jeudi 20 mai 2010

CHRONIQUE DE LA VIOLENCE ORDINAIRE

Tentative d’expulsion à Dole

J’ai été prévenu hier par Madame Sciquot-Bérodier que M. Mohamed Hameida était sous le coup d’une mesure d'expulsion. Je connais bien cet homme qui travaille dans le restaurant « le Rio » à Dole où je me fournis régulièrement en couscous. Agréable, sympathique, parlant parfaitement français, M. Hameida est sur le territoire national depuis plus de 20 ans et cela sans problème. Je me suis donc renseigné auprès de personnes qui le connaissent bien pour savoir s’il avait eu récemment un différend avec la justice. Il n'en a pas eu !

Michel Giniès, conseiller général, et Catherine Creuze, conseillère municipale de Dole, étaient en train de s'occuper de son dossier pour que sa situation soit régularisée. Cela se présentait plutôt bien.

Je me suis donc rendu au commissariat de police, devant lequel des amis et des élus s’étaient rassemblés pour témoigner leur sympathie. M. Péchard, chef de la circonscription de Dole, a reçu une délégation à laquelle je me suis joint et qui comprenait aussi : Michel Giniès, M. Abdéli, conseiller municipal et employeur de M. Hameida, Catherine Creuze, conseillère municipale, et un membre de la famille de M. Hameida. Après de nombreux coups de téléphone et interventions auprès de la Préfecture, M. Péchard a donné l’ordre de libérer M. Hameida en fin d’après midi.

Je n’ai pas à juger le chef de la Circonscription de Dole, le Commandant Péchard, ni la Police Nationale qui applique la loi et qui auraient pu, dès le matin transférer M. Hameida dans un centre de rétention parisien. En revanche, je trouve ces méthodes d’une grande violence et totalement inhumaines. Il n’est pas normal d’interpeller ainsi une personne et de la garder une journée entière dans les locaux de la police pour la libérer par la suite en invoquant un dossier pas totalement bouclé (ou égaré) ; « on n'a pas reçu le dossier » nous a-t-on dit.

Face à un homme en passe d'être régularisé, vivant et travaillant sur le territoire national depuis des années, seule une stupide politique du chiffre, mise en place par le gouvernement, peut expliquer ce type de méthodes. Je m’insurge contre ces procédés violents, inhumains, inutiles, injustes qui ne nous font pas honneur.

Il a quelques années, venant en aide à des personnes en difficulté, M. Rouyer, Préfet du Jura, m’avait menacé publiquement de porter plainte contre moi parce que j’avais utilisé le terme de « rafle ». Aujourd’hui, nous avons une banalisation de ces méthodes face à des personnes souvent admiratives de notre pays, dans la souffrance, et qui font toutes les démarches pour obtenir une régularisation de leur situation.

La France mérite vraiment mieux que cela !!

Patrick Viverge

1)
Article du Progrès, publié le 20.05.2010

2)
Le blog de Sandrine Mazetier, secrétaire nationale du Parti socialiste à l'immigration

3)
Cette France-là est une association créée en décembre 2007 qui se propose de documenter le traitement réservé aux étrangers qui, selon les autorités françaises, auraient vocation à être « éloignés » : tout au long du ou des mandats présidentiels de Nicolas Sarkozy, il s’agira donc de publier les « annales » de cette politique, soit de l’illustrer, à raison d’un volume par an, en relatant l’histoire d’hommes et de femmes qui la subissent, en décrivant les pratiques de ses exécutants, en relevant les résistances qu’elle rencontre et en examinant les arguments dont elle se réclame.

A l'occasion de la parution du volume 2, une rencontre avec Michaël Neuman, l'un des auteurs
de Cette France-Là, est prévue le vendredi 28 mai 2010 au Centre Social Horizon des Mesnils Pasteur à Dole à partir de 18h30.

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