samedi 7 juin 2008

Des caves au théâtre

Quand j’avais l’âge des élèves des Caves, il y avait deux musiques.


Celle que l’on apprenait au Conservatoire, d’une part. Même si on l’aimait, ce qui était le cas de beaucoup, elle faisait un peu peur. Certains d’ailleurs l’appelaient « la grande musique ». Elle évoquait le sérieux, l’austérité parfois ; en tout cas elle était synonyme de travail, de renoncement à d’autres activités plus ludiques (ah le déchirement qui vous envahissait le jeudi après-midi quand les autres partaient au foot et vous à votre cours de piano, ou de solfège…)
Et puis il y avait ces exercices, mille fois répétés, qui vous cassait les doigts, et les concerts, où l’on allait pas sans le costume des dimanches…

Et puis il y avait l’autre. L’autre musique, celle qu’on écoutait à la radio, dont on achetait les disques, dont on parlait au lycée. Celle qu’on jouait, parfois, entre copains, presque en cachette, avec des guitares et une batterie d’occasion, dans un sous-sol prêté par des parents compréhensifs.

Aujourd’hui, les choses ont bien changé. Chacun a fait un pas vers l’autre, et c’est le Conservatoire qui joue dans ses caves, et ces Caves-là prennent une majuscule. Plus fort encore : les caves montent au Théâtre. Ici, dans ce théâtre dit « à l’Italienne », où jouent souvent Ludwig, Wolfgang Amadeus, et Jean-Sébastien. Ce soir, ils ne sont pas sur la scène, ils sont sagement assis en coulisses, et ils écoutent avec attention, et peut-être avec une certaine tendresse, leurs héritiers.

Il reste des styles, il reste des époques, il reste le travail, car on ne joue pas du rock ou du reggae sans travail.

Mais il n’y a plus qu’une musique, et c’est très bien comme ça.

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