vendredi 20 janvier 2012

Déserts médicaux : l’hôpital public d’accord pour se substituer aux médecins libéraux



La puissante Fédération hospitalière de France (FHF), porte-voix de l'hôpital public, a exposé mercredi 11 janvier 2012 une vaste plateforme de propositions pour la présidentielle susceptibles de faire polémique, notamment celle de remplacer des médecins libéraux par des hospitaliers dans les déserts médicaux.
« La FHF entre en campagne », a déclaré devant la presse le président de la fédération Frédéric Valletoux, détaillant cette plateforme, oeuvre collective préparée depuis 6 mois.

Pour résoudre l’épineux problème de la désertification médicale en milieu rural ou dans certaines banlieues, la FHF propose que des médecins hospitaliers (ou recrutés pour cette mission par l’hôpital) prennent en charge des cabinets fermés par des confrères libéraux, ou bien assurent des visites au domicile des patients.
« Les établissements publics de santé sont autorisés, en cas de carence constatée, à organiser au sein du territoire, le maintien d’une offre de soins ambulatoires », énonce le texte de la fédération pour maintenir un service public de santé sur tout le territoire.
« L’hôpital n’est pas un attrape-tout », a déclaré le secrétaire général de la FHF Gérard Vincent. Mais, a-t-il ajouté, « si la médecine de ville ne peut pas, essayons d’organiser une offre de proximité en gérant éventuellement des cabinets libéraux », estimant que l’on « n’a pas le droit de continuer à vivre avec un système qui dans certains cas se dégrade ».
Les médecins généralistes libéraux incarnent en France la médecine de proximité mais beaucoup ne trouvent pas de successeurs pour reprendre leur cabinet, les jeunes médecins, en majorité des femmes, se détournant de la pratique libérale et lui préférant une activité salariée.
Cette proposition de la FHF pour les déserts médicaux innove par rapport à la question agitant jusqu’ici les milieux politiques : mesures coercitives ou incitatives pour attirer les médecins libéraux dans les zones sous dotées ?
Crédits consacrés à la médecine de ville - Pour financer cette proposition, la fédération suggère de prendre des crédits sur l’enveloppe budgétaire consacrée à la médecine de ville. Ce qui va à coup sûr fortement déplaire aux syndicats de médecins libéraux qui déplorent régulièrement que l’hôpital soit plus favorisé que la médecine de ville.
Vis-à-vis des cliniques privées la FHF souhaite l’arrêt de la convergence tarifaire, une « ineptie », selon M. Vincent pour qui « on ne peut pas comparer ce qui n’est pas comparable », le service public assumant des charges et des missions qui n’incombent pas au privé.
Cette convergence des tarifs du public, généralement facturés plus chers à l’assurance maladie, vers ceux du privé, est un objectif du gouvernement mais a été plusieurs fois reporté. Ne concernant actuellement qu’un nombre d’actes limité, la convergence est désormais promise pour 2018.
Selon la direction générale de l’offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé l’écart tarifaire a été 21,6 % en moyenne en 2011, contre 40 % en 2006.> Cherchant à montrer que le privé ne s’intéresse qu’aux activités les plus rentables, M. Vincent a souligné que « la moitié du chiffre d’affaires des cliniques est réalisé avec 17 tarifs » (dont les actes de chirurgie les plus fréquents), sur un total de 2 300.
M. Vincent s’est également félicité que la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) ait été, selon lui, déboutée d’une plainte auprès de Bruxelles pour distorsion de concurrence au motif que la quasi-totalité des crédits gouvernementaux, appelés Migac (missions d’intérêt général et à l’aide à la contractualisation), sont attribués aux hôpitaux publics.
Ces Migac doivent assurer une plus grande partie du financement des hôpitaux (20 % actuellement) selon la FHF qui juge un peu « brutale » la tarification à l’activité (T2A), actuellement en vigueur.
Par A. l'AFP
Publié le 11/01/2012

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