lundi 15 février 2010

LGV et retour social sur investissements

Le 25 janvier nous annonce que le chômage va régresser. L'opinion doute. L'idée s'est bien installée dans les esprits que le pouvoir peut peu face à la diminution des emplois. Et pourtant l'Etat est loin d'être impuissant. Encore ne faut-il pas qu'il soit soumis aux intérêts privés qui pèsent sur l'orientation des investissements.

Ceci est vrai aussi au niveau des collectivités locales. Il paraît stupéfiant que les critères premiers du choix des investissements ne soient pas ceux de la quantité, de la qualité, et de la répartition géographique des emplois générés. Mais aussi de leur impact environnemental, et de l'effet sur les conditions de vie, l'habitat notamment, de la majorité dont l'amélioration devrait être une priorité.
Si ces critères, de bon sens, et de gauche semble-t-il, sont retenus, une évidence s'impose : de grands travaux, comme la branche est de la LGV déjà réalisée et la LGV sud refusée par un nombre croissant de citoyens, sont l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire avec l'argent public.

La charge peut paraître sévère. Eh bien comparons l'utilité sociale, écologique et économique de ce qui a été fait et pourrait encore être. Si l'on persiste, ou au contraire si les 6 ou 7 milliards étaient utilisés pour un autre développement.

Par exemple :
- 45000 logements HLM (à peu près le parc franc-comtois) réhabilités thermiquement. Coût : 450 millions d'€. Economies d'énergie : 60%, soit 90.000 TEP. Réduction de GES : 270.000 t/an.
- 30.000 de ces logements équipés de chauffe-eau solaires fournissant 60% de l'eau chaude, coût : 30 millions d'€.
- 100.000 m2 de photopiles (production de 30 millions de Kw/h par an), coût: 500 millions d'€.

Voilà ce que près d'un milliard d'euros, moins du tiers du coût de la LGV-est et de ses gares « vertes », et HQE, aurait permis de réaliser dans l'habitat social.
Les deux autres tiers, investis dans l'éolien donneraient environ 1200 éoliennes de 2MW qui, fonctionnant à 25% de leur puissance nominale, auraient une production égale à celle d'un réacteur aujourd'hui.


La Franche-Comté serait sur la voie de l'autonomie énergétique.

D'un coté donc, 150 à 200.000 franc-comtois dont on aura amélioré le confort, diminué les charges, donc augmenté le pouvoir d'achat. De l'autre 30 minutes ou une heure de moins sur un trajet Lyon-Strasbourg dans des TGV qui pourraient s'avérer déficitaires.

D'un coté un bilan carbone très favorable, et donc une lutte efficace contre le réchauffement climatique. De l'autre un bilan carbone douteux : l'alléchante perspective de gagner une heure entre Lyon et strasbourg, entre Barcelone et Francfort persuadera-t-elle assez de voyageurs de délaisser airbus ou BMW pour compenser les émissions de carbone générées par la très grande vitesse, heureusement limitée le long de l'A39, la construction de la ligne et ses accessoires, ces gares qu'il faudra relier aux villes ? Ne parlons pas des dégats écologiques, de l'impact sur le potentiel de production alimentaire lié à la disparition de terres arables et de forêts qui ne fixeront plus de CO2.

Concernant l'emploi, nous avons d'un coté celui créé dans des centaines de PME bien réparties sur le territoire, spécialisées dans l'installation des isolants, capteurs, éoliennes. Et la demande, sur le long terme, engendrée par la satisfaction des besoins non limités à l'habitat collectif, stimulera la production de ces matériels dans une Franche-Comté qui n'est pas désindustrialisée : Alstom peut produire des alternateurs pour éoliennes. De l'autre coté nous aurons les 2000 salariés travaillant sur un grand chantier, 2 ou 3 ans durant, tous employés d'une grande société de BTP, Vinci ou Bouygues.
Le rapport entre l'emploi créé par la LGV et celui d'un programme de maîtrise de l'énergie et de promotion des énergies renouvelables peut être évalué de 1 à 30.

Si nos options nous sont dictées par les intérêts des groupes dominants, c'est la LGV qu'il nous faut, verdie bien entendu. Si nous recherchons l'intérêt général, nous opterons pour le projet qui offre le meilleur retour environnemental, social et économique sur investissement.
Et c'est le projet VERT qui s'impose. Là éclate l'évidence d'une démarcation nette entre politique de droite et politique de gauche.

Le socialisme peut-il renaître ? S'interroge-t-on.
Ex-socialiste, participant à la fondation des Verts, je disais : « ce mouvement est par nature biodégradable. Nos idées s'imposeront et notre disparition en tant que parti sera notre réussite, ou elles ne s'imposeront pas et l'humanité est mal partie.
Je disais cela il y a ¼ de siècle.
A la gauche et notamment aux socialistes qui affirment souvent : « l'écologie ne peut être de droite », je dis aujourd'hui : social et écologie sont consubstanciels. Peut-on se dire socialiste si on n'est pas en même temps écologiste ?

Michel Moreau

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