jeudi 18 avril 2013

Intervention de la police à Dole

Hier 17 avril 2013, six heures du matin, cinq policiers avec deux voitures de police sont venus réveiller la famille EMINI , les parents Fidaim et Hafize, et leurs quatre enfants, Brikina (9 ans ½), Festina (8 ans ½) , Festim (4 ans) et Briken (né à Dole en juillet 2010). C’est une famille kosovare, arrivée en France à Belfort le 2 novembre 2009 et qui avait déjà été assignée à résidence pendant l’automne 2012, pour refus d’embarquer à destination du Kosovo.
Ce matin, à nouveau, la police est donc venue avec l’intention d’emmener la famille au complet pour l’aéroport Saint-Exupéry où un avion devait les reconduire au Kosovo. Les parents ont refusé de partir, et on comprend aisément leurs raisons : Fidaim a exercé le métier de boucher pendant dix ans dans son pays où il travaillait avec tous les clients, sans faire de distinction, Serbes aussi bien qu’Albanais. Mais ces derniers se sont mis à lui interdire de travailler avec les Serbes. Et pour lui imposer leurs exigences, ils ont saccagé à deux reprises sa boutique et ont commencé à le rançonner. Ils en sont venus à l’agresser et à menacer de s’en prendre à sa femme et ses enfants ; alors Fidaim n’a plus eu d’autre solution que de s’exiler s’il voulait sauver sa peau et protéger sa famille.
L’intervention policière de ce matin a été d’autant plus surprenante qu’en accord avec les services de la préfecture du Jura, Fidaim et les associations de soutien cherchaient une embauche dans la boucherie, et que, par ailleurs, Hafize avait déposé un nouveau recours à la CNDA qui n’a pas encore été examiné.

Devant le refus des parents d’embarquer pour un retour au Kosovo, la police a fait signer par les deux parents un PV de refus qui a été transmis à M. le Préfet et à Mme la Procureur de la république.

Si l’intervention des policiers s’est passée d’une manière relativement respectueuse et si les convocations des deux parents au commissariat se sont déroulées avec respect, il est pourtant très traumatisant pour les enfants d’être confrontés brutalement dans leur sommeil à l’irruption de policiers dans leur appartement et de voir leurs parents en pleurs devant la menace qui pèse sur eux.

D’autre part, si M. le Préfet et Mme la procureur de la république décident de poursuivre, les parents risquent un an de prison et une forte amende pour finir par le retour forcé vers leur pays d’origine où le père risque la mort violente et le reste de la famille des sévices graves.

C’est pourquoi il est important qu’un maximum de citoyens expriment, d’une façon respectueuse et digne, leur demande insistante pour que cette famille soit maintenue légalement sur notre territoire, avec une autorisation provisoire de travail (voir note 1) qui permette à Fidaim de trouver rapidement un emploi et à toute la famille de construire une vie digne à l’abri de toutes les menaces. Les Jurassiens ne comprendraient pas ni n’accepteraient qu’un père et une mère de famille et leurs quatre enfants soient envoyés vers l’enfer de la vengeance et de la barbarie, comme ce serait le cas pour eux de retour au Kosovo.

Il faut aussi insister sur le fait que cette famille ne pose par ailleurs aucun problème et que les enfants sont parfaitement intégrés à l’école. Ils ont donc leur place ici et doivent pouvoir poursuivre leur scolarité normale avec nos propres enfants.

On peut envoyer une lettre, ou un message ou téléphoner à Monsieur le Préfet du Jura. Il est recommandé de transmettre ce message à notre carnet d’adresses ou/et de le diffuser autour de nous et de demander à nos élus de soutenir cette famille.

(1) Comment voulez-vous sans autorisation de travail trouver un employeur disposé à vous faire une promesse d’embauche ? Tous les employeurs potentiels répondent à Fidaim de revenir quand il aura obtenu le droit au travail ; c’est la quadrature du cercle ! Et pourtant, des bouchers expérimentés, on en demande sur le marché du travail. Fidaim ne prendrait la place de personne, puisqu’on manque de bouchers en France. Mais demander à un employeur de passer par la Direction départementale du Travail et de constituer un dossier de demande d’embauche d’un travailleur étranger, c’est une démarche très longue et très lourde, alors que l’employeur a besoin d’embaucher immédiatement, et non pas dans 4 ou 5 mois au mieux ! La France manque-t-elle à ce point de pragmatisme qu’elle préfère renvoyer des candidats bouchers et souffrir de ce manque, plutôt que de chercher un compromis avantageux pour tout le monde ?



Claude Charbonnier

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