dimanche 10 juillet 2011

Débat : la mondialisation (suite)

Arnaud Montebourg : « La démondialisation a commencé, il faut l’accélérer »
(recueilli par BERNARD GORCE, le 10 juillet 2011, la-croix.com)

Son essai sur la « démondialisation » - déjà vendu à 40 000 exemplaires - provoque des critiques à droite comme à gauche. Pour La Croix , le candidat à la primaire socialiste s’explique sur sa conception d’un protectionnisme économique.

« La démondialisation est née dans les pays émergents avec la perspective de reconstruire les marchés intérieurs grâce à de meilleurs salaires. C’est un projet internationaliste, gagnant-gagnant pour les pays émergents du Sud ainsi que pour les pays désindustrialisés du Nord. Instaurer une taxe carbone et une taxe sociale permettrait de rapprocher les productions des lieux de consommation et aussi de tirer vers le haut les pays émergents incités à augmenter les salaires. Chez nous, des entreprises comme Rossignol ou Atol ont déjà rapatrié des productions. La démondialisation a commencé, c’est le moment de l’accélérer.
 
[...] La force de l’Union, c’est de compter un demi milliard d’habitants. Cela lui permettrait de peser sur le cours du monde si elle voulait bien s’organiser. Alors que le Front national veut sortir de l’Europe, je propose de nous unir face au reste du monde, de revenir aux sources du traité de Rome qui établissait une union douanière.

Nous avons abandonné ce protectionnisme quand toutes les autres nations mercantiles (États-Unis, Chine, Inde), utilisent en permanence la manipulation de leur monnaie, le contrôle des changes et des investissements. Par notre naïveté, nous nous sommes mis stupidement en situation d’infériorité structurelle. Je veux simplement rétablir la réciprocité. [...]

La taxe sur les transactions financières contribuerait au remboursement de la dette des pays européens. Les droits de douane alimenteraient le programme mondial de conversion aux nouvelles énergies, le fonds de Kyoto.

[...] On ne peut plus accepter que les banques et la spéculation sur les marchés fassent danser les États. [...] La mise sous tutelle peut se faire par l’installation de représentants de l’État dans les conseils d’administration, la prohibition de toute activité spéculative avec l’argent des dépôts, le rapatriement des avoirs placés dans les paradis fiscaux, l’obligation d’investir sur le territoire national.

[...] Les négociations de l’OMC sont un échec. Plus aucun État ne veut discuter dans ce cadre d’une diminution des barrières douanières. Pascal Lamy, enfermé dans ses bureaux, n’a aucune conscience des dégâts qu’a causés l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001 sans aucune contrepartie démocratique, sociale ou environnementale. Il devra un jour s’expliquer sur le bilan désastreux de l’OMC. 

Cette idéologie libérale qui nous a détruits est devenue minoritaire. Le PS vient de signer avec le SPD allemand une déclaration pour une prise en compte des normes sociales et environnementales dans nos échanges avec les pays extra-européens. Valéry Giscard d’Estaing lui-même défend des mesures de démondialisation financière. La montée du thème parmi les économistes est aujourd’hui massive. Je vous renvoie par exemple au jésuite Gaël Giraud qui vient de publier dans la revue Projet un plaidoyer pour un protectionnisme européen. »

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