dimanche 12 septembre 2010

Retraites (suite ...)

Non, le report de l’âge légal de 60 à 62 n’est pas inévitable
(11 septembre 2010, Jean-Jacques Chavigné, democratie-socialisme.org)

[...] Pour le Conseil d’Orientation des Retraites, l’âge moyen de départ en retraite est égal à 61,5 ans et l’âge moyen de sortie définitive du marché du travail est de 58,5 ans.

60 % des salariés du secteur privé qui prennent leur retraite ne sont plus, en effet, au travail. Ils sont au chômage, en maladie ou en invalidité. Avec un report de 2 ans de l’âge légal de départ en retraite, c’est 10 % à 15 % de salariés supplémentaires qui se retrouveraient dans cette situation et partiraient donc avec une retraite minorée, contrairement à toutes les affirmations péremptoires de M. Sarkozy. En effet, les droits acquis pour la retraite sont loin d’être identiques selon que l’on est au travail, au chômage, en invalidité ou en maladie. De surcroît, le problème serait reporté sur les caisses d’assurance maladie ou d’assurance chômage. Quel serait l’intérêt de ce report ?

L’espérance de vie en bonne santé est de 63,1 ans pour les hommes et de 64,2 ans pour les femmes. Pour un ouvrier, l’espérance de vie (calculée à l’âge de 35 ans) est inférieure de 10 ans à celle d’un cadre. Comment, dans ces conditions, peut-on estimer que 2 ans de retraite en moins ne pourraient avoir qu’une importance très relative et n’être qu’un paramètre comme un autre ? [...]

Reporter de deux ans l’âge de départ en retraite, c’est soit allonger le temps durant lequel des salariés qui ne sont déjà plus au travail ne seront pas pour autant en retraite, soit laisser au travail des salariés âgés alors que des centaines de milliers de jeunes ne trouvent pas de travail. [...]

Sarkozy a d’emblée, refusé tout débat sur le montant des cotisations retraites. La contre-réforme qu’il veut nous imposer pèse à 90 % sur les seuls salariés et ne fait qu’égratigner les profits et la rente. [...]

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Les coulisses du débat sur les retraites (1)
(10 septembre 2010, olivierfaure.net)


[...] Comme dans tous les débats parlementaires, sous le feu des questions, la vérité apparaît par petites touches.
Le ministre finit par reconnaître que les mesures prises aujourd’hui ne sont pas commandées par des questions démographiques, celles-là ont été soldées avec le passage de 150 à 166 trimestres de cotisations entre 1982 et 2020.
La réforme d’aujourd’hui est justifiée par la crise argumente E. Woerth. « Et bien nous, nous n’acceptons pas que vous présentiez la facture de la crise financière à celles et ceux qui en sont les victimes et que dans le même temps vous préserviez celles et ceux qui s’en sont rendus complices ou responsables ! » assène Jean-Marc Ayrault.

[...] Enfin on aborde l’article 5, celui qui déplace l’âge légal de 60 à 62 ans. Derrière Pierre Alain Muet député du Rhône, les socialistes dénoncent cette mesure qui est simplement un nouvel impôt prélevé sur les Français. Pas n’importe lesquels. Pas pour les salariés qui, de toutes façons n’auraient pas atteint les 41,5 annuités à 60 ans, pas davantage pour ceux qui ont eu des carrières complètes et qui ne seront jamais contraints d’attendre 67 ans pour partir. « Non, votre nouvel impôt pèsera sur celles et ceux qui vont devoir sur-cotiser au delà des 41,5 annuités, ceux qui ont commencé tôt, ceux qui ont eu les carrières pénibles, ceux qui ont l’espérance de vie la plus faible » rappelle Jean-Marc Ayrault.

Jean Mallot, député PS de l’Allier, exhume le compte rendu d’un débat du 31 octobre 2008 lorsque la place de ministre du travail était occupée par Xavier Bertrand. A l’époque les députés UMP Tian et Bur voulaient relever l’âge légal à 63,5 ans. Et Jean Mallot de donner lecture de l’édifiante réponse de l’actuel secrétaire général de l’UMP : « Si on repousse l’âge légal de départ à la retraite mais qu’on ne change pas les comportements en matière d’emploi des seniors afin de faire coïncider l’âge réel et l’âge légal de départ à la retraite, alors, c’est mathématique, on diminuera le montant des pensions. Etes vous prêt à l’assumer ? »

18h, Coup de théâtre. Un amendement de deux députés UMP, dont la porte-parole de l’UMP sur les retraites madame Rosso-Debord, vient en discussion. Il a pour objet – je cite l’exposé des motifs – d’éviter aux « assurés nés entre le 1er juillet et le 31 décembre 2011 qui, chômeurs de longue durée » vont, du fait de la réforme, « se trouver sans ressources pendant une période de quatre mois, voire plus dans le cas où la fin de l’indemnisation chômage ne coïncide pas avec la retraite initialement prévue ». A la demande du gouvernement les auteurs retirent leur amendement. La gauche le reprend. Il doit donc être soumis au vote. L’UMP vote contre son propre amendement, madame Rosso-Debord y compris. Les pauvres n’ont qu’à se débrouiller !

19h c’est maintenant l’article 6 qui est en discussion, celui qui fixe la borne d’âge de la retraite sans décote à 67 ans. Cette évolution pèsera sur les français qui ont eu des carrières hachées, qui ont connu le chômage, sur les femmes particulièrement qui ont interrompu leur carrière pour élever leurs enfants, sur les épouses d’artisans, ou d’agriculteurs.
Pour ces salariés précaires, il faudra attendre 67 ans pour atteindre le taux plein. Et pour nombre d’entre eux, d’entre elles (un tiers des femmes), il faudra liquider ses droits avant cet âge et pour cela accepter de se voir verser une pension réduite.

Chantal Brunel, députée UMP, prend la parole. Pendant la semaine elle a travaillé avec les services de l’observatoire de la parité dont elle vient de récupérer la présidence. Peu habituée à exprimer une dissidence, elle s’émeut de sa propre audace quand elle reprend pour partie l’argumentation de la gauche. Elle finit son intervention dans un sanglot.

21H30 : Reprise des travaux. On apprend que l’UMP veut passer en force dans la nuit, profitant de la faible présence pour éviter le débat. [...]

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Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites : le blog

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La médecine du travail dans le collimateur du gouvernement
(10.09.10, lemonde.fr)

Au détour d'un amendement au projet de loi sur la réforme des retraites, le gouvernement veut profiter du débat parlementaire sur les pensions pour engager, sans négociation, une rénovation de la mission des médecins du travail, qui passerait désormais sous le contrôle des employeurs. [...]

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