lundi 2 juillet 2012

Supercheries : petite revue de web

La supercherie du "Pacte pour la croissance"
(Le Monde.fr | 27.06.2012 | Thomas Coutrot, co-président d'ATTAC, Pierre Khalfa, co-président de la Fondation Copernic)

"Nos amis allemands ne peuvent pas poser deux verrous à la fois, un sur les eurobonds (obligations pour mutualiser les dettes publiques européennes) et un autre sur le refinancement direct des dettes par la BCE", avait déclaré François Hollande le lendemain de son élection [...] Pourtant il aura suffi de quelques déclarations tonitruantes d'Angela Merkel et de son ministre de l'économie Wolfgang Schauble pour que les deux propositions iconoclastes disparaissent du "Pacte pour la croissance" que le même François Hollande propose au sommet européen du 28 juin. Il n'y aura pas de conflit, et donc pas de réel compromis, mais une capitulation en rase campagne [...] 

Si le "Pacte de croissance" est un simulacre, en revanche le Pacte budgétaire, lui, est bien réel : il implique des mesures de réduction des déficits dont l'impact direct sur la croissance de la zone euro est déjà démontré, et chiffré [...] Il est possible qu'un enthousiasme médiatiquement orchestré, comme on en a tant vu ces deux dernières années à l'issue de chaque sommet européen "de la dernière chance", convainque l'opinion publique de la thèse du "compromis" arraché par François Hollande à Angela Merkel [...] 

Mais tout l'art des communicants ne fera pas du "Pacte pour la croissance" le début d'une solution à la dépression dans laquelle s'enfonce dangereusement la zone euro du fait des politiques d'austérité généralisée. Plus grave encore peut-être : cette supercherie, et l'inévitable déception qui s'ensuivra à mesure que la crise va continuer à s'aggraver, portera un coup supplémentaire à la crédibilité de la parole politique. À prendre les citoyens pour des enfants qu'on berce avec des effets d'annonce, nos gouvernants préparent à la démocratie en Europe de sombres lendemains [...]

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La Cour des comptes fait le choix d'une rigueur extrême pour redresser les finances publiques (2 juillet 2012 | Par Mathieu Magnaudeix | mediapart.fr)

L'audit des finances publiques fait apparaître une situation très dégradée et va déclencher la polémique. Selon la Cour des comptes, l'Etat, la sécurité sociale et les collectivités territoriales doivent trouver au moins 44 milliards d'euros d'ici fin 2013 pour ramener le déficit public à 3 %, comme François Hollande s'y est engagé. Ces économies considérables, si elles sont mises en œuvre, auront forcément un impact lourd sur la croissance [...]

L’austérité, c'est maintenant !
(29 juin 2012 | Par Laurent Mauduit | mediapart.fr)


Les lettres de cadrage budgétaire adressées aux ministres ordonnent une baisse de 15 % des dépenses de fonctionnement et d'intervention de l'État pour la période 2013-2015. La norme, qui affectera d'abord les crédits sociaux, est encore plus draconienne que celle en vigueur sous François Fillon [...]

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Les banquiers détestent l’Islande
(Woodward et Newton, 27/06/2012, bakchich.info)

A force d'enquêtes judiciaires, l'île aux volcans a fait drastiquement diminuer ses dettes. Etonnant non ?
La crise financière mondiale, attisée localement par la cupidité aussi surprenante que hors norme des banquiers islandais, a bien failli rayer l’île de la carte en 2008.
Aujourd’hui c’est du côté de Reykjavik - que l’agence de notation Fitch a d’ailleurs relevé d’un cran à la mi-février - et qui a renoué avec la croissance en 2011 jusqu’à tabler sur un taux de 2,7% pour 2013 avec une balance commerciale redevenue excédentaire, que se déroule une véritable révolution dans l’indifférence quasi générale des médias européens [...]

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Grèce : La démocratie « prise en otage » par les éditocrates
(Frédéric Lemaire, 2 juillet 2012, acrimed.org)

Dimanche 17 juin 2012, le parti conservateur Nouvelle Démocratie emporte la victoire aux élections législatives grecques, devançant de peu le parti de gauche Syriza, opposé aux plans d’austérité imposés à la Grèce. Cette victoire est accueillie avec un grand soulagement par les dirigeants européens, dont un certain nombre avaient activement fait campagne en faveur de la droite grecque : les « Européens » – appellation d’usage dans la presse – avaient en effet menacé d’exclure la Grèce de la zone euro en cas de victoire de Syriza. Une campagne partiellement et partialement relayée par la presse [...] 

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Grèce : 100 000 postes supprimés dans la fonction publique depuis 2009 (Anne-Sophie Jacques, 29/06/2012, arretsurimages.net)

Où sont passés les 70 000 fonctionnaires embauchés en Grèce au nez et à la barbe de l’Union européenne ? Pas dans le rapport révisé de la Troïka que s’est procuré Alain Salles, correspondant du Monde à Athènes, qui livre une autre donnée : les emplois publics en Grèce ont baissé de près de 100 000 depuis 2009.

Souvenez-vous : lundi, on apprenait que les Grecs avaient (encore) cherché à entuber l’Union européenne en embauchant 70 000 fonctionnaires alors que promesse avait été faite de réduire le nombre de salariés dans la fonction publique. L’information, signée To Vima, journal grec de centre gauche, avait été reprise par la correspondante du Figaro qui en avait fait sa Une. D’où sort ce chiffre de 70 000 embauches de fonctionnaires se demandait alors l’éconaute ? Personne ne le sait mais il est repris en boucle toute la journée, même si, in fine, le JT de France 2 se gardera bien de l'évoquer.

A l’heure actuelle, l’avis de recherche est toujours en cours [...]

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Fédéralisme à marche forcée
(Serge Halimi, juillet 2012, monde-diplomatique.fr)

[...] « Si la confédération actuelle n’évolue pas vers une fédération politique avec un pouvoir central, estimait ainsi en novembre dernier l’ancien ministre des affaires étrangères allemand Joschka Fischer, la zone euro — et l’ensemble de l’Union — va se désintégrer. » En France, les trois grandes radios nationales et deux des principaux quotidiens prêchent chaque jour cette antienne.

A entendre les fédéralistes, on imaginerait volontiers que les instances européennes manquent de pouvoir et de ressources, tandis que les Etats disposeraient d’une autorité et de moyens illimités. Mais la Banque centrale européenne (BCE), qui a géré la crise avec le succès que l’on sait, consacrant récemment la somme de 1 000 milliards d’euros au refinancement des banques, ne dépend ni des gouvernements ni des électeurs de l’Union

Loin d’être trop contrainte par un défaut d’intégration quelconque (budget commun, ministre unique), l’harmonisation des politiques européennes sous la toise de l’austérité allemande a déjà produit des résultats, puisqu’elle est parvenue à creuser l’endettement des Etats et à accroître la misère des peuples…

Or les Cassandre d’aujourd’hui sont les béats d’hier. Instigateurs des politiques communautaires imposées au forceps depuis trente ans, ils ont célébré tour à tour le plus grand marché du monde, la monnaie unique, la « politique de civilisation » ; ignoré le verdict populaire sitôt qu’il leur était contraire ; détruit tout projet d’intégration qui aurait reposé sur le mieux-disant social, les services publics, des écluses commerciales aux frontières de l’Union

Minuit sonne, le carrosse devient citrouille ; ils oublient soudain leur allégresse d’antan et jurent nous avoir toujours alertés que cela ne marcherait jamais. La dramatisation financière servira-t-elle de prétexte pour imposer un bond en avant fédéral sans le soumettre à la corde de rappel du suffrage universel ? Une Europe déjà mal en point peut-elle vraiment se permettre ce nouveau déni démocratique ?

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La fabrique de l’homme endetté, essai sur la condition néolibérale (Maurizio Lazzarato, 30 juin 2012, cip-idf.org)

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