mardi 10 juin 2008

Hôpitaux : « Réfléchir au rapprochement public-privé à Dole »

Porte-parole du groupe de gauche au conseil général, Patrick Viverge réagit aux derniers développements concernant les hôpitaux jurassiens. L’occasion de prendre des positions surprenantes pour un membre du Parti socialiste.


Les récentes déclarations à propos de l’avenir du système hospitalier dans le département vous ont incité à réagir. Pour quelle raison ?

Lors de la campagne législative, j’ai été le premier à alerter sur les dangers qui menaçaient l’hôpital de Dole, ce qui m’a valu pas mal de critiques à l’époque. Mais il faut dire la vérité aux gens, même si elle n’est pas agréable à entendre, et surtout trouver des solutions. C’est le rôle du politique.

Le fait, aujourd’hui, que les maires de Champagnole, Dole et Saint-Claude s’unissent pour défendre leur hôpital respectif est-il selon vous une bonne chose ?

Il faut considérer le problème à deux niveaux. Si l’on prend en compte le système de financement des établissements, la fameuse tarification à l’activité - il faut être solidaire, et d’ailleurs bien au-delà du Jura – car c’est une aberration et une atteinte au service public. En revanche, les problématiques des trois hôpitaux jurassiens sont différentes en termes de service à la population et il faut envisager un aspect essentiel : celui de la qualité des soins. Pour être performant, un chirurgien doit multiplier les actes, pratiquer son métier régulièrement.

Laissez-vous entendre que la défense du service de chirurgie de Champagnole est difficilement soutenable ?

J’ignore si le nombre d’actes à Champagnole est suffisant ou non pour assurer la même qualité de soin que dans d’autres secteurs, d’autant qu’à cela s’ajoute un problème de démographie médicale. Mais ce que je veux défendre avant tout, c’est la notion de complémentarité des hôpitaux et les territoires de santé car c’est là que plane la vraie menace sur les hôpitaux jurassiens.

Mais quelle est l’intérêt de cette entité ?

La notion de territoire de santé sert de base à la présence d’un plateau technique, d’un service d’anesthésie réanimation, de chirurgie et d’imagerie médicale, tous les outils indispensables pour assurer la permanence des soins.

Celui de Dole est clairement sur la sellette, a moins que, comme le demande l’agence régionale de l’hospitalisation, un rapprochement ait lieu entre hôpital et la clinique. Qu’en pensez-vous ?

Je sais que ce rapprochement public privé fait bondir certains syndicats, mais je crois qu’il est utile de mener au moins une réflexion commune entre les deux structures. C’est en effet une des pistes qui permettraient de sauver le territoire de santé de Dole et d’éviter que hôpital ne se transforme en établissement pour personnes âgées au profit de Lons, Dijon ou Besançon.

Un tel rapprochement est considéré par certains comme une privatisation de hôpital…

Cela existe depuis longtemps puisque les chefs de service et les praticiens hospitaliers ont le droit de faire des actes privés au sein même de hôpital. En outre, si l’on interroge les médecins de Dole, aucun ne s’opposera a ce que son confrère du privé vienne lui prêter main forte. Certains assurent a eux seuls depuis plusieurs mois le fonctionnement de leur service, cela permettrait de les soulager avant qu’ils ne décident de partir.

La volonté dans ce sens existe-t-elle de part et d’autre ?

La clinique, si j’en crois ses dirigeants, le souhaite, tout comme hôpital. Mais les choses reposent sur des individus : si des médecins de hôpital quittent l’établissement ou qu’un médecin de clinique refuse de pratiquer au sein de hôpital, cela ne pourra pas marcher. Dès lors, seul l’Etat, donc l’ARH, peut créer les conditions nécessaires à ce rapprochement.

N’est-ce pas dangereux pour un socialiste d’en défendre le principe ?

Il faut être raisonnable compte tenu de la démographie médicale, du vieillissement de la population et de l’hyperspécialisation des techniques alliée a une envolée des coûts. Autant d’éléments à intégrer pour pouvoir obtenir des soins pour tous et de qualité égale quel que soit l’endroit ou l’on se situe et les moyens financiers dont on dispose. C’est ce qu’on appelle la solidarité.

Propos recueillis par David Régazzoni

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