samedi 22 juin 2013

Tumultueuse DM1 au Conseil Général : quand les échanges dérapent...

 La première décision modificative du budget du Conseil général (également appelée DM1) s'étant déroulée vendredi dernier en session plénière a donné lieu à une sérieuse foire d'empoigne entre la majorité et l'opposition. Tant et si bien qu'une courte suspension de séance fut même observée en milieu de matinée. Bizarrement, l'épineux dossier de l'Aéroport Dole-Jura fit état d'un quasi-consensus. Détail des échanges et morceaux choisis.

La première décision modificative du budget du Conseil général (également appelée DM1) s'étant déroulée vendredi dernier en session plénière a donné lieu à une sérieuse foire d'empoigne entre la majorité et l'opposition. Tant et si bien qu'une courte suspension de séance fut même observée en milieu de matinée. Bizarrement, l'épineux dossier de l'Aéroport Dole-Jura fit état d'un quasi-consensus. Détail des échanges et morceaux choisis.

340 millions d'euros. Tel est le montant total du budget du Conseil général pour cet exercice 2013 avec l'ajout de cette DM1 avoisinant les 20 millions d'euros supplémentaires.
Rien de bien exceptionnel sur le fond. Mais ce qui l'est plus, c'est l'atmosphère, lourde et tendue, dans laquelle se sont déroulés les débats.
Il faut dire que de nombreux dossiers (notamment celui portant sur les infrastructures aéroportuaires de l'Aéroport Dole-Jura) étaient attendus...

Nouvelle aérogare à 5 millions : Christophe Perny fait marche arrière

Finalement, l'investissement de 5 millions d'euros concernant la nouvelle aérogare a été retiré de l'ordre du jour. Un pas d'un camp vers l'autre qui permettait d'obtenir symboliquement un compromis sur le déblocage des 700 000 euros destinés à financer les contrats marketing des compagnies aériennes implantées à Tavaux ainsi que sur les 500 000 euros alloués à la réalisation de divers travaux de mise en conformité des installations.

Seule Hélène Pélissard s'est abstenue. La conseillère générale du canton de Saint-Julien avançait que "ce dossier n'est pas départemental mais régional". Et de poursuivre "on ne peut pas continuer à souffrir de la concurrence avec Dijon. Aller seuls sur ce dossier n'est pas l'intérêt du Jura".

Au préalable de la soumission au vote, diverses interventions furent remarquées.

Tout d'abord celle de Patrick Viverge. Lequel, bien que regrettant que la Région ne se soit jamais beaucoup investie dans ce projet, a toujours été un défenseur de l'aéroport.
"Mais aujourd'hui, l'évolution m'incite à demander la transparence sur ce dossier. C'est une question de respect pour les financeurs que sont les contribuables jurassiens" soulevait le conseiller général de Dole Nord-Est.

La piste de décollage était trop belle pour Christophe Perny qui, dans ses envolées verbales habituelles, répliquait : "Avec tous ceux qui regardent de très près comment ça ne va pas marcher, je peux vous assurer que la transparence est totale...". Non sans préciser "j'ai une mauvaise nouvelle pour eux, ça marche !"
Comme pour se justifier, le Président du Conseil général reposait alors sereinement les éléments.
"Oui, ce sont des fonds publics. Oui, il faut être transparent. Mais s'il n'y avait pas de fonds publics dans le TER, il n'y aurait pas de trains, et ça n'émeut personne... Ce débat n'est pas toujours honnête intellectuellement avec de nombreux détracteurs dont le nombre est inversement proportionnel à leur activité dans cet hémicycle..."

De son côté, Jean-Marie Sermier confiait avoir plus de points de convergence que de divergences.

"C'est pourquoi l'on vous dit oui. On vous a suivis jusqu'à maintenant. Vous avez fait un geste en retirant l'autorisation de programme à 5 millions d'euros, on en fait un aussi. Nous voterons pour. Allons-y ensemble. On vous accompagnera tant que c'est jouable".

Le Président du groupe de droite manifestait toutefois une nuance dans son discours étonnamment lisse. "Evitons d'y consacrer trop d'argent, ce que l'on pourrait ensuite nous reprocher. Au delà du raisonnable, ça devient déraisonnable..."

Sans doute une mise en garde sur ce dossier qui risque de faire son retour très prochainement sur la table des débats...

Une matinée sous haute tension...
Avant cela, peu après l'ouverture de la séance, la matinée avait été houleuse. Il faut dire que les joutes verbales s'avéraient particulièrement acerbes.
Patrick Viverge dégainait d'entrée : "La politique fiscale européenne et nationale a des conséquences sur l’emploi dans le Jura, sur le pouvoir d’achat des jurassiens, sur les revenus des retraités, des travailleurs à temps partiel, des femmes seules, sans parler des chômeurs bien évidemment.

Pour administrer le bon traitement, il faut avoir posé le bon diagnostic. Diagnostic qui n’est pas partagé, je le regrette, par tous les membres de cette assemblée, même de cette majorité.

Après cet hiver et ce printemps froids, je n’ose imaginer le coût énergétique pour les logements sociaux, c’est-à-dire pour les usagers, mais également les propriétaires et retraités qui ont de modestes revenus. Une règle simple : chauffer 1 degré de plus augmente la facture de 7%.

Monsieur le Président, vous n’êtes pas responsable des intempéries de ce printemps ni de l’héritage légué par vos prédécesseurs, mais gouverner c’est faire des choix budgétaires, philosophiques, politiques. Et pour cela il faut partir du même constat, du même diagnostic. C’est pour cela que j’interviendrai sur différents dossiers tout au long de cette journée".

Jean-Marie Sermier tirait la première salve de l'opposition.

"Le changement du budget, c'est maintenant. Après avoir écouté les minorités de la majorité, écoutez maintenant la majorité de votre minorité. Il y a un sérieux problème de gouvernance".
Fixant le Président du Conseil général dans les yeux, l'escalade débutait. "On vous a laissé une Ferrari budgétaire qui commence visiblement à avoir des hoquets dans le moteur. Elle n'est plus aussi rutilante qu'au début de votre mandat... Prenons l'exemple de la ligne Paris-Tavaux qui est morte-née. Pourquoi ne pas avoir réuni les conseillers généraux sur ce dossier ? Sur la réforme des territoires, vous qui avez les ciseaux du redécoupage cantonal, vous n'avez associé personne de l'opposition. Quelles sont vos propositions ? Il n'est pas normal de ne pas avoir été concertés ! Enfin sur le chômage, 1000 emplois viennent d'être perdus sur les 12 derniers mois. Qu'avez-vous fait ?"

Il n'en fallait pas plus pour que les esprit s'échauffent.

Christophe Perny montait d'un cran, le regard pointé sur Patrick Viverge : "Nous sommes aussi de gauche. La démocratie a parlé, tranché. J'ai beaucoup de sympathie pour Jean-Luc Mélenchon mais ce mouvement ne constitue pas une réelle majorité. Je suis un pragmatique, ce n'est pas en agitant des chiffons rouges qu'on crée de l'emploi..."

Son visage se tournait alors vers la droite, en direction de l'opposition, et le ton se durcissait encore.

"Vous êtes des petits amateurs de la gestion de crise ! Le peuple a tranché, la gestion départementale fonctionne très bien. La crédibilité est plus d'un côté que de l'autre... Monsieur Sermier, soyez sérieux. Vous êtes dans une mesure de contestation systématique. Monsieur Sermier, vous êtes l'homme invisible de ce département. Vous avez laissé les comptes dans une situation précaire. Vous êtes venu faire de l'obstruction, mais on fait avec ce qu'on a... Il y a une majorité de 19 élus, ce sont eux qui décident... L'institution a son fonctionnement. Vous êtes venu pour faire de l'obstruction ou créer des incidents ? Ca ne me dérange pas, j'ai tout mon temps. Et surtout à la fin, c'est moi qui décide..."

Quelque peu chahuté par cette arrogance laconique, le député de la 3ème circonscription reprenait la parole afin de recadrer les débats.

"Monsieur Perny, vous avez le syndrome de la persécution. Nous sommes des adversaires politiques, pas des ennemis... Mais en effet, les commissions fonctionnent comme vous, et vous seul l'avez décidé ! Nous déplorons seulement l'absence de concertation".

Pour manifester leur désaccord, l'ensemble des conseillers généraux de l'opposition se retiraient quelques minutes... Sans pour autant que les délibérations ne cessent. Puisque le nombre minimum de 18 conseillers (majorité absolue) étant suffisant pour permettre de donner suite aux débats.

Une suspension de séance stérile, au final.

Article publié le 16/06/2013

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