jeudi 27 août 2009

Du bon usage du Bois-Energie


Que l'unité industrielle dont les besoins en énergie sont les plus importants en Franche-Comté s'intéresse à une ressource abondante en région: le bois, plus exactement les déchets de l'industrie forestière, parait logique.
Raréfaction et renchérissement des ressources fossiles conduisent à rechercher de nouvelles solutions.
Le projet Solvay a un atout. Là, en effet, la cogénération-production d'électricité et de chaleur trouve toute sa pertinence, l'ensemble de la chaleur produite étant utilisée sur le site.
Que Solvay utilise une source d'énergie locale, à-priori renouvelable et diminue ses émissions de CO2 semble bien aller dans le sens d'un Développement Durable.
Ceci dit, le projet suscite de nombreuses interrogations et réserves.
Tout d'abord l'échelle. Au niveau du Jura et de la Franche-Comté c'est un projet gigantesque.
La centrale consommera 1000 tonnes de bois par jour (365.000 tonnes/an).
Trois questions viennent à l'esprit: Quel bois? Produit où? Transporté comment?
Ensuite, quel sera l'impact de ces transports sur l'environnement, y-compris sur la production de CO2?
Quelles seront les conséquences pour l'approvisionnement de la filière utilisant le bois déchiqueté dans des chaufferies collectives qui connaît un essor très intéressant en Bourgogne-Franche-Comté?
Quel bois? Solvay n'utiliserait que des petits bois en fagots, d'un diamètre inférieur à 7.5cm. La resource existe-t-elle? Et ces petits rémanents ne doivent-ils pas être laissés en forêt? Que se passera-t-il si ces petits bois ne sont pas en volume suffisant ou si l'ONF exige leur restitution au sol forestier?
L'approvisionnement de Solvay-Dakia (filiale de Véolia) empiètera immanquablement sur les usages locaux du bois.
Or ces usages locaux, qu'il s'agisse du poêle, de la chaudière à bûches ou de la chaufferie collective sont les plus pertinents sur le plan de l'énergie.
Le chauffage au bois régressera, et avec lui le travail de tous les installateurs qui aujourd'hui embauchent. Pour satisfaire 20% des besoins de Solvay en Energie, les usages actuels et en développement du bois-énergie seront sacrifiés. Est-ce pertinent en termes de maîtrise de l'énergie?
Le bois sera collecté dans un rayon de 200 kms, rabattu, disent-ils, sur les gares, et transporté soit par train soit par canal.
Imagine-t-on un camion transbordant son chargement à Champagnole, Andelot ou Frasne où n'existent pas de structures pour réaliser cette rupture de charge? Bien évidemment, le camion se rendra directement à Tavaux!
Si les 2/3 du bois étaient acheminés par route sur une distance moyenne de 150 kms, les camions parcourraient près de 1.500.000 kms/an, consommant environ 500 tonnes de gazole pour une production de 1500tonnes de CO2.
Le projet de Solvay-Véolia est la démonstraction exacte de ce qu'il ne faut pas faire avec cette ressource locale qu'est notre bois.
L'erreur d'échelle est évidente. Les Elus doivent s'opposer à un projet socialement et écologiquement déplorable et qui n'a d'intérêt économique que pour le géant Véolia.

Michel Moreau
Président-Fondateur de l'AJENA
Ex-Administrateur de l'ADEME
Membre de "Citoyens, Ecologistes, Solidaires"

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