mercredi 19 juin l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). On aurait tort. Et cela pour une double raison : parce que les écarts de fortune que révèle cette étude sont encore plus spectaculaires qu’on ne le croyait. Et parce que le nouveau gouvernement a l’ambition d’engager une vaste réforme fiscale. Cette étude permet donc d’en cerner les enjeux. Plus encore : elle invite à une véritable nuit du 4 Août. Ces chiffres permettent aussi de décrypter les critiques lancées par le premier ministre britannique, David Cameron, contre les réformes de la gauche française.

[...] il y a plusieurs façons de prendre la mesure des inégalités. On peut mesurer la concentration des patrimoines en classant les Français selon leurs revenus, ou alors selon leur niveau de vie, ou enfin… selon leur niveau de patrimoine. Et dans ce dernier cas, les inégalités sont encore plus ahurissantes : l’Insee relève ainsi que si l’on classe les ménages selon l’échelle des patrimoines, « les 20 % des ménages les plus fortunés détiennent 71 % des patrimoine total ».

[...] On comprend donc le très fort intérêt de ce type d’études. Dans le passé, c’était une sorte d’étalon de mesures de la politique fiscale inégalitaire conduite par Nicolas Sarkozy. A la lecture des études menées antérieurement par l’Insee, on comprenait que le chef de l’Etat, en multipliant les cadeaux fiscaux aux plus riches au travers d’allègements en rafale sur l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), le bouclier fiscal, les droits de succession et bien d’autres dispositions encore, accentuait ces inégalités au lieu de s’appliquer à les résorber.

Et maintenant, la vertu de ces chiffres, c’est naturellement qu’ils soulignent l’urgente nécessité d’une réforme fiscale en profondeur. Pour rétablir l’ISF et les droits de succession, largement démantelés par Nicolas Sarkozy, mais aussi plus précisément, comme la gauche l’a promis depuis longtemps, pour aligner la fiscalité du capital sur celle du travail. Les chiffres de l’Insee disent plus encore : ils plaident pour une « révolution fiscale ». Oui, une nouvelle nuit du 4 Août !

Au passage, l'étude permet aussi, effectivement, de décrypter les critiques lancées, mardi en marge du G20, par le premier ministre britannique, David Cameron, contre les réformes de la gauche française. David Cameron, qui ne plaisantait qu'à moitié, a dit être disposé à « dérouler le tapis rouge » aux entreprises désireuses de fuir l'impôt en France. Et cette charge a tout aussitôt été relayée par la droite française pour dénoncer les projets socialistes. Or, l'argument est doublement de mauvaise foi.

D'abord, le système britannique qui permet d'attirer des cadres à Londres relève du pur dumping fiscal, puisque l'impôt dû est au prorata temporis, c'est-à-dire au prorata du nombre de jours passés sur le sol britannique. De plus, la logique du moins-disant fiscal, dont la Grande-Bretagne a longtemps été la championne, a grandement contribué au creusement de l'endettement public en Europe, et d'un pays à l'autre, dans des modalités différentes, l'impôt a été réhabilité. C'était une nécessité économique pour combler les déficits, mais c'est aussi, comme l'établit l'Insee, une nécessité de justice sociale.

Le PS a les pleins pouvoirs

Ça y est ! La gauche a les pleins pouvoirs. Mais alors que la nouvelle Assemblée Nationale va se mettre au travail, le président de la Banque mondiale tire la sonnette d’alarme "Ce n'est pas juste un ralentissement. Nous entrons dans une nouvelle phase de la crise. C'est peut-être une de ces périodes de l'Histoire où une action progressive augmente le risque".

Pour pousser nos députés à l'audace, pour leur dire la gravité de la situation et leur présenter les solutions de Roosevelt 2012, nous vous proposons d’aller tous ensemble, le 26 juin, mardi prochain, devant l'Assemblée. C'est le jour de la rentrée parlementaire. Il y aura tous les député(e)s et un très grand nombre de journalistes.
Nous vous donnons rendez-vous à 10 heures place du palais Bourbon, derrière l’Assemblée, devant le café Le Bourbon, pour la journée.
Pour celles et ceux qui peuvent venir une heure ou deux, sachez que les moments importants seront :

- de 10h à 11h, avant les réunions des groupes (les députés de chaque groupe se réunissent pour réfléchir à leur organisation à 11 h).

- de 12h30 à 14h45 pendant les allers-retours des députés et des journalistes entre l'Assemblée et les bureaux ou les restaurants du voisinage.

- entre 18h et 20h : sortie des députés après la séance

Des affiches illustreront nos analyses. Des documents expliquant les propositions de notre collectif seront distribués aux députés et aux journalistes.

Nous comptons sur votre présence pour montrer aux élus que des citoyens se mobilisent nombreux pour faire vivre la démocratie.
A une semaine du discours de politique générale qui va « fixer le cap », ce moment est important : il faut que nous soyons le plus nombreux et le plus convaincants possibles.

Si vous pensez venir, merci de vous inscrire grâce à ce petit formulaire pour faciliter l'organisation !

Pour le collectif,
Emmanuel Poilane et Pierre Larrouturou

mercredi 20 juin 2012

Menteurs

« Les Alimenteurs » : comment l’agro-industrie paye pour nous faire grossir
(Sophie Verney-Caillat, Rue89, 19/06/2012)



Avec sa musique badine et ses dessins enfantins, le documentaire « Les Alimenteurs », diffusé ce mardi soir sur France 5, conte comment l’agro-industrie tente d’acheter politiques et scientifiques, en faisant du chantage à l’emploi et à la publicité.

Les auteures, Stéphane Horel et Brigitte Rossigneux, s’étaient déjà illustrées dans une enquête sur les pratiques de l’industrie pharmaceutique, dans « Les Médicamenteurs » (2009).

Elles récidivent en montrant que les grands groupes de l’agroalimentaire agissent peu ou prou de la même façon. Cette fois, il s’agit de nous faire grossir [...]

mardi 19 juin 2012

Civiliser la finance

La finance solidaire aujourd’hui
(Eric Larpin, Alternatives Economiques Poche n° 055bis, juin 2012)

La finance solidaire a bien résisté depuis la crise. En 2010, le montant de l’encours de l’épargne solidaire en France a franchi pour la première fois le cap des 3 milliards d’euros. En 2011, il s’élève à 3,5 milliards d’euros, avec 900 millions d’euros investis dans des projets solidaires, 12 500 entreprises financées, 32 000 emplois créés, 4 300 personnes relogées…  

Les trois grands canaux de la collecte accompagnent cette progression : l’épargne de partage (au travers des banques et des mutuelles), les investisseurs solidaires et l’épargne salariale solidaire [...]
(lire la suite)

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Civiliser la finance
(Naïri Nahapétian et Sophie des Mazery, juin 2012, alternatives-economiques.fr)

La crise a récemment jeté une lumière crue sur les dérives de la finance internationale. Une tourmente dont les effets se font encore ressentir, révélant qu’il est plus que jamais nécessaire de « civiliser » les circuits de financement de l’économie et de mettre l’épargne au service d’un développement qui profite à tous.

Dans ce combat toujours recommencé pour encadrer les forces du marché, les pouvoirs publics sont des acteurs primordiaux : en établissant des normes et en s’assurant que les acteurs privés les respectent.

Mais la société a aussi son rôle à jouer. Et c’est là que le consommateur ou l’épargnant peut intervenir. Chacun peut en effet mobiliser son argent de manière militante grâce aux placements solidaires : produits d’investissement, de partage ou, au quotidien, comptes courants et cartes de paiement.

C’est à ceux qui veulent utiliser leur épargne de manière plus éthique que nous destinons cette neuvième édition des « Placements solidaires », entièrement mise à jour et enrichie par la rédaction d’Alternatives Economiques et Finansol, qui est cosignataire de ce numéro [...]

Et comme beaucoup de nos lecteurs s’interrogent sur l’investissement socialement responsable, souvent confondu – à tort – avec l’épargne solidaire, nous avons également donné des clés pour comprendre cette démarche, qui peut être complémentaire de l’investissement solidaire.

Enfin, nous mettons aussi l’accent sur les entreprises et les associations financées par les placements solidaires, en particulier les projets innovants. En souhaitant, avec Finansol, que l’épargne solidaire représente à terme 1 % du patrimoine des Français.

Pour autant, nous ne sommes pas naïfs : les placements solidaires ne peuvent, à eux seuls, endiguer le chômage, le mal-logement et le sous-développement, assurer la reconversion écologique de notre économie et pallier les carences du système sanitaire et social. Avant toute chose, ils interrogent notre rapport à l’argent, lui redonnant sa place initiale, celle d’un outil au service du développement humain.

Face à un système financier toujours plus complexe, déconnecté des préoccupations de la majorité de la population, ces différents placements ont le mérite de redonner du sens à l’économie et d’offrir à chacun la possibilité de s’en réapproprier les enjeux.

Justice à Besançon

Les syndicats de magistrats invitent à manifester jeudi à Besançon (Le Progrès, 19/06/2012)

Dans le cadre d’un mouvement national, l’intersyndicale de l’Union syndicale des magistrats (USM) et le Syndicat de la magistrature (SM) de Franche-Comté appellent à la mobilisation, jeudi 21 juin, à 13 h 15, sur les marches du palais de justice de Besançon. Les magistrats revêtiront leur robe et liront une motion pour alerter l’opinion publique. 

« La localisation des emplois budgétaires dans sa version pour 2012 annonce la suppression d’un poste de Juge d’instruction au sein de chacun des pôles d’instruction de Franche-Comté, explique l’intersyndicale. Cette situation apparaît particulièrement préoccupante non seulement pour les chefs de cour et des juridictions concernées mais également et surtout pour les collègues en place du siège comme du Parquet et leur équipe de greffe pour assurer la bonne marche des procédures en cours et à venir. »

Lettre ouverte à François Hollande

Lettre ouverte à François Hollande pour un référendum sur le Pacte budgétaire

La crise européenne est arrivée à un point crucial. Aveugles volontaires, nos dirigeants s’obstinent dans des politiques brutales d’austérité alors que la crise provient des dérives de la finance. Le "Pacte budgétaire" a été élaboré par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy pour corseter définitivement les politiques économiques.

François Hollande se prépare à le faire ratifier par le Parlement nouvellement élu s’il parvient à faire adopter tout ou partie du "Pacte pour la croissance" qu’il propose aux autres dirigeants européens. Mais seul un débat démocratique avec une large participation populaire peut légitimement trancher sur des enjeux aussi essentiels.

A l’initiative d’Attac et de la Fondation Copernic, des responsables associatifs, syndicaux et politiques et des chercheurs lancent une lettre ouverte à François Hollande : "Non au Pacte budgétaire, pas d’Europe sans citoyens !", demandant l’organisation d’un débat tranché par un référendum. Merci de la signer et de la faire circuler largement autour de vous !

NON AU « PACTE BUDGÉTAIRE », PAS D’EUROPE SANS CITOYENS !

 

Contradiction ?

C’est Rio+20, et la maison brûle grave
(19 juin 2012, Jade Lindgaard, mediapart.fr)

Ce devait être un sommet historique, l’inauguration d’une nouvelle alliance au service d’un double idéal : la lutte contre la pauvreté et la protection de l’environnement. Mais à la veille de l’ouverture de la conférence de Rio+20, mercredi 20 juin, plus aucune partie n’y croit. Les perspectives d’un accord sont réelles mais pour un texte qui se contente de limiter la casse.

[...] On vit toujours dans le cauchemar de Copenhague. » Le cauchemar de Copenhague, c’est l’incapacité de la communauté internationale à établir des règles pour concilier développement et préservation de l’écosystème. Depuis trois ans et l’échec du sommet de l’Onu sur le climat, en 2009, les conférences internationales se succèdent et piétinent. A l’exception notable de la réunion de Nagoya sur la biodiversité, en 2010, dont sont sorties quelques perspectives d’action.

Ces sommets butent sur la même opposition : la défense des intérêts économiques contre la protection de l’environnement. Pourtant, en 1992, quand le sommet de la Terre s’était conclu sur la promotion du développement durable, englobant à part égale l’économie, le social et l’environnement, beaucoup y avaient vu l’amorce d’un nouveau modèle de développement. A sa suite, était né le protocole de Kyoto (1997) limitant les émissions de gaz à effet de serre, la reconnaissance du principe de précaution, du principe pollueur-payeur, les agendas 21… Mais vingt ans après, en réalité, la contradiction entre l’économie et l’écologie n’est toujours pas levée. Les arbitrages des Etats continuent de pencher en faveur de l’activité économique et de la création de richesse monétaire.

C’est une première contradiction, et elle détermine en grande partie les positions les plus conservatrices, et donc paralysantes, des négociations (Etats-Unis, Canada et, dans une moindre mesure, l’Europe). A fortiori en pleine crise [...] personne ne sait où trouver cet argent [...] 


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La financiarisation de la nature
(15 juin 2012, france.attac.org)



Court-métrage d'animation sur la mainmise des marchés financiers sur la nature et les réelles alternatives portées par la société civile.

Un avenir parmi d'autres

Crise : le monde en route vers la tempête parfaite ...
(Nostradamus, publié le 17 juin 2012, atlantico.fr)

La flambée des taux d'interets en Europe s'inscrit dans un contexte politique électrique de tensions au sein du couple franco-allemand. Mais l'Europe n'est pas la seule à traverser une tempete économique. La croissance chinoise montre des signes de faiblesse, tandis que les Etats-Unis subissent un inquiétant ralentissement de la création d'emploi.

Ce contexte a éveillé la fibre prophétique de Nouriel Roubini, économiste américain et prophète de la crise des subprimes de 2008, qui s’est risqué à une nouvelle prédiction funeste. Selon lui, l'année 2013 pourrait réunir suffisamment de circonstances exceptionnelles à une crise globale qui n'épargnera personne.

Selon le spécialiste, le ciel s’est brutalement assombri sur le monde économique, plombé par une série de mauvaises nouvelles provenant de toutes les directions géographiques. Tout d’abord, la crise de l’euro s’aggrave. Un euro qui reste obstinément fort, des mesures d’austérité qui accentuent la récession dans de nombreux pays membres, un resserrement du crédit à la périphérie et les prix élevés du pétrole, sont autant de facteurs qui plombent les perspectives de reprise économique.

[...] L'économiste note qu'à l’Ouest, la performance économique des Etats-Unis s’affaiblit, avec un misérable taux de croissance au premier trimestre de 1,9%. La création d’emploi s’est affaiblie en avril et mai à tel point que les Etats-Unis pourraient atteindre la vitesse de décrochage d’ici la fin de l’année. Pire, le risque d’une récession en double creux l’année prochaine s’accentue.

[...] A l’Est, la situation n’est pas bien meilleure, en pleine éclatement de la bulle immobilière chinoise. L'économiste considère que le modèle chinois de croissance est insoutenable, et pourrait tomber à l’eau d’ici 2013. La crise d’investissement se poursuit et les réformes mises en place pour soutenir la consommation sont une réponse trop faible et trop tardive. Le nouveau leadership chinois doit accélérer les réformes structurelles pour réduire l’épargne nationale et la part de la consommation dans le PIB.

[...] lire la suite
 

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« Le scénario de l’effondrement l’emporte »
(15 juin 2012, par LAURE NOUALHAT, liberation.fr)

Dès le premier sommet de la Terre de 1972, le chercheur américain Dennis Meadows partait en guerre contre la croissance. A la veille de la conférence «Rio + 20», il dénonce les visions à court terme et dresse un bilan alarmiste.

En 1972, quatre jeunes scientifiques du Massachusetts Institute of Technologie (MIT) rédigent à la demande du Club de Rome un rapport intitulé The Limits to Growth (les Limites à la croissance). Celui-ci va choquer le monde. Leur analyse établit clairement les conséquences dramatiques d’une croissance économique et démographique exponentielle dans un monde fini. En simulant les interactions entre population, croissance industrielle, production alimentaire et limites des écosystèmes terrestres, ces chercheurs élaborent treize scénarios, treize trajectoires possibles pour notre civilisation.

Nous sommes avant la première crise pétrolière de 1973, et pour tout le monde, la croissance économique ne se discute pas. Aujourd’hui encore, elle reste l’alpha et l’oméga des politiques publiques. En 2004, quand les auteurs enrichissent leur recherche de données accumulées durant trois décennies d’expansion sans limites, l’impact destructeur des activités humaines sur les processus naturels les conforte définitivement dans leur raisonnement. Et ils sont convaincus que le pire scénario, celui de l’effondrement, se joue actuellement devant nous.
Rencontre avec l’un de ces scientifiques, Dennis Meadows, à la veille de la conférence de Rio + 20.

[...] lire la suite 

lundi 18 juin 2012

Fraude : Les banques ne l'emporteront pas au paradis (fiscal) !

Article de Témoignage Chrétien qui ne manque pas d'humour

http://www.temoignagechretien.fr/ARTICLES/Politique/Fraude%C2%A0-Les-banques-ne-lemporteront-pas-au-paradis-%28fiscal%29%C2%A0!/Default-35-3920.xhtml
et encore une référence à Roosevelt 2012

Une autre Europe est possible

Union européenne - Grèce : 1 - 0
(Publié le 18 juin 2012, Attac France)

Les grands médias, les dirigeants européens ont ouvertement menacé le peuple grec du chaos pour promouvoir la "Nouvelle Démocratie",  qui remporte de peu les élections législatives en Grèce. Le parti conservateur pourrait former une coalition avec le Pasok, d'orientation social-libérale, pour continuer à imposer le mémorandum et ses plans d'austérité  drastiques qui ont mené le pays à une récession inédite et à une situation proche de la catastrophe humanitaire.

Ce sont pourtant ces deux partis, avec la complicité des dirigeants européens – français y compris – qui ont mené la Grèce dans le gouffre : corruption d’État, cadeaux fiscaux, travaux pharaoniques, explosion du budget militaire, maquillage des comptes…

On a voulu faire croire que la gauche alternative grecque, représentée par Syriza, était hostile à l'euro. Bien au contraire, ses propositions sont  les seules à même de sortir la Grèce et la zone euro de la crise : rompre avec l’austérité, réaliser un audit de la dette pour permettre son annulation partielle (avec mise à contribution des banques et des plus riches), refonder la zone euro pour qu'elle ne soit plus soumise aux marchés financiers.

La probable coalition pro-austérité ne pourra qu'enfoncer la Grèce un peu plus dans la crise. Partout en Europe, l’austérité donne des résultats catastrophiques : l’Irlande et le Royaume-Uni, « bons élèves » de la rigueur, sont en train de sombrer. L’Espagne, attaquée par les marchés financiers, est au bord du gouffre, et l'Italie s'en rapproche. Pourtant, les dirigeants européens s’obstinent à promouvoir des politiques injustes et absurdes, tout en volant au secours des banques privées par tous les moyens.

En apparence plus nuancé, le gouvernement français se refuse lui aussi à remettre en cause l'austérité : il s’est réjoui de la défaite de la gauche alternative en Grèce, et promet lui aussi de « tenir ses engagements » de réduction à marche forcée des déficits.
Le gouvernement français s’est félicité de la victoire de la droite en Grèce, par la voix de sa porte-parole  Najat Vallaud-Belkacem (ce matin à France Inter), et a répété que la Grèce doit « tenir ses engagements » et appliquer le mémorandum.

C'est suicidaire en période de récession, et ce n'est pas le « Pacte pour la croissance » que s'apprête à proposer François Hollande qui pourra y changer grand chose : il se borne à des mesures en faveur de l'investissement privé, pour des montants inférieurs à 1% du PIB de la zone euro.

[...] il est urgent d'organiser la résistance, au plan national et européen, contre le rouleau compresseur de l’austérité. Une autre Europe est possible !

Attac France,
Le 18 juin 2012

samedi 16 juin 2012

Main basse sur les salaires

Main basse sur les salaires. Le consensus de Berlin.
(Anne Dufresne, février 2012, monde-diplomatique.fr)

Anne Dufresne est sociologue, chargée de recherche au Fonds national de la recherche scientifique (FNRS) en Belgique, auteure de l’ouvrage Le Salaire, un enjeu pour l’euro-syndicalisme. Histoire de la coordination des négociations collectives nationales, Presses universitaires de Nancy, 2011.

[...] Depuis quelques mois, Bruxelles place l’évolution des salaires au cœur de sa stratégie de résolution de la crise qui secoue l’Europe. Mieux, elle somme les autorités nationales d’obtenir des baisses. Le traité de Maastricht, entré en vigueur le 1er novembre 1993, stipulait pourtant que « la Communauté n’apportera ni appui ni soutien aux activités des Etats membres en matière de rémunération » (art. 2.6), clause reconduite dans le traité de Lisbonne.

[...] « Ce qui se passe actuellement, affirme M. José Manuel Barroso, est une révolution silencieuse, à petits pas, vers une gouvernance économique plus forte. Les Etats membres ont accepté — et j’espère qu’ils l’ont bien compris — d’octroyer aux institutions européennes d’importants pouvoirs en matière de surveillance. »

Les gouvernements ont décidé de se coordonner pour mener, à l’échelle européenne, une politique commune de régression salariale. Le pacte « euro plus », adopté en mars 2011, accélère le détricotage des modèles de négociation collective. Au-delà de la limitation des dettes et des déficits publics — qu’elle souhaite voir inscrite dans la législation de chaque pays —, l’Union européenne entend désormais s’immiscer dans les négociations nationales pour imposer sa conception de la discipline salariale.

Le « paquet sur la gouvernance économique européenne » (« six-pack »), voté par le Parlement européen en octobre 2011, assortit même le pacte — un simple engagement politique entre Etats — de contraintes juridiques. Ce dispositif, qui contient six actes législatifs européens, a été adopté dans l’urgence et en toute discrétion. [...] En matière de salaires, l’indicateur choisi comme niveau à bulle de cette architecture n’a rien d’anodin : on a préféré le coût unitaire de la main-d’œuvre (CUMO) à la part des richesses revenant aux salaires. Alors que le premier indicateur reflète l’évolution des rémunérations par rapport au reste de l’Union, le second analyse la distribution des richesses entre travail (salaires) et capital (profits). Le terme « compétitivité » maquille mal la nature du projet : une intensification de la concurrence entre les salariés européens, au sein d’une Union dont les concepteurs affirmaient pourtant qu’elle favoriserait la coopération de ses membres vis-à-vis de l’extérieur...

[...] si M. Schröder fut si vite surnommé le « camarade des patrons », c’est peut-être parce que sa bataille pour la compétitivité se solda par une défaite sociale. Sans compter que la stratégie allemande de désinflation compétitive — l’accroissement de la compétitivité des exportations par la réduction des salaires — constitue un parfait contre-exemple de coopération européenne.

[...] « Nous avons créé l’un des meilleurs secteurs à bas salaire en Europe », se félicitait M. Schröder en 2005, lors du Forum économique mondial de Davos. Depuis 2003, les politiques de flexibilisation du marché du travail (lois Hartz) ont considérablement appauvri l’Allemagne. Le travail temporaire est devenu un secteur à part entière, certaines allocations de chômage proportionnelles au revenu ont été supprimées et les « mini-jobs » (emplois flexibles payés 400 euros par mois) ont fait leur apparition. En 2011, 40 % des travailleurs étaient embauchés avec des contrats précaires et 6,5 millions étaient des employés « à bas salaire » (moins de 10 euros de l’heure). Les conventions collectives sont également devenues très vulnérables. De tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’Allemagne est celui qui a connu la plus lente progression des salaires entre 2000 et 2009. En termes réels (c’est-à-dire en prenant en compte l’inflation), ceux-ci ont baissé de 4,5 %, cependant qu’ils croissaient de 8,6 % en France et de 22 % en Finlande.

En présentant l’Allemagne comme un modèle de sortie de crise, beaucoup omettent de préciser que Berlin parvient à vendre ses produits parce que ses partenaires les lui achètent. Les exportations allemandes dépendent donc de la consommation des autres pays de la région, elle-même tributaire du pouvoir d’achat des populations. Ou, pour le dire autrement : les déficits commerciaux des uns conditionnent les excédents des autres. A tel point que, pour l’économiste britannique et éditorialiste au Financial Times Martin Wolf, la résorption de la crise actuelle implique que, dans ce domaine, « l’Allemagne se fasse moins allemande ». Toutefois, les oracles bruxellois n’en démordent pas : les capitales européennes sont invitées à imiter Berlin. Une perspective qui constitue l’aboutissement logique d’une vieille dynamique.

Dans les années 1980, le système monétaire européen (SME) a imposé à ses membres une politique d’ancrage au deutsche mark et une soumission de fait à une double orthodoxie monétaire et budgétaire dictée par les autorités monétaires allemandes. A l’époque, différentes mesures permettent encore aux Etats d’améliorer leurs coûts relatifs de production : dévaluation (jeu sur les taux de change) et désinflation compétitive (jeu sur les salaires, la fiscalité, etc.). Au début des années 1990, les critères d’ajustement structurel imposés par le traité de Maastricht consacrent l’option d’une coordination libérale des politiques économiques, laquelle résulte du rapport de forces entre les grands pays.

Tandis que la France réclame la monnaie unique comme garantie d’intégration européenne d’une Allemagne nouvellement unifiée, le chancelier Helmut Kohl impose, en retour, le modèle allemand de banque centrale et son obsession anti-inflationniste. Le déficit public ne devra pas dépasser 3 % du produit intérieur brut (PIB), la dette publique, 60 % du PIB, et les gouvernements devront viser un « degré élevé » de stabilité des prix (soit « un taux d’inflation ne dépassant pas de plus de 1,5 point le taux moyen des trois Etats membres présentant les taux d’inflation les plus bas »). A ce stade, les rémunérations ne font l’objet d’aucun pilotage direct.

En 1999, la naissance de l’euro marque un tournant : la monnaie unique interdit aux Etats toute dévaluation ou autres jeux sur les taux de change pour améliorer leur compétitivité. Conséquence : les salaires deviennent la dernière variable d’ajustement dont ils disposent pour améliorer leurs coûts relatifs de production. Une situation qui revient à exercer une pression constante sur le pouvoir d’achat des travailleurs européens. Au cours de cette période, les politiques de négociation collective connaissent une mutation fondamentale et deviennent profondément défensives. Sous la pression des restructurations en cours et de la montée du chômage de masse, beaucoup de syndicats européens (allemands en tête) révisent leurs revendications à la baisse. Comme ils négocient sous la menace de nuire à la compétitivité nationale, leur priorité n’est plus la hausse des salaires mais la conservation de l’emploi.

Une longue série d’accords d’entreprise entérinant des augmentations du temps de travail contre le maintien des postes illustrent la tendance à la dévalorisation de la négociation de branche dans toute l’Europe, comme en 2004 chez Siemens (Allemagne) ou en 2005 chez Bosch (France). L’allongement du temps de travail équivaut à une réduction du coût du travail. « La Confédération européenne des syndicats (CES) pensait que la modération salariale était un moment nécessaire dans une période de chômage très important (12 à 13 % dans l’Union), raconte M. Jean Lapeyre, à l’époque secrétaire général de l’organisation. On pensait qu’on devait faire cet effort dans l’intérêt de l’emploi. (...) Puis on s’est sentis trahis et trompés par les employeurs, car la part salariale n’a cessé de régresser sans que l’embauche s’améliore. »

Dans un tel contexte, la nature même du salaire se voit entamée. Jusque-là objet de délibération politique par excellence, celui-ci est désormais ramené au rang de vulgaire facteur de pression inflationniste ou d’amélioration de la compétitivité. Ce qui revient à évacuer définitivement la question cruciale de la redistribution des richesses.

[...] Théoriquement écarté du domaine de compétence sociale de Bruxelles, le salaire se trouve projeté dans celui des politiques économiques communes. Or le carcan macroéconomique de l’Union ne laisse d’autre perspective que le dumping salarial organisé. Puisque aucun cadre de négociation collective européenne ni aucune harmonisation par le haut n’est pour le moment envisageable dans le cadre du droit européen, la négociation ne se conçoit... qu’à la baisse. Comme si on ne pouvait imaginer une coordination des négociations de salaires à la hausse.

vendredi 15 juin 2012

L'eau, une marchandise ?

Le nouveau collectif demande un référendum sur la gestion de l’eau (Le Progrès, 15/06/2012)

[...] Pétition, débats, information du public, diffusion de documentaire : telles sont les missions que se s’est fixé le nouveau collectif « Eau », né jeudi 31 mai, à Dole [...] Hier soir, une partie de ses membres se réunissait. « Nous arrivons à un moment charnière quant à la gestion de l’eau potable pour notre ville », rappelle Axel Fricke, l’un des porte-parole et initiateur de ce collectif. Car les contrats de délégation de service public de Dole et de Goux arrivent à échéance le 31 décembre 2014.

Aussi, « il nous paraît important de porter au cœur de ces prochains mois la reprise en régie publique de l’eau potable », insiste le militant d’Attac. L’idée de ce groupe est de « faire pression et encourager les collectivités -qui y sont localement favorables, a priori-, pour rendre à l’eau son caractère de bien public et ne plus la considérer comme une marchandise quelconque. »

Aujourd’hui, à Dole, la gestion de l’eau potable est confiée à la Lyonnaise des Eaux. Sans remettre en cause les compétences de cette société, le collectif déplore que « les Dolois soient aujourd’hui captifs d’une entreprise privée, filiale du groupe GDF Suez. » Il insiste sur le fait que « les objectifs de ce type de structure et de leurs actionnaires sont avant tout financiers. D’où des conditions peu favorables pour l’usager. »

Alors, le collectif mesure bien à la fois « la difficulté et la responsabilité engendrées par une démarche de reprise en régie pour des collectivités locales. » Mais il souligne que « nombre de villes de toutes tailles ont déjà franchi le pas avec succès. » En outre, si la ville de Dole ne possède pas, à ce jour, toutes les compétences nécessaires, il serait tout à fait envisageable qu’elle se fasse épauler. Et de préciser que les dispositions du code du travail sont claires en la matière : « Il sera proposé à chaque agent de la Lyonnaise d’intégrer la régie municipale. Il n’y a donc aucun risque pour la Ville et les Dolois. »

Quoi qu’il en soit, le collectif signale qu’il entend proposer au maire de Dole, ainsi qu’au président du Grand Dole, que soit organisé un référendum local sur cette décision qu’il qualifie de « cruciale ». Au-delà de la maîtrise de la ressource, l’enjeu repose également sur la différence intrinsèque de philosophie entre une entreprise privée et une collectivité. Quand la première est tentée d’investir à minima pour dégager des profits, la seconde veille au meilleur service possible. Et là, pour le collectif, cela coule de source : l’usager se retrouve forcément gagnant sur toute la ligne.


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Vers une mutualisation des compétences ?
(Le Progrès, 15/06/2012)

Pour les membres du collectif « eau », il est indéniable qu’une mutualisation des compétences entre les villes franc-comtoises en régie permettrait « de développer des liens et de créer des synergies pour un service maîtrisé. » Ils se félicitent de cette démarche et estiment que « cette nouvelle solidarité régionale sera une garantie de réussite et un gage de qualité avec l’objectif de développer un service public de qualité sur le long terme. »

À noter, par ailleurs, qu’un contrat de collaboration entre Dole et Besançon, pour divers projets et en particulier pour la régie de l’eau à Dole, a été signé récemment. Christophe Lime, adjoint au maire de Besançon et responsable de l’eau et de l’assainissement en régie dans cette ville, se serait engagé à proposer son soutien à la municipalité doloise, le cas échéant.

jeudi 14 juin 2012

Roosevelt 2012 à la manoeuvre: Les paradis fiscaux dénoncés devant le siège de BNP

Une soixantaine de militants du collectif «Sauvons les riches», de France Libertés et de Roosevelt2012

«L'évasion fiscale bénéficie aux grandes fortunes et aux multinationales : Mme Bettencourt est imposée à 8% alors que les revenus de la classe moyenne sont taxés entre 20 et 30%, cette banque propose à ses clients de placer des capitaux dans des paradis fiscaux comme Malte, ce n’est pas normal» a déclaré Emmanuel Poilane, de France Libertés.


La presse en parle largement aujourd'hui








Pour adhérer à Roosevelt 2012   http://www.roosevelt2012.fr/

Bientôt 350 adherents dans le Jura


mercredi 13 juin 2012

Ces banques qui vous ouvrent les portes du paradis [fiscal] !

RDV : Jeudi 14 Juin à 8 h 30 au métro Richelieu Drouot (ligne 9)

Seront présents : Emmanuel Poilane, directeur de la fondation France Libertés,
le collectif Sauvons les riches, le collectif Stop aux Paradis Fiscaux, Evelyne Cohen-Lemoine, Bruno Gaccio, Patrick Pelloux, P. Viveret conseiller référendaire à la Cour des Comptes, et bien d’autres!

 À une semaine de la date limite de déclaration de l’impôt sur le revenu, les collectifs Sauvons les Riches et Roosevelt2012 vous invitent à une séance gratuite d’optimisation fiscale. Des conseillers experts ès fiscalité vous proposeront des produits de rêve, pour vous évader en cette période de soldes estivale. Attention, bonnes affaires à saisir!

Tandis que nous ployons tous d’angoisse sous le poids de la crise, de nombreuses banques s'évertuent à contourner la fiscalité française pour offrir à leur clients des services d' "optimisation fiscale", permettant aux plus fortunés et grandes sociétés d'être moins imposé que la classe moyenne.
Dans la tourmente, la banque suisse UBS, leader mondial de la gestion de fortune, est spécialisée dans l'évasion des capitaux vers la Suisse, pays qui hébergerait plus de 100 milliards d'euros évadé du fisc.
De son côté, BNP, avec 6 milliards d’euros de bénéfices en 2011, reste la banque la plus rentable d’Europe. Malgré le retrait récent de l’offre Luxumbrella, la BNP possèdait en 2010 347 filiales dans les paradis fiscaux ! Dont 62 au Luxembourg et 27 aux îles Caïmans. (Liste complète). Décomplexé, Baudoin Prot, PDG de BNP Paribas, assène que « les paradis fiscaux sont une notion floue ». Et la banque de publier un “Guide de l'optimisation fiscale” qui fait scandale récemment!

Il est temps que Sauvons les riches se penche sur le sauvetage de nos financiers incompris ! En dix ans, et en France seulement, ce sont plus de 600 milliards d’euros qui ont été soustraits à l’impôt (source : L’enquête au coeur de l'évasion fiscale, Antoine Peillon). Par ailleurs, un rapport du Parlement européen estime que la fuite vers les paradis fiscaux provoque chaque année un manque à gagner fiscal de l’ordre de 1 à 1,5% du PIB pour chaque État membre, soit un tiers du budget de l’éducation en France. Alors qu’un quart de filiales des banques françaises sont dans les paradis fiscaux selon CCFD-Terre Solidaire, une part non négligeable des bénéfices des banques françaises échappe à la fiscalité.
Sauvons les riches et Roosevelt2012 appellent le gouvernement français à prendre en priorité les mesures suivantes :
- Rendre obligatoire la transparence des comptes des entreprises
- Acter le boycott par l’état et les collectivités territoriales des entreprises ayant des filiales dans les paradis fiscaux (détails sur www.roosevelt2012.fr)
Deux de nos nouveaux ministres ont d'ailleurs travaillé sur l’évasion fiscale : A. Montebourg (rapport sur la délinquance financière avec V. Peillon) et le ministre délégué P. Canfin, à l’initiative de l’ONG de surveillance de la finance « Finance Watch ». Sans compter que François Hollande a fait de la réforme fiscale une de ses priorités. Ce sujet crucial doit donc être une priorité de l’agenda du gouvernement Hollande, "le changement [FISCAL] c’est maintenant"!

dimanche 3 juin 2012

« La crise », un opportun bâton

Les bonnes idées de l'Europe : pour diminuer le chômage, précarisons tous les salariés ! (Slovar, 31 mai 2012)

La Commission européenne tient sa solution pour réduire le chômage : Faire disparaître les contrats de travail de type CDI afin de fluidifier le marché du travail. Ce qui reviendrait à transformer tous les salariés en précaires. Génial !

A défaut d'avoir évité la transformation de l'Europe en une passoire pour tous les produits en provenance d'Asie, ce qui a détruit des millions d'emplois sur le continent, la Commission Européenne a décidé de se pencher sur le nombre alarmant de chômeurs. Il faut dire que  leur nombre en Europe est d'environ 24 millions.

A la question : Qui est responsable du chômage ? La Commission a trouvé le coupable : « (...) les lourdeurs juridiques du contrat de travail qui entravent, selon elles, la reprise de l’emploi (...) »

Et d'où sort ce « brillant » raisonnement ?

Le journal La Marseillaise nous donne quelques explications : « (...) Au niveau européen, la grande bataille d’une commission rompue aux méthodes libérales est d’améliorer la compétitivité des entreprises. Celle-ci passerait d’abord par une baisse du coût du travail. Or, le droit du travail est là, un obstacle. Définir la durée légale du travail et dans la foulée les heures sup’ qui en découlent, le type de contrat à respecter, cadrer les licenciements et les indemnités chômage .. seraient autant de frein à la productivité (...) Estonie, Slovaquie ou République Tchèque ont assoupli leur marché spontanément. Pour les récalcitrants, la crise a été un opportun « bâton » : Grèce, Espagne, Portugal et Italie se sont ainsi vu imposer une baisse des salaires, une chute du nombre de jours indemnisés, une facilité à licencier (...) »

Or, la France n'ayant pas élu Nicolas Sarkozy qui proposait de mettre en place des accords compétitivité-emploi dont l'objectif était de remettre en cause le contrat de travail, la Commission a décidé de mettre en demeure le nouveau Président et son gouvernement de : (...) revoir « le haut niveau de protection » du CDI (...) pour favoriser l'emploi durable (...) » Défense de rire !

Où on voit ressurgir le concept de contrat de travail unique à droits progressifs !

Très curieusement, l'idée serait de généraliser un seul et même : « (...) contrat de travail pour tous, sans limitation de durée, dans lequel le salarié accumule des droits en fonction de son ancienneté (...) »

A noter que cette idée fait le bonheur de Jean-Christophe Sciberras le Président l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH). Qui le justifie de la façon suivante : « Lorsqu'il y a des tensions, les entreprises commencent leurs ajustements sur les intérimaires et les CDD. Il nous semble plus juste d'offrir à tous les salariés le même contrat indéterminé, tout en garantissant à l'employeur la possibilité de s'en séparer plus simplement »

Beau comme du Laurence Parisot non ?

Il l'expliquait beaucoup plus clairement au Figaro en Juin 2011 en y ajoutant une finesse : « simplifier le Code du travail » sans oublier de se féliciter du succès de la rupture conventionnelle qui a l'avantage d'éviter ... certains plans sociaux et ... leurs obligations.

En résumé, la Commission européenne qui subit les assauts répétés des lobbies patronaux européens, comme Business Europe, dont le Medef est le correspondant français,  n'a fait que réclamer ce que tous les patrons d'Europe souhaitent voir se mettre en place.

Mais finissons plutôt sur ce décryptage de Maryse Dumas Secrétaire confédérale de la CGT qui vous donnera un avant goût de « bonne idée »

« (...) A priori, le principe d'un contrat de travail unique pour tous les salariés nous paraît très séduisant (...) Or, ce nouveau contrat de travail unique rend caduque toute la législation sur les licenciements : pas de contestation possible du motif du licenciement, pas de consultation des représentants du personnel, pas de plan social ni d'obligation de reclassement pour les employeurs. Les licenciements seraient facilités et les entreprises, dédouanées de leurs responsabilités vis-à-vis des salariés et des bassins d'emploi (...) L'utilisation des CDD est juridiquement encadrée. L'entreprise n'a pas le droit d'utiliser la précarité comme une forme d'emploi permanent (...) »

A vous de choisir votre version !

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La durée de chômage selon le sexe et l’âge
(22 mai 2012, inegalites.fr)

Les chômeurs restent en moyenne 13 mois sans emploi, mais 18 % d’entre eux connaissent une période d’inactivité professionnelle forcée de plus de deux années.

[...] La durée du chômage s’accroît nettement avec l’âge. Les chômeurs de plus de 50 ans étaient au chômage en moyenne depuis 19,5 mois. 30 % d’entre eux depuis plus de deux ans. Pour le million de jeunes sans emploi, la moyenne d’ancienneté au chômage s’élevait à 9,5 mois et 11,5 % étaient dans cette situation depuis plus de deux ans.

Les jeunes hommes sont davantage concernés par les longues périodes d’inactivité professionnelle : 10,1 mois contre 8,9 mois pour les jeunes filles. 12,4 % des jeunes chômeurs étaient sans emploi depuis plus de deux ans contre 10,5 % des femmes de 15 à 29 ans.

En proportion, le chômage frappe davantage les jeunes, qui sont aux premières loges. Mais son impact est plus fort pour les plus âgés, qui ont plus de difficultés à reprendre un emploi : moins mobiles, avec des salaires en moyenne plus élevés, etc. Une grande partie d’entre eux doit alors réduire ses exigences salariales et donc son niveau de vie. Mais alors qu’à 20 ans on peut toujours imaginer de progresser ultérieurement, à 50 ans, il est beaucoup plus difficile d’amorcer une seconde carrière.
Croissance et climat : la schizophrénie politique
(Attac France, le 24 mai 2012)

C'est dans l'indifférence quasi générale que les négociations internationales sur le climat ont repris à Bonn, cinq mois après la conférence de Durban qui avait fini par entériner le fiasco de Copenhague. En effet, loin d'avoir sauvé le protocole de Kyoto, Durban l'avait vidé encore un peu plus de sa substance, renvoyant à la prochaine conférence, au Qatar (26 novembre -7 décembre 2012) la définition du contenu d'une nouvelle feuille de route. Dans le même temps, les financements promis par les pays du Nord ne sont toujours pas là et le réchauffement global s'accélère. Et le G8, dans sa bulle, parle croissance mondiale au nom du monde entier !

Entamées suite à la conférence de Rio de 1992, les négociations internationales sur le climat sont dans l'impasse. Il y a tout juste deux ans se tenait le sommet de « la dernière chance » à Copenhague.

Depuis, un nouveau record d'émissions de gaz à effets de serre est battu quasiment chaque année : + 6 % en 2010. Les niveaux d'émissions sont aujourd'hui plus hauts que le pire des scénarios publiés par les scientifiques il y a à peine 5 ans. Nous allons vers plus de 4°C de réchauffement climatique global et la consommation d'énergie carbonée s'accroît. Les conséquences à travers le monde sont désastreuses : sécheresses en Australie et en Afrique, inondations au Pakistan et en Thaïlande, feux de forêts en Russie, montée des eaux qui menacent les îles du Pacifique, changement des saisons des pluies dans les Andes ou en Asie du Sud-Est, etc. En Europe, la dépendance aux énergies fossiles et aux matières non renouvelables s’accroît. Elle alourdit la dette extérieure et menace encore un peu plus la stabilité de la zone euro.

[...] les pays du Nord [...] s'opposent [...] à ce que la déclaration finale comporte tout langage prescriptif, toute référence à des principes qui pourraient quelque peu les engager, toute référence aux droits des populations pour l’accès aux ressources vitales.

[...] Alors que l’industrie financière est en train de provoquer un chaos économique et politique en Europe, c’est  son extension qui est proposée par la voie de la financiarisation des ressources naturelles, au nom d’une économie  et d’une croissance vertes. Pour Attac France, cette « économie verte », largement décrite dans de nombreux rapports d'institutions internationales, transcrit la volonté de soumettre tous les cycles vitaux de la vie aux règles du marché et à la domination de la technologie.

Pour sortir de l’alternative suicidaire austérité ou croissance, une transition écologique est urgente, notamment en matière énergétique. Créatrice d’emplois et ouvrant les possibilités d’un avenir commun entre les peuples du monde, elle pourrait faire de l’Europe un continent moteur pour ces transformations. [...]

La dictature financière avance ses pions

Grèce, orthodoxie libérale, pensée unique et censure : la dictature financière avance ses pions
(24 mai 2012, plumedepresse.net)


[...] j’en crois pas à mes yeux : le passage où je disais que l’aide accordée à la Grèce a été en réalité une aide aux créanciers du pays, et que les plans de sauvetage successifs ont été conçus pour protéger les créanciers d’un défaut éventuel de la Grèce, tout en plongeant le pays dans une récession de l’ordre de 20% et en le menant tout droit à la faillite, a tout simplement disparu !

Si vous regardez attentivement, vous constaterez les traces de coupure par des enchaînements assez abrupts et la non fluidité de la parole après la première intervention de Benjamin Coriat. De même est passé à la trappe, un passage vers la fin où j’avais évoqué une confrontation qui n’est pas de nature nationale entre Grecs et Allemands, mais bel et bien entre deux camps transnationaux, c’est-à-dire entre ceux qui, en marchant littéralement sur des cadavres, défendent les intérêts du secteur financier d’une part, et, d’autre part, ceux qui défendent les droits démocratiques et sociaux et en fin de compte le droit à une vie digne de ce nom.

[...] comment se fait-il que les deux coupes principales portent, comme par hasard, sur des propos concernant les vrais bénéficiaires de l’aide à la Grèce, c’est à dire les banques, ainsi que sur le caractère fallacieux de la supposée confrontation gréco-allemande ? Comme vous pouvez d’ailleurs sans doute le constater vous-même, mon temps de parole correspond à un tiers – peut-être même moins – de celui de Monsieur Prévelakis.

Celui-ci , avec sa proposition d’un médiateur, sous la tutelle duquel devrait se mettre la Grèce, proposait rien de moins que de suspendre les procédures démocratiques en Grèce et de placer Sarkozy (!) à la position d’un tuteur du peuple grec qui ne saurait être représenté par ses élus, surtout si ceux-là appartiennent par malheur au Syriza. J’ai bondi mais on ne m’a pas laissé le temps de réagir en coupant là l’émission. Conclure l’émission sur ce propos est absolument scandaleux.

[...] que penser de la proposition émise par Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), jamais élu par quiconque, qui formule lui aussi l’idée de Prévelakis de « suspendre les procédures démocratiques » ? « Jean-Claude Trichet a proposé jeudi que l’Union européenne soit habilitée à prendre en charge le budget d’un État membre s’il constate son incapacité à mettre de l’ordre dans ses finances, dans le cadre de mesures pour préserver l’euro des conséquences de la crise grecque.

L’ancien président de la BCE, dont le mandat s’est terminé en novembre, préconise, en l’absence d’une union fédérale politiquement difficile à appliquer, l’activation d’un mécanisme fédéral exceptionnel, quand la politique budgétaire d’un pays menace l’ensemble de l’union monétaire. (…) Jean-Claude Trichet a noté que les éléments de ce mécanisme étaient déjà en place, les pays membres ayant accepté, dans le pacte budgétaire européen, de surveiller leurs budgets respectifs et de sanctionner les déficits excessifs.

La prochaine étape, selon l’ex-patron de la BCE, serait de placer un pays sous administration européenne quand son gouvernement ou son parlement ne sont pas en mesure d’appliquer des politiques budgétaires approuvées par l’UE. » C’est loin d’être la première fois que nous parlons de dictature financière : qui peut désormais nier que c’est bien de cela qu’il s’agit ? [...]