Monsieur le président,
Au moment où les coupes budgétaires frappent les services publics, les
prestations sociales, les investissements d'avenir et la solidarité
internationale, la France va-t-elle sanctuariser la finance la plus
spéculative ? C'est Michel Sapin qui l'a dit : taxer largement les
transactions financières, comme le demandent la Commission européenne et le
gouvernement allemand, serait « un fantasme dangereux ou un rêve
futile » (Les Echos, 3/11). Le gouvernement veut limiter la taxe Tobin
européenne aux seules actions et à une infime partie des produits dérivés,
épargnant ainsi l'immense majorité des transactions les plus spéculatives.
Comme l’indique la presse financière, le gouvernement
français veut en fait, au prétexte d'arguments techniques fallacieux, préserver
les bénéfices de nos « champions » nationaux, BNP Paribas et Société
Générale, leaders mondiaux dans la spéculation sur les dérivés actions. Quitte
à se priver de recettes estimées à au moins 9 milliards d'euros par an en
France. Quitte aussi à laisser gonfler une bulle spéculative déjà inquiétante.
Le désaccord entre la
France et ses partenaires sera tranché au Conseil européen de décembre. Nous
vous demandons de laisser vivre la taxe Tobin européenne. L'heure est venue
d'instaurer en Europe une taxe frappant les opérations spéculatives, dont les
recettes seront décisives pour financer les urgences sociales ainsi que, au
plan international, l’adaptation au changement climatique et la lutte contre
les pandémies.
Dans
cette attente inquiète, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président,
l’expression de notre haute considération.
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