dimanche 6 octobre 2013

Le vent apportera-t-il la démocratie ?

A Champagnole on connaît bien VEOLIA. La firme élue de nos édiles n'a pas pour souci premier la santé du portefeuille de ses actionnaires, mais celle des consommateurs d'une eau sans bactéries, pesticides ou résidus d'antibiotiques.
Et cette eau purifié par ses soins – principe républicain d'égalité oblige – riches ou pauvres nous la payons au même prix. Ce n'est pas le cas de toutes nos boissons. Mais VEOLIA ne s'intéresse pas qu'à l'eau. Acteur engagé de la transition écologique, la firme s'implique partout où l'énergie peut être maîtrisée. Les transports publics par exemple. Demain des TGV VEOLIA pourraient sillonner la France sur un réseau ferré enfin ouvert au privé. Il n'est toutefois pas probable qu'un jour des TER VEOLIA conduisent l'étudiant San-Claudien à l'université de Besançon. Ce service restera public. Ne me demandez pas pourquoi.

VEOLIA succombe aussi au charme des énergies renouvelables. Depuis 2010 elle exploite la plus grosse centrale photovoltaïque de Franche-Comté, près d'un hectare et ½ de panneaux, sur les ombrières du parking PSA à Sochaux 
Sa filiale, Asset Management, gère le fond de placement Energies Renouvelables investi dans des sites éoliens en Champagne-Ardennes.
Celui de Champfleury, mis en service en 2011, composé de 6 éoliennes pour une puissance totale de 12MW, a dégagé en 2012 un chiffre d'affaires intéressant : 2.716.611 euros.

- Question  dont vous apprécierez la naïveté. Les fonds de pension australiens ont acquis le site du Lomont. Une société allemande projette d'installer des éoliennes au-dessus du Revermont, à Chamole, dont une ou plus pourraient, grâce à Jean Louis Dufour, devenir des moulins à vent citoyens. Espèrent-t-ils en tirer quelque profit, ou s'agit-il de pur militantisme écolo ?
- Deuxième question, pas si subsidiaire. Et si de ce vent qui bouscule nos forêts, et qui dans 20 ans n'aura pas faibli, on peut tirer quelque bénéfice financier, celui-ci doit-il promouvoir des activités locales ou gonfler les fonds d'institutions financières ?

A Champagnole nous avons un précédent : la Régie d'Electricité de la Roche. A l'automne 73, la guerre du Kippour fait flamber le prix du pétrole et le nucléaire prend son essor. Lors d'une première réunion écologique je suggère que soit remise en état la centrale de la Roche dont l'exploitation avait cessé en 1945. J'en estimais la production potentielle à 1.500.000kw/h/année.
La mode est au réacteur de 1000MW. Mon idée fait sourire. Mais élu maire en 1977, Maurice Fumey-Badoz, convaincu, lance les travaux. Bon an mal an, la centrale de la Roche produit ses 1.500.000 kw/h. C'est un apport financier intéressant pour la commune.

Ces moulins à vent, dont je rêve depuis plusieurs décennies de voir la version moderne animer le ciel au sommet du Mont Rivel, apparaissent au 6e siècle en Afghanistan. Ils sont à axe vertical. Ils servent à l'irrigation.
Les barons chrétiens, partis reconquérir le tombeau du Christ à la pointe de leur épée, les croisent en Palestine. Ils apparaissent en Europe au 12e siècle. Au Moyen-Age la rivière appartient au seigneur, qui possède le moulin à blé. S'il jouit du droit d'eau il n'a pas celui du vent. Les roturiers repèrent les buttes ventées et y installent leurs moulins à vent. Le vent leur apporte un peu de liberté.
Aujourd'hui les seigneurs ne sont autres que les grandes sociétés. Les roturiers c'est nous. Et le vent souffle pour tous.
Même si nos élus se pensent parfois comme les aristocrates de la démocratie, face au pouvoir financier, ils sont des roturiers comme nous. Ils ne représentent pas les intérêts des seigneurs VEOLIA ou AREVA, mais les nôtres.
Non, ils n'attendront pas qu'une société privée leur présente un projet de 6 éoliennes sur le Mont Rivel pour que celles-ci deviennent à leurs yeux esthétiques et désirables.
Les roturiers du Moyen Age nous montrent le chemin de l'émancipation.
Le passage d'un mode de production et de consommation de l'énergie à un autre n'annonce pas qu'un monde plus sain et des hommes plus et mieux employés mais aussi plus d'autonomie et de responsabilité. C'est un progrès de la démocratie.


Michel Moreau

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