dimanche 8 janvier 2012

L'injure n'est plus ce qu'elle était

Et c’est bien dommage !

Une moquerie de François Hollande contre Nicolas Sarkozy provoque des cris d'orfraie. Pourtant, les joutes politiques du passé se révélaient bien plus féroces.

Il n’y a pas si longtemps on défiait encore en duel ses adversaires politiques.
Cela avait de la gueule, de la classe ! comme celui au pistolet entre Cazalès et Barnave, députés du Tiers-Etat et de la noblesse, le 11 août 1790 au Bois de Boulogne. « Je serais désolé de vous tuer! »
Il y a eu le celèbre duel d'Évariste Galois, brillant mathématicien mort au cours d'un duel à l'âge de vingt ans, et qui laisse un travail inachevé sur l’abstraction mathématique. ..c’est celui qui, à l’adolescence, m’affligea le plus car il savait qu’il allait mourir. Il passa sa dernière nuit à écrire pour la postérité au lieu de se préparer et de se donner une chance de gagner.

Le dernier duel célèbre est celui de Gaston Defferre et René Ribière en 1967.
Gaston Deferre avouera quelques années plus tard savoir que Ribière devait se marier dans les jours suivants. Il chercha donc à le toucher à un endroit qui devait fortement le pénaliser pour une nuit qui se veut inoubliable.

J’ avoue être nostalgique . Je pense qu’il serait bien de remettre au goût du jour le duel au pistolet à 20 pas. Cela permettrait d’éviter les mauvais coups des fourbes et poltrons qui peuplent les hémicycles ou des élus arrogants qui oublient qu’ils sont là par la volonté du peuple.
De nos jours, il est plus profitable d'être insulté qu'insulteur, car celui qui est offensé ne manque jamais de jouer la victimisation. Les injures, elles, ne sont plus guère que des formules faciles soufflées par un conseillé en communication. Certains acteurs politiques, tel André Santini, peuvent encore faire preuve de traits d'esprit aussi cruels qu'irrésistibles. Mais rares sont ceux qui se révéleraient capables d'asséner comme Georges Clemenceau, le lendemain de la mort de son vieil ennemi le président Félix Faure : « En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui ».
w « Petit dictionnaire des injures politiques », de Bruno Fuligni. L'Éditeur, 512 pages, 19 euros.

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