dimanche 17 octobre 2010

Retraites : les bons comptes des frères Sarkozy

Guillaume Sarkozy, futur bénéficiaire de la réforme des retraites ?
(tempsreel.nouvelobs.com, 14 octobre 2010)

[...] la réforme des retraites pourrait favoriser les intérêts du groupe Malakoff Médéric, dont le délégué général n'est autre que Guillaume Sarkozy, le frère du chef de l'Etat.

Selon Médiapart, la réforme "va conduire à l'asphyxie financière des grands régimes par répartition" et sera donc "propice à l'éclosion de ces grands fonds de pension qui n'étaient pas encore parvenus à s'acclimater en France, à quelques rares exceptions près". Parmi les opérateurs privés d'ores et déjà sur les rangs, figure le groupe Malakoff Médéric.

"Il ne s'agit pas que d'une coïncidence. Mais bien plutôt d'une stratégie concertée en famille", écrit Médiapart, "l'un assèche les régimes par répartition tandis que l'autre pose les fondements du système par capitalisation". Le site ajoute : "Guillaume Sarkozy a engagé son entreprise dans une politique visant à en faire un acteur majeur de la retraite complémentaire privée. [...] "Cette société n'aurait jamais vu le jour sans l'appui de l'Elysée" [...]

L'enjeu n'est pas mince. Le marché pourrait représenter "40 à 100 milliards d'euros" : en fonction de l'aspect final de la réforme, les Français connaîtront une baisse plus ou moins considérable du taux de remplacement, c'est-à-dire du montant de la pension rapporté au salaire, et donc se précipiteront sur les systèmes de retraite complémentaire. [...]

*****

Rappel : jeudi 29 juillet 2010, sur ce blog
Assurance, santé, retraites, ... et famille Sarkozy

*****

Urgence sociale (Pierre Larrouturou)
Contribution au Congrès du Parti socialiste
(7 juillet 2008, leperreuxsurmarne.parti-socialiste.fr)

[...] « Si tu n’es pas content, tu peux aller voir ailleurs ». Depuis 25 ans, la peur du chômage et de la précarité a provoqué une telle « perte de pouvoir de négociation des salariés » que la part des salaires (salaires et cotisations) dans le PIB a chuté de 11 % ! Par comparaison, rappelons que le déficit prévisionnel des retraites annoncé pour 2020 si nous ne réformons pas le système est de 1 % du PIB. [...] On ne pourra pas sauver notre système de retraite si l’on n’arrive pas à sortir du chômage de masse. [...]

• Aujourd’hui, c’est en moyenne à 61 ans que les salariés soldent leur retraite.
• À 61 ans, moins de 30 % des salariés ont encore un emploi.
• Quand Nicolas Sarkozy et François Fillon, sans avoir rien fait pour faire reculer le chômage des plus de 60 ans, exigent une année de cotisation supplémentaire,ils savent très bien que pour plus de 70% des salariés il manquera une année de cotisation, soit 4 trimestres.
• Pour une majorité de salariés, cela signifie une décote de 10 % sur la pension de retraite !

Aujourd’hui, quand un salarié solde sa retraite, il est au chômage depuis trois ans en moyenne.
Rendre obligatoire une année de cotisations supplémentaire sans avoir fait radicalement reculer le chômage des plus de 60 ans ne sert à rien :
« S’il n’est pas porté remède au chômage, le recul de l’âge de la retraite ne sert à rien. Cela revient à demander aux gens de travailler plus longtemps alors qu’ils manquent déjà de travail. Les inégalités entre générations ne viennent pas du « problème » des retraites mais de l’emploi. Le vrai problème, c’est le chômage.»
Jean-Paul FITOUSSI, Président de l’OFCE, Le Monde, 6 mars 2001

« Cotiser plus longtemps » = 10 % de moins sur les retraites ? Voilà comment, en prétendant « sauver les retraites », avec des arguments pleins de bon sens (« l’espérance de vie a augmenté, donc il faut cotiser plus longtemps »), on prépare en réalité une baisse généralisée du niveau des retraites de la Sécurité sociale.

Tous les syndicats s’opposent évidemment à ce nivellement par le bas. Par contre, ceux qui veulent développer les systèmes d’assurance privés sont très favorables à cette réforme.
Guillaume Sarkozy, frère de Nicolas, n’est-il pas le DG d’un groupe d’assurance santé, assurance retraite ? Si les retraites de la Sécu baissent nettement, Guillaume Sarkozy espère sans doute qu’un certain nombre de salariés auront recours aux assurances qu’il propose.

[...] Le Monde du 4 juin 2008 révèle que la Caisse des dépôts et « le groupe Médéric qui est dirigé par Guillaume Sarkozy, veulent créer une filiale commune spécialisée dans le financement des retraites. Leur idée est de compenser la baisse du niveau des retraites de la Sécurité sociale en proposant des retraites complémentaires aux salariés.» «Les discussions autour de la Loi Fillon, prévues cet été, les incitent à aller vite. Selon un document de travail estampillé « Confidentiel », les salariés non cadres subiront une baisse de 5% du taux de remplacement pour une carrière complète et les cadres perdront 20%.

Ce projet de partenariat prévoit la création d’une « nouvelle entreprise d’assurance », qui proposera « des services adaptés » aux salariés. L’objectif est d’atteindre un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros en 2019 avec « des taux de rentabilité raisonnables » conclut Le Monde.

Au moins, les choses sont claires : la réforme Fillon va amener une baisse assez nette des retraites : entre 5 et 20% de perte pour ceux qui auront des carrières complètes et nettement plus pour tous ceux et celles à qui il manquera quelques trimestres de cotisation car ils ne pourront pas cotiser 41ans … Mais Guillaume Sarkozy propose à ceux qui en ont les moyens de prendre une assurance complémentaire sur laquelle il espère que sa nouvelle entreprise d’assurance obtiendra une « rentabilité raisonnable ».

Tant mieux pour ses actionnaires qui se partageront quelques centaines de millions d’euros de bénéfices, mais tant pis pour les millions de salariés qui n’auront pas les moyens de se payer cette assurance supplémentaire et qui verront leurs retraites baisser nettement. [...]

*****

Alternatives Economiques, octobre 2010

Retraites : l’autisme n’est pas une bonne politique… (Guillaume Duval)

Béatitude (Denis Clerc)

Aucun commentaire: