mercredi 24 novembre 2010

Gestion de l'eau et environnement

La gestion de l'eau, distribution et assainissement, se réduit-elle à une question politique, la faveur de la droite libérale allant généralement à la grande société fermière et la gauche optant pour la gestion publique d'un bien naturel, qui n'est pas une marchandise ?
Si l'on étudie la couleur politique des 100 collectivités françaises qui ont choisi, en 2010, de se réapproprier la gestion de leur eau, ce postulat semble se vérifier.

En régie, l'ensemble des recettes de la vente de l'eau est réinvestie dans le service, son amélioration, la lutte contre les pollutions, l'amélioration des conditions de travail. La société fermière, elle, doit faire des profits pour rémunérer ses actionnaires.
D'où le moindre prix du m3 là où fonctionne la gestion directe, sans l'intermédiaire d'un prestataire de service.L'intérêt de la grande société est de vendre plus pour gagner plus. Par contre, un tarif dégressif, incitant à l'économie et soulageant l'effort financier des plus modestes, est compatible avec la philosophie de la régie, bien qu'il soit peu mis en pratique. Sur ce point donc, la régie peut s'avérer supérieure à la délégation de service car assurant une meilleure gestion de la ressource.

Lons, ville de droite, et Besançon collectivité de gauche depuis longtemps, gèrent leur propre ressource. Des analyses y ont été récemment effectuées pour le dosage des dérivés du glyphosate, principe actif du Roundup. Les résultats, positifs, ont conduit à un dialogue avec les agriculteurs.

Dans la zone de captage de Villevieux, Lons aide les agriculteurs à réduire leurs apports de nitrates. Les taux progressaient. Ils ont été stabilisés. Au-delà de 50mg/litre, une compagnie fermière eût proposé une unité de dénitrification. Le prix du m3 aurait augmenté, ainsi que la consommation d'énergie.

A Champagnole, après près d'un an de démarches insistantes, le maire « cède » - c'est son mot – et annonce qu'il fera procéder à un dosage du glyphosate et de ses métabolites. A cette date, nos demandes de communication des résultats sont restés sans réponse.
De même, aucune information n'est faite à la population concernant la qualité des eaux sortant de notre station d'épuration. Notons que prélèvements et analyses sont réalisés par VEOLIA.

Dans une STEP (Station d'épuration) conventionnelle, à boues activées, les bactéries, ciseaux biologiques, dégradent les matières organiques en nitrates et phosphates. S'il n'y est pas adjointe une unité de dénitrification et de déphosphatation, une STEP rejette au même endroit dans la rivière quantité de nitrates et phosphates, créant les conditions idéales au développement des cyano-bactéries.

La déphosphatation, telle qu'elle est effectuée à la STEP de Champagnole, consomme de l'énergie. Son coût se retrouve dans la taxe d'assainissement. Nous payons et sommes donc en droit d'exiger d'en connaître l'efficacité.
Pourquoi pas dans un bulletin municipal ?

Le fonctionnement des STEP du Jura ne devrait-il pas être évalué par les pouvoirs publics ? L'ONEMA ferait des prélèvements inopinés. Le labo départemental assurerait la recherche d'éléments polluants. Le SATESE (syndicat d'assistance technique pour l'épuration et le suivi des eaux) renforcé pourrait jouer un rôle de conseil et d'appui technique pour des régies incitées à mutualiser leur ingéniérie et leurs compétences. Via des lagunages à macrophytes, en aval des STEP existantes, la lumière du soleil, énergie de la photosynthèse, pourrait se révéler une solution écologique et économique.

Depuis bientôt 30 ans, des écologistes jurassiens s'efforcent de promouvoir cette technique pour le traitement des eaux usées. Et c'est grâce à l'action de la FDEJ, ancêtre de Jura Nature Environnement, que fut réalisé le premier lagunage à macrophytes sur la commune de Pannessières, sous l'égide de l'Agence de l'Eau. Après 2 décénnies d'hésitations, le procédé se généralise enfin.

La qualité de notre eau, la vie de nos rivières découlent bien de la volonté des pouvoirs publics, communes département, Etat, à assumer leurs responsabilités.

Michel Moreau

Aucun commentaire: