lundi 8 avril 2013

La démocratie est-elle un risque acceptable pour le nucléaire ?

5800 milliards d'euros en 2007 réduits à 430 en 2013, tels étaient les coûts estimés par l'IRSN d'un accident nucléaire majeur en France.
Cette stupéfiante diminution pourrait prêter à rire. Au contraire. Ceci nous incite à espérer que la catastrophe se produise un septénnat plus tard.
En 2020, en suivant la même décroissance, le coût ne serait plus que de 40 milliards. ENTRE 2007 et 2020 nous aurions réalisé une économie de 5760 milliards d'euros, 6 fois ce que coûte à l'Etat ces paradis fiscaux qui étaient dans la ligne de mire d'un exministre du budget.
Louons les efforts faits par l'IRSN pour repousser le plus loin possible dans le temps un événement dont la note s'allège au fil des années. 40 milliards en 2020. Combien donc en 2050 pour un Fukushima à Fessenheim, dont le coût serait d'ailleurs partagé avec l'Allemagne, plus ou moins équitablement selon
la provenance du vent : Sibérie ou Atlantique.
L'éloquent ministre qui redresse notre industrie, en réinjectant quelques pincées de millions dans l'atome pacifique, nous l'a bien dit : le nucléaire est une filière d'avenir. En effet plus tard l'accident surviendra, mieux cela vaudra. Le risque devient de plus en plus acceptable.
Songeons à l'avantage décisif dont jouit l'industrie française, qui dispose d'une énergie quasi gratuite, par rapport à l'allemande.
Risque d'autant plus acceptable que grâce à Tchernobyl et Fukushima dont nous avons su tirer toutes les leçons, nous sommes prêts, dès aujourd'hui et mieux encore demain, à gérer une telle crise.

Questionnez les autorités. Les transports en commun – on ne peut imaginer des millions de véhicules individuels sur notre réseau routier – évacueront dans l'ordre Valence, Lyon, Strasbourg ou Paris.
Les hôpitaux ont des stocks de moelle osseuse bien étiquetés - il ne faut pas se tromper de receveur – pour effectuer à tour de bras des greffes sur des centaines de milliers de réservistes volontaires qui comme à Tchernobyl colmateront les fuites des réacteurs et piscines.

Utopie écolo : dans les grandes vallées et plaines contaminées par le césium la nature reprend ses droits sur la culture. La forêt revient. Les hardes de loups régulent les populations de sangliers. La terre d'Afrique, enfin mise en valeur par Monsanto et la finance mondiale, nous nourrit à bas prix. Nos paysans ne sont plus subventionnés pour exporter mais pour laisser reposer leurs sols exténués, leurs machines, leurs bras.

Vous avez dit « risque acceptable ». Mais quand vous a-t-on demandé de l'accepter ? N'est-ce pas en réalité de risque non refusable qu'il faut parler ? Question impertinente, parmi bien d'autres, à poser lors du débat sur la transition énergétique, pilotée par Anne Lauvergeon.

La démocratie est-elle un risque acceptable pour le nucléaire ?

Michel Moreau

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