jeudi 1 mars 2012

« Pas d'autre solution que se soumettre »

Le modèle européen est-il mort ?
(RTL.fr, 27/02/2012, Christian Menanteau)


[...] le message posté par Mario Draghi, dans le Wall Street Journal, nous concerne très directement. L'homme le plus puissant d'Europe nous dit que, si on veut sauver la zone Euro, il n'y a pas d'autre solution que de se soumettre à une double révolution.
- D'abord, celle de l'austérité.
- Et puis, surtout, celle de l'abandon du modèle social qui façonne l'Europe depuis l'après-guerre. [...]

Mario Draghi [...] constate que les politiques se gardent, eux, de nous annoncer des épreuves difficiles qui pointent le nez. Il veut donc faire passer des messages qui sont, bien sûr, aussi ceux des marchés financiers.

Il nous dit d'abord que, dans ce débat qui monte en Europe sur l'efficacité des politiques de rigueur, la Banque Européenne sera clairement du côté de Madame Thatcher. Non, pardon, de Madame Merkel [...]

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Mario Draghi : « Le modèle social européen est mort »
(24 février 2012, Martine Orange, mediapart.fr)

Pendant les premiers quatre mois de sa présidence à la Banque centrale européenne, Mario Draghi a d’abord consacré son temps et ses forces à parer au plus pressé : éteindre l’incendie dans la zone euro. Il a noyé les marchés sous une montagne de liquidités et de facilités financières [...]

Fort de ce succès, le président de la BCE s’autorise maintenant à aller sur le terrain politique, domaine où jusqu’alors il n’avait osé s’aventurer. Dans un entretien au long cours au Wall Street Journal, Mario Draghi livre sa vision politique de l'Europe et de sa mission. Pour lui, « il n’y a pas d’alternative » aux mesures d’austérité imposées aux pays de la zone euro. « Il n’y a pas de compromis possible entre les réformes économiques et l’austérité fiscale. Rediscuter les objectifs budgétaires entraînerait une réaction immédiate des marchés », prévient-il. [...]

Alors que les plans d’austérité imposés à l’ensemble de l’Europe sont de plus en plus discutés, Mario Draghi considère que le débat n’a pas lieu d’être : « Le modèle social tant vanté de l’Europe est mort », tranche-t-il. La sécurité de l’emploi et les filets de sécurité sociale ne peuvent plus exister.

Jamais banquier central européen n'avait parlé aussi clair.
Son entourage a certainement dû voir le danger d'une déclaration aussi brutale de la part d'un dirigeant non élu. La première version de l'entretien a disparu, remplacée par des propos plus diplomatiques [...]

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